Bruno Aka (responsable systèmes de paiement à la BAD): Les fintechs, le « maillon manquant » pour réussir l’inclusion financière
Le rideau est tombé sur la 2ème édition du Forum africain de la presse économique (FAPEF). Le chargé principal des systèmes de paiement et d’inclusion financière digitale à la BAD, Bruno Aka s’est confié. Il a notamment évoqué la question de l’inclusion financière en Afrique. Une politique dont la venue des fintechs constitue, la solution, selon l’expert.
Quelles sont les actions menées par la Banque africaine de développement (BAD) afin que l’inclusion financière soit une réalité sur le continent ?
Pour répondre à cette question, il est bon, d’abord, de situer l’origine de l’exclusion financière. D’une façon générale, il faut noter que l’exclusion financière, au regard des données, au niveau mondial, c’est parce que, certaine population ne se reconnaisse pas aux systèmes bancaires classiques existant. Soit, en raison des coûts élevés des services qui sont proposés ; soit, en raison de la non proximité de ces services ou de la non confiance qu’on pourrait accorder à ces services financiers ou encore, de la documentation excessive demandée aux usagers.
Dès lors, que faire ?
Et donc, pour moi, il est important, tenant compte de ces aspects, de mener une action stratégique, dans la perspective de non seulement d’encourager ces populations à avoir confiance en ces services financiers, par le biais d’une campagne de sensibilisation, d’éducation financière ; et aussi par la protection des consommateurs. Parce qu’ils ne se sentent pas souvent protégés ; ils n’ont pas confiance. C’est pourquoi, en plus des actions de type, développement d’infrastructures financières, la construction de systèmes financiers, fiables, solides, à travers les systèmes de paiement que nous concevons, au niveau du continent, à travers également des projets ponctuels que nous faisons pour alors, embarquer, telle ou telle autre catégorie de la population, ou encore, à travers d’autres initiatives de type, stimuler les gouvernements à jouer un rôle de premier rang, nous mettons en avance, l’idée d’une approche écosystème, en engageant tous les acteurs.
Parlant d’acteurs, en dehors des institutions financiers, des établissements bancaires et des gouvernements, quels sont les autres acteurs qui doivent être engagés dans ce processus et quel rôle devrait être dévolu à chacun d’entre eux ?
Lorsqu’on parle d’inclusion financière, les acteurs sont multiformes. Le premier acteur par excellence, c’est le consommateur. Celui qu’on va dresser ses besoins. Le deuxième, bien sûr, ce sont les fournisseurs de services financiers : banques classiques, micro finances et autres. L’autre acteur, c’est le gouvernement qui a un rôle d’actions de communication à l’endroit des citoyens. Il aussi un autre acteur que souvent, on cite moins. Ce sont les Banques centrales. Les Banques centrales sont par essence, des acteurs fondamentaux. Parce que, leur rôle a été mis en avant, depuis ces derniers temps avec l’arrivée des nouvelles technologies, les fintechs. Les fintechs proposant l’accès aux services financiers à moindre coût aux populations. Malheureusement, ces fintechs ne trouvent pas un cadre formel dans lequel il faut exercer. Tout le monde est unanime pour dire que les fintechs constituent quelque part, la solution, le maillon manquant pour inclure ces populations, vastes, soient-elles, qui a un impact sur les systèmes financiers, en raison de leur flexibilité, de leur adaptabilité par rapport aux situations. Et donc, il faudrait que les Banques centrales jouent pleinement leur rôle pour pouvoir alors insérer au mieux, les fintechs dans l’écosystème.
Entretien réalisé par Mathias Kouamé