Athlétisme – Interview Jeannot Kouadio (Président FIA) : «Nous allons faire vibrer les Ivoiriens en 2025»
Lemandatexpress – Plus que quelques jours et l’année 2024 lâchera son ultime souffle. Le moment est donc propice pour faire les projections sur 2025. C’est à cet exercice que s’est prêté bien volontiers Jeannot Kouamé Kouadio, le président de la Fédération Ivoirienne d’Athlétisme (FIA). Dans cette interview exclusive, le premier responsable de la première discipline olympique évoque les grands défis et les chantiers de 2025 ainsi que la préparation des athlètes ivoiriens sans manquer de se prononcer sur quelques actualités.
Quels sont les grands défis de la Fédération Ivoirienne d’Athlétisme ?
Nous avons d’abord trois championnats du monde en 2025. Les premiers, ce sont les championnats du monde en salle, en mars. Le deuxième, ce sera en Chine. Il s’agit des mondiaux de relais prévus également en Chine, à Guangzhou, les 12 et 13 mai 2025. Et le troisième, ce sont les 20e mondiaux qui se tiendront en septembre au Japon. Là, on va miser un peu sur le relais et le championnat du monde du Japon.
Pourquoi cette stratégie ?
Cela tout simplement parce que la saison est longue. Si en mars vous êtes performants, ça va vous handicaper en septembre. Nous allons donc essayer de mettre un peu plus de pression sur le championnat du monde du relais. Les dames sont déjà qualifiées. Les hommes ne le sont pas encore. Ils vont donc se battre pour chercher à se qualifier.
Ont-ils de réelles chances ?
Ils sont déjà bien positionnés dans le ranking mondial. En mars, ils vont commencer à faire des compétitions de relais pour pouvoir avoir les minimas et être aux mondiaux de relais.
Avec le plus de qualifiés aux Jeux olympiques de Paris 2024, l’athlétisme était très attendu. Malheureusement, vous revenez sur une mauvaise note. Que prévoyez-vous sur ces compétitions pour redorer votre blason et retrouver votre place dans le cœur des Ivoiriens ?
La solution est toute simple. C’est de gagner des médailles d’or aux différents championnats mondiaux prévus en 2025. Il nous faut décrocher des médailles d’or et faire vibrer à l’unisson les Ivoiriens. Cela se fera car nous savons que les Ivoiriens aiment l’athlétisme. Tous les athlètes en ont pleine conscience. 2025 sera une grande année. Nous préparions 2025 pendant que nous étions aux Jeux olympiques de Paris 2024.
Que faisiez-vous concrètement ?
Nous étions en négociation en coulisses pour pouvoir positionner certains jeunes athlètes. Notre objectif était qu’ils quittent les universités pour intégrer des structures de très haut niveau en vue d’une préparation efficiente et qualitative. Je vais citer Traoré Cheickna, qui sera entraîné par l’entraîneur de Brandon Rizzo. Je vais également évoquer Koné Abdul Razack Ismaël. La Fédération vient, grâce à l’aide de Marie-Josée Ta Lou, d’obtenir un contrat pour lui. Il sera entraîné par John Smith, l’entraîneur de Marie-Josée Ta Lou. Il va donc quitter sa base pour être en Californie cette saison. L’objectif, ce sont les Jeux olympiques de Los Angeles, mais on passera par les championnats du monde en septembre. On appréciera tous les résultats de ce travail avec cet athlète très talentueux. Il avait déjà montré de belles choses au Cameroun en courant en 10 s. Malheureusement, il a eu des soucis avec la piste.
Comment les athlètes se préparent-ils actuellement ?
Actuellement, nous sommes à la reprise. C’est la préparation physique générale. Maboudou est en Italie, elle a repris l’entraînement il y a 3 semaines. Jessica Gbaï, quant à elle, se porte bien, elle a repris les entraînements. Ta Lou a repris aussi les entraînements. Il en est de même pour Traoré Cheickna et le reste du contingent à l’extérieur.
Qu’en est-il de ceux qui sont en Côte d’Ivoire ?
Nous avons repris pratiquement il y a un mois de cela. Les choses se passent très bien. C’est à partir, comme je l’ai dit, de mars qu’on va commencer à entendre parler de nos athlètes. Sinon, ça va.
Ta Lou a annoncé ce lundi qu’elle revenait dans la course et vise Los Angeles 2028. C’est forcément une joie ?
Il faut dire que le potentiel et les qualités de Marie-Josée Ta Lou pour le haut niveau ne souffrent d’aucune contestation. On est tous témoins des performances qu’elle enchaîne chaque année en dépit de son âge. En ma qualité de technicien, je suis pour la performance. Et si son corps lui permet de repousser ses limites, on ne peut que se réjouir de la voir présente et tirer ses sœurs vers le haut.
Lors de la dernière Assemblée générale ordinaire, la Direction Technique Nationale (DTN) a dévoilé une liste d’athlètes en attente. Les verra-t-on cette saison ?
Absolument. Cette saison, il y a certains athlètes qui vont démarrer avec nous. Ils viendront étoffer l’équipe nationale. Les Ivoiriens les découvriront comme ce fut le cas pour Jessica Gbaï, Traoré Cheickna, Koné Ismaël. On en a au sprint court, au saut en longueur, les haies. Au 4×400 hommes, nous avons une équipe qui est moyenne au niveau africain. Nous attendons que cette équipe bonifie un peu encore pour pouvoir avoir le relais 4×400, sans oublier les épreuves individuelles au niveau des 400 haies. Traoré Cheickna est également un spécialiste du 400. Il courait en 46 s, mais il a fait une pause sur cette épreuve depuis plusieurs années. S’il continuait, il serait à 45 secondes. S’il courait en 45 s, voire 44, ça pourrait davantage l’aider au niveau des 200 mètres. C’est ce que Letsile Tobogo, le Botswanais, a fait. Il était pratiquement l’un des meilleurs sur les 400 mètres au monde. Et aux 200 mètres, on a vu ce que cela a donné aux Jeux Olympiques.
Vous étiez le chef de mission des Jeux Olympiques de Paris 2024. Jeudi dernier, il y a eu un atelier bilan des JO Paris 2024 organisé par le ministère des Sports et du Cadre de vie. Quelle conclusion peut-on tirer de cet atelier ?
Il faut dire qu’en faisant cet atelier, c’était pour lancer les préparatifs des Jeux Olympiques de Los Angeles 2028, en passant par les Jeux Olympiques de la jeunesse de Dakar 2026. Nous étions tous heureux parce que nous avons eu l’habitude d’attendre à deux ans pour préparer et faire le bilan de l’édition précédente. Cette fois-ci, nous avons commencé un peu plus tôt. Je pense bien que le ministère, avec le CNO-CIV, main dans la main, vont faire de bons jeux au niveau de Dakar 2026, parce que l’objectif c’est d’avoir beaucoup de qualifiés et chercher à monter sur le podium. Et aux Jeux Olympiques de Los Angeles également, c’est de passer la barre des deux médailles parce que la première fois, en 2016, la Côte d’Ivoire est revenue avec deux médailles. Notre meilleure performance, c’est deux médailles et après une médaille sur deux éditions. Nous voulons passer la barre des deux médailles comme dans d’autres pays. Ce fut un très bon atelier. Nous profitons encore pour dire merci au ministère en charge des Sports ainsi qu’au CNO-CIV qui ont initié cet atelier.
2024 s’achève merveilleusement pour vous et l’athlétisme ivoirien avec cette distinction de Commandeur du Mérite Sportif. N’est-ce pas ?
Oui, effectivement ! Je suis heureux et très honoré de me voir élevé au grade de Commandeur dans l’ordre du Mérite Sportif. C’est un immense honneur pour moi et l’athlétisme ivoirien. Cette distinction de l’État de Côte d’Ivoire à travers le ministère des Sports et du Cadre de vie nous réjouit énormément. Je voudrais en mon nom et au nom de toute la famille de l’athlétisme ivoirien témoigner mon infinie gratitude au Chef de l’État. Mes pensées vont également à l’endroit de tous les athlètes ivoiriens.
Abran Saliho avec FIA