Editorial
Se réinventer ou disparaître
La presse ivoirienne est à la croisée des chemins. Les entreprises de presse, depuis quelques années, ne savent vraiment plus à quel saint se vouer. La chute libre des ventes, la faillite du système de distribution, l’inexistence des recettes générées, l’incapacité des entreprises de presse à assumer les charges sociales font que c’est un euphémisme de dire que le secteur est sinistré.
Depuis plusieurs années, la presse écrite, dans son ensemble, vit une crise unanimement observée. L’arrivée d’Internet en force au début des années 2000 est observée avec crainte par certains, mais vue comme une chance par des professionnels. Le temps a fini par les départager. Samba Koné, président de l’Autorité nationale de la presse (Anp), lors d’une récente sortie, sans fard, a dépeint la situation.
« Depuis 2011, la presse ivoirienne connaît une baisse de 70% de son chiffre d’affaires. Ainsi donc, de 9 milliards Fcfa en 2011, les chiffres se situent autour de 2 milliards Fcfa, en 2021 », dit-il.
Des statistiques qui témoignent de la descente aux abysses de la presse ivoirienne. La rendant à la fois vulnérable, peu crédible et très dépendante de ceux qui détiennent les cordons de la bourse. A preuve, le Groupement des Éditeurs de presse de Côte d’Ivoire (Gepci), faîtière des patrons de presse que dirige notre confrère Lassane Zohoré, est monté récemment au créneau. Partant du principe constitutionnel et irréfragable que l’État a le devoir de garantir l’information aux populations, le Gepci a crié au secours, directement à l’endroit du gouvernement. Des promesses ont été faites et des engagements pris. Cependant force est de reconnaître que dans un monde qui se ‘’numérise’’ et ‘’miniaturise’’, à toute berzingue, il importe et urge de se réinventer pour être à l’abri de toute surprise désagréable. Et cela passe nécessairement par un basculement au numérique. L’organe incubateur de technologies et d’entité Ntic au Togo ne semble pas si bien dire, quand il affirme que ” le numérique est notre avenir. Que ce soit dans le domaine de l’économie, de l’emploi ou de l’éducation, le numérique est un facteur indispensable à l’évolution, au progrès et à la pérennité de notre société “.En clair, il nous faut adopter des comportements nouveaux dans la société nouvelle qui s’impose à nous où le numérique est roi. ‘’Le Mandat’’, acteur et témoin de son temps, ne veut pas rester en marge de cette dynamique et de ce changement de paradigmes.
Sous la férule et la conduite éclairée de son Directeur Général, elle opère sa transition et transformation numériques à travers le site www.lemandatexpress.net. Ce support qui part à la conquête du monde, donc des lecteurs d’ici et d’ailleurs, se veut la plus professionnelle possible. ‘’Le Mandat’’ veut s’adapter aux habitudes et nouveaux styles des consommateurs de l’information. A savoir, proposer une information accessible en un clic. De grands journaux comme ‘’Le Monde’’, depuis 2018, ‘’Le Parisien’’ et ‘’Jeune Afrique’’ s’y sont mis, et grâce aux abonnements, ces supports qui ont frôlé la mort par strangulation sont irrigués à présent par de vraies bouffées d’oxygène. Et c’est tout ce que nous souhaitons à la rédaction en ligne de ‘’Le Mandat’’.
Puisse cette tendance, qui s’inscrit dans une perspective socioéconomique, faire davantage d’émules et concourir au renouveau de la presse ivoirienne. Comme ce fut le cas à une période où l’on parlait du printemps de la presse ivoirienne. Même si beaucoup reste à redire à cet effet.
Vincent Boty