Mutations-sanctions au Lycée d’excellence de Grand-Bassam : Le député Assalé Tiémoko dénonce une injustice
Lemandatexpress – Les tensions montent au Lycée d’Excellence Alassane Ouattara de Grand-Bassam, où une crise managériale et sociale prend des proportions préoccupantes. Depuis l’ouverture de l’établissement en 2019, l’école s’est illustrée par son exigence académique, mais cette rigueur semble désormais s’accompagner d’une gestion autoritaire, pointée du doigt par les enseignants et plusieurs observateurs.
Sous la direction de Mme Diabaté Chérif Fatoumata, proviseure du lycée, les enseignants dénoncent des conditions de travail éprouvantes. Parmi les reproches : une multiplication excessive des devoirs et examens blancs, souvent non pris en compte dans les notes finales, et des pressions constantes exercées sur le personnel. Face à cette situation, 55 enseignants sur 64 ont adressé un courrier le 5 novembre 2024, demandant la suspension de leur participation au partiel du mois, épuisés par la charge de travail.
Cependant, la réponse de Mme Diabaté n’a pas apaisé les tensions. Accusée de mépris et de menaces, elle a maintenu l’organisation des évaluations, malgré les protestations. La situation s’est envenimée avec l’arrivée, le 18 novembre, de M. Ouattara Drissa, Directeur des Ressources Humaines (DRH) du ministère de l’Éducation nationale, qui a, selon les enseignants, renforcé les menaces de sanctions.
Des mutations perçues comme des sanctions
Le 22 novembre 2024, quatre enseignants ayant pris part à la suspension des évaluations ont reçu des décisions de mutation. Ils ont été affectés à des localités éloignées comme Yélé (Boundiali), Gueyo, Touba et Séguélon. Ces mutations, survenues en pleine année scolaire, sont perçues par beaucoup comme des mesures punitives destinées à museler les revendications.
Des interrogations persistent sur les motifs réels de ces mutations, notamment leur impact humain et pédagogique. « Pourquoi ces sanctions en pleine année scolaire ? Pourquoi toujours muter vers le Nord ? » s’indignent des observateurs.
Assalé Tiémoko réagit
Face à cette situation, le député Assalé Tiémoko a dénoncé ces pratiques dans une déclaration publique. Selon lui, ces mutations rappellent « des pratiques d’intimidation et de terreur administratives d’une autre époque ». Il s’interroge également sur le choix systématique du Nord comme destination pour les mutations-sanctions, regrettant l’image négative ainsi véhiculée sur cette région.
« Quels rendement et motivation attend-on d’enseignants mutés dans de telles conditions ? Ces pratiques sont la preuve d’un refus de dialogue social », a déclaré le parlementaire, appelant à un sursaut de responsabilité de la part des autorités compétentes.
Alors que les enseignants demandent un retour au dialogue et une meilleure prise en compte de leurs préoccupations, l’affaire dépasse désormais le cadre de l’établissement. Elle soulève des questions plus larges sur la gestion des conflits sociaux dans le secteur éducatif et les limites de l’autorité administrative.
Les regards sont désormais tournés vers les autorités ministérielles et étatiques, appelées à intervenir pour apaiser les tensions et éviter que cette situation ne s’enlise davantage.
Abran S.