Présidentielle 2025- Zanga Coulibaly (Président, CONASU):« La candidature de Laurent Gbagbo n’est pas plus importante que la stabilité du pays »
Lemandatexpress – Créée en 2022, suite à l’arrestation des 49 soldats ivoiriens au Mali, la Coalition nationale pour le sursaut (CONASU) compte désormais parmi les mouvements citoyens les plus actifs. Dans cet entretien, son président, Zanga Coulibaly, dresse le bilan des activités depuis la rentrée annuelle de mai 2024 et passe au crible des sujets de l’actualité sociopolitique, dont le processus électoral.
En mai dernier la CONASU faisait sa rentrée annuelle autour du thème : quelle contribution au maintien de la cohésion sociale et d’une stabilité politique nationale durable ? Cinq mois après, quel bilan faites-vous de vos actions ?
Les activités de la CONASU se sont concentrées sur le renforcement de la cohésion sociale à travers des actions de terrain dans différentes régions, notamment dans la région du Goh, où nous avons œuvré dans le Guébié. Toutes ces actions ont également inclus la promotion de l’excellence. Pour la CONASU, l’excellence doit être une norme citoyenne. La Côte d’Ivoire, qui aspire à être un modèle de développement, l’a démontré en organisant la meilleure Coupe d’Afrique des Nations de football jamais vue.
La CONASU s’est aussi prononcée sur plusieurs sujets d’actualité…
Effectivement, la CONASU, en tant que mouvement citoyen, se prononce également sur les sujets d’actualité politique, tant au niveau national qu’international. Lorsque le président Alassane Ouattara et la Côte d’Ivoire ont été accusés de déstabiliser le Burkina Faso, la CONASU a pris position.
Nous prônons la souveraineté nationale et, quand un cadre du PPA-CI, comme Justin Katinan Koné, soutient cette junte malgré les accusations portées contre son pays, nous jugeons cela imprudent. Il était nécessaire de le rappeler à l’ordre et de souligner l’importance de la solidarité républicaine dans de telles circonstances. Nous avons également interpellé le général malien qui avait porté de graves accusations contre le président Ouattara.
Les liens entre la Côte d’Ivoire et les pays voisins sont anciens et solides. Il est essentiel que les dirigeants du Burkina et du Mali privilégient ces relations de bon voisinage. Cela dit, la CONASU continue ses activités. Les prochaines étapes incluent l’installation de nos coordonnateurs régionaux à travers toute la Côte d’Ivoire.
Nous serons dans le Goh à la fin de ce mois, plus précisément le 26 octobre, pour installer le coordonnateur régional de la CONASU. Nous poursuivrons ensuite dans le Gontougo, le Haut-Sassandra, le Béré, le Hambol, et ainsi de suite.
Manifestement, vous êtes sur plusieurs fronts. Qu’est-ce qui justifie cette pluralité d’actions ?
La CONASU n’agit pas au hasard ; elle s’appuie sur une matrice d’action définie le 16 mai dernier. Le terrain est vaste et le sujet de la cohésion sociale en Côte d’Ivoire est sensible. Il est donc normal que la CONASU soit présente sur tous les fronts. En pareille situation, aucun aspect ne doit être négligé si nous voulons atteindre notre objectif, à savoir apaiser le climat sociopolitique. De plus, à l’approche des élections présidentielles, notre mission est de faire de cet exercice un simple jeu démocratique. En 2023, les élections municipales et régionales se sont bien déroulées. Certains parlaient de demi-finales, mais tout s’est passé sans problème, car les électeurs ont choisi librement les candidats en qui ils avaient confiance.
En Côte d’Ivoire, les élections obéissent à des règles bien connues. Les partis politiques sont représentés à la Commission Électorale Indépendante (CEI) à tous les niveaux, de la Commission centrale aux bureaux de vote. Le cadre institutionnel et juridique est déjà en place, et les recours sont possibles de manière civilisée. Il est inutile de manipuler le peuple. L’intérêt de la nation doit primer. Une Côte d’Ivoire en paix nous permet de vaquer à nos occupations en toute tranquillité.
Après plusieurs mois d’attente, l’opération de révision de la liste électorale aura lieu enfin du 19 octobre au 12 novembre 2024. La CONASU a-t-elle un plan d’action pour accompagner le processus ?
La révision de la liste électorale ne doit pas être un sujet tabou. En tant que citoyen, j’ai le droit de voter et de choisir le dirigeant de mon pays. Nous sensibilisons les Ivoiriens à l’importance de s’inscrire massivement sur la liste électorale. Ne pas être électeur signifie ne pas contribuer au choix du président de la République, celui en qui nous avons confiance.
Nous demandons donc aux Ivoiriens d’exercer leur droit de vote en toute liberté, car c’est un devoir citoyen.
En quoi consistera concrètement votre action sur le terrain ?
Nous ne jouerons pas le rôle des partis politiques, mais nous nous adresserons directement à nos populations. Nous les exhorterons à saisir l’opportunité de s’inscrire sur la liste électorale pour devenir électeurs.
Nos coordonnateurs, qu’ils soient déjà installés ou non, auront pour mission de sensibiliser nos concitoyens à l’inscription électorale en collaboration avec les autorités administratives. Nous nous rendrons sur les lieux de vote pour vérifier l’engagement des populations dans cette opération.
Concernant la CEI, vous disiez que les partis d’opposition y sont représentés. Comment expliquez-vous les polémiques sur la crédibilité de cette institution ? Est-ce de la mauvaise foi, comme le dit souvent le président Coulibaly-Kuibiert ?
Je ne parlerais pas de mauvaise foi, mais plutôt d’un manque de confiance en soi. La Côte d’Ivoire n’en est pas à sa première élection
Nous avons tous participé aux élections de 2010, 2015, et 2021. Chacun a eu l’occasion de se mesurer sur le terrain. Lors des élections locales de 2023, nous avons vu la force de chaque parti. Plutôt que de rester dans la démagogie, il faut adopter une approche scientifique.
La CEI ne vote pas, ce sont les électeurs qui votent. Le système est conçu de manière à ce que chaque parti ait un représentant en qui il a confiance. De plus, si un parti estime avoir été lésé dans une circonscription, il existe des voies de recours bien connues.
La Côte d’Ivoire dispose d’institutions solides. Par exemple, lors des dernières élections, des localités comme Tiassalé, Port-Bouët et même Cocody ont vu la victoire de l’opposition sans que cela ne pose problème. Cela montre le respect et la confiance dans nos institutions.
Je demande à nos partis d’opposition d’adopter une approche plus scientifique. La chasse aux électeurs ne commence pas le 19 octobre ; tout se prépare en amont. Certains partis, comme le PDCI et le RDR, ont déjà commencé un pré-enrôlement pour connaître le nombre d’électeurs potentiels. L’élection présidentielle est trop sérieuse pour se limiter au populisme ; il faut aller en profondeur et proposer des projets et des programmes aux électeurs.
Aujourd’hui, des personnalités comme Laurent Gbagbo ne sont pas inscrites sur la liste électorale. N’est-ce pas un facteur de tension sur le chemin de cette élection ?
Pour ces personnes non réinscrites sur la liste électorale, comme Laurent Gbagbo, il s’agit de questions juridiques.
La Côte d’Ivoire dispose d’institutions pour régler ce type de problème. Il y a le dialogue politique, le chef de l’État et des rencontres de haut niveau. Nous pensons que ces cadres sont appropriés pour trouver des solutions. Il est important de privilégier la stabilité du pays avant toute chose. La candidature de Laurent Gbagbo n’est plus importante que la Stabilité du pays..Un parti politique bien organisé peut toujours gagner, quel que soit le candidat présenté.
Dans une de ses déclarations, la CONASU appelait à soutenir la candidature du président Alassane Ouattara pour la présidentielle de 2024. Pourquoi une telle position ?
Cela faisait suite à l’organisation de la CAN 2023, un événement qui a rassemblé toute la Côte d’Ivoire autour de la nation, du chef de l’État et de notre équipe nationale.
Beaucoup étaient satisfaits du travail du président Alassane Ouattara et voyaient en lui un grand bâtisseur pour le pays. Certains allaient même jusqu’à dire qu’il pourrait rester président à vie. C’est un soutien citoyen qui reconnaît les efforts du président en faveur de la Côte d’Ivoire et sa vision pour la République.
L’assassinat de l’étudiant Agui Mars Aubin fait la une de l’actualité. Que pensez-vous des mesures prises en réponse à cet événement ?
La Côte d’Ivoire est un État de droit. Les institutions judiciaires doivent mener les enquêtes pour établir les responsabilités. La CONASU prône le respect des institutions.
L’université est un lieu d’apprentissage, et la liberté d’association permet de revendiquer de meilleures conditions pour nos étudiants. Assassiner un étudiant sur un campus n’est pas un acte à encourager. La suspension des activités syndicales est une mesure conservatoire pour réexaminer le cadre dans lequel ces associations opèrent. On ne va pas laisser prospérer ce genre de situation. Il ne faut pas qu’il y ait d’éléments perturbateurs. On voit des gens qui veulent faire de la récupération politicienne. Il ne faut pas mettre les charrues avant les bœufs. L’arrêté est clair. Ceux qui pensent qu’on doit dissoudre la FESCI ont leur raison. Ce sont les agissements récurrents qui amènent les gens à adopter cette position.
Mais la responsabilité de l’État, c’est de décider juste. Je pense qu’il va falloir se plier à la décision du gouvernement, qui est de garantir qui est de garantir à l’école ivoirienne une meilleure formation. N’oubliez pas que la Côte d’Ivoire est regardée de l’extérieur. Cette image, il faut la soigner.
Si le prix à payer pour que nos étudiants puisent bénéficier d’un cadre sain est la dissolution d’une organisation syndicat, nous n’y voyons aucun inconvénient. Mais nous disons : sachons raison garder.
Réalisé par Martial Galé