« L’Accord de Bonoua » ou l’isolement croissant de Laurent Gbagbo…
Lemandatexpress – Président du PPA-CI et auteur de l’appel de Bonoua, Laurent Gbagbo semble de plus en plus isolé alors que les partis de l’opposition s’organisent pour parler d’une même voix.
Bonoua comme un symbole. Théâtre de l’appel de Laurent Gbagbo, le 14 juillet 2024, cette ville du Sud-Comoé a accueilli, ce samedi 21 septembre, la déclaration commune de 17 partis de l’opposition pour un dialogue inclusif et une réforme électorale. PDCI, MGC, PDCI, AIRD, COJEP etc. Ils étaient là, les groupements d’opposition les plus représentatifs de la scène politique nationale. Sauf le PPA-CI.
Cette absence a naturellement fait saillie dans un contexte préélectoral où l’opposition est écartelée entre ambitions personnelles et volonté d’union. Elle symbolise dans une certaine manière l’isolement de Laurent Gbagbo. À l’initiative de l’appel de Bonoua, l’ancien chef de l’État est paradoxalement en marge de la dynamique collective qui porte le lead de Simone Ehivet, son ex-épouse.
Considéré historiquement comme un des principaux acteurs de la scène politique ivoirienne, le président du PPA-CI avait lancé le 14 juillet, à Bonoua, un appel au rassemblement de l’opposition autour de lui pour, dit-il, barrer la route à Alassane Ouattara à la présidentielle de 2025. Depuis, et ce malgré les consultations conduites par Sébastien Dano Djédjé, le processus piétine. Gbagbo doit, au préalable, expliquer à chaque groupement les contours de son appel. Ce qui, pour l’instant, semble un défi homérique. « Le COJEP a pris acte de cet appel politique et en donnera à juste titre, une suite politique le moment venu », avait indiqué, par exemple, Blé Goudé, à la mi-août, après avoir échangé avec Pr Dano Djédjé. Exprimant ainsi la nécessité de cerner la substance de cet appel avant de se déterminer. Plusieurs formations politiques sont dans cette logique.
Simone Éhivet prend de l’ascendant
Entre temps, comme l’ancien Secrétaire général de la FESCI, il se sont dit clairement favorables à la plateforme de l’opposition convoquée, le 09 août par Simone Éhivet et dont la déclaration de Bonoua est l’émanation. C’est désormaisais, la présidente de MGC qui occupe une place centrale dans l’organisation de la nouvelle coalition d’opposition. Elle s’illustre par une démarche plus collaborative qui tranche avec celle plus solitaire de Laurent Gbagbo. Assumant ce leadership de circonstance, elle porte la voix de ses pairs.
À Bonoua, Simone Éhivet a égrené avec force conviction, les huit thématiques qui constituent les points du dialogue inclusif que l’opposition politique appelle de tous ses vœux. À savoir : la révision et la refonte de la liste électorale, la réforme du code électoral, la réforme de la CEI, la révision du découpage électoral, la sécurisation des élections, la communication, le financement des élections, les réformes institutionnelles la sécurisation des élections. Ces thématiques expriment clairement une volonté manifeste de faire infléchir l’actuel système électoral ivoirien qui est, selon elle, la source majeure des conflits socio-politiques qu’a connus la Côte d’Ivoire.
Gbagbo face à un dilemme
Ce combat collégial risque bien de se faire sans Laurent Gbagbo dont le leadership est mis en mal au sein du marigot politique. À l’heure actuelle, il fait face à un dilemme: S’arc-bouter sur lui-même ou faire profil bas pour rejoindre la plateforme conduite par son ex-épouse. S’il rejoint cette nouvelle mouvance, il risque de perdre son autonomie et son image d’homme fort, créant ainsi une ambiguïté avec son rôle de leader emblématique. D’un autre côté, s’il persiste dans une stratégie solitaire, il pourrait s’isoler davantage et devenir un acteur marginal dans les processus de réformes en cours. En tous les cas, l’opposition semble déterminée à adopter une approche plus inclusive et concertée avec le gouvernement, réduisant ainsi les marges de manœuvre pour un Gbagbo distant.
Son isolement apparent, dans le cadre de l’accord de Bonoua, souligne une redéfinition des équilibres politiques. À moins qu’il ne réintègre le débat sur les réformes électorales et institutionnelles, il risque de voir son influence s’éroder. Cependant, étant donné son historique et sa base de soutien, il est encore trop tôt pour considérer Laurent Gbagbo définitivement en retrait. Au total, la stratégie qu’il adoptera dans les semaines et mois à venir sera déterminante pour son avenir politique et celui de l’opposition.
M. Galé