PDCI-RDA : Au-delà de la révolte de Yapo Valérie, ces problèmes de fond qui fragilisent Thiam!
Lemandatexpress – Le PDCI-RDA vise le perchoir de la République après 25 ans d’hibernation. Mais les piliers de la reconstruction post-Bédié, semble-t-il, ne sont pas suffisamment fermes pour tenir le pari. Le problème du parti doyen est plus profond que les simples agitations de palais que l’on voit ça et là
Entre limogeage – le cas de Me Zéhouri Bertin dans le Goh-Djiboua-, dénonciations fracassantes et autres relations glaciales impliquant certains dignitaires, le PDCI-RDA vit un mélodrame depuis que la disparition de feu Henri Konan Bédié a ouvert la voie de la présidence du parti à Cheick Tidjane Thiam.
Difficile, en effet, de tourner la page d’une autorité qui aura personnifié quasiment le parti près de 30 ans durant. Et si “Le changement de chef fait la joie des sots” (sic), ça reste, surtout, un facteur de toutes les incertitudes.
Disons que les signes de fissuration étaient déjà là, bien avant le 8e Congrès extraordinaire et électif du 22 décembre 2023. À l’époque, la contestation portée contre la candidature (un peu forcée) du polytechnicien fut exacerbée par l’action en justice de deux militants de Yopougon : Christophe Blesson et Mathieu Ourah Affroumou. Chose qui entraîna, d’ailleurs, le report de ces assises initialement prévues le samedi 16 décembre 2023, au Sofitel Ivoire d’Abidjan (Cocody).
Sous l’éteignoir
Échaudé mais pas coulé Tidjane Thiam fut, in fine, plébiscité dans l’enceinte surchauffée de la Fondation Félix Houphouët-Boigny, à Yamoussoukro. Il récoltait, sans trop de surprise, 4 001 voix soit 96,48% des suffrages exprimés. Un score soviétique, désarticulant complètement son adversaire, le maire Jean-Marc Yacé de Cocody, crédité, lui, de 134 voix soit 3,22%.
Cependant, l’harmonie qui s’est dégagée, lors de ce jour hautement symbolique (avènement du 3e président du vieux parti), ne suffira pas à sonner définitivement l’union sacrée au sein du vieux parti. A la vérité, l’avènement de l’ancien ministre du Plan sous Bédé ne passe pas tout à fait dans certains milieux PDCI. « Thiam était préparé à l’avance pour prendre le pouvoir. Les gens du sérail le savent. Bédié a mis Thiam à l’abri pour le protéger des intrigues. Mais dès qu’il a commencé à faire les nominations, après son élection, les gens se sont attaqué à lui. Ils ont vu à travers ses reformes un moyen de les mettre sous l’éteignoir », confie un militant de la région du Gôh, soutien de Maurice Kakou Guikahué, lors du processus électoral.
Autrement dit, le congrès extraordinaire du 22 décembre, le premier post-Bédié, n’a pas réglé les problèmes internes du PDCI-RDA. Uni en apparence, le parti septuagénaire est lézardé en pratique.
Cumul de postes.
C’est conscient de la complexité de la situation, que Tidjane Thiam avait pris tout son temps pour opérer ses choix et mettre en place sa machine politique, estime de ce fait, un élu du PDCI-RDA qui suit avec beaucoup de recul les excitations au sein de la maison vert et blanc. Il convient de rappeler que le successeur de Bédié attendit, environ trois mois avant d’officialiser le nouvel organigramme du parti. Une organisation qui présente, selon certains militants, non seulement un changement radical sur le plan admistratof mais aussi un cumul de postes. Il est reproché à des cadres d’être à la fois, vice-président, secrétaire exécutif, Haut représentant ou encore conseiller juridique.
C’est le sentiment d’un pro Thiam, « frustré » (selon ses propres termes) qui comprend peu ou prou la grogne grandissante, dont la vigoureuse sortie de l’ex-déléguée communale d’Akoupé, qui continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive. « C’est vrai que Valérie Yao n’a pas mis les formes dans sa sortie, elle n’avait pas besoin de se livrer en spectacle pour se faire entendre. Mais il y a une part de vérité dans ses dires », tempère-t-il.
« Des crocodiles »
Ce dernier continue, en ajoutant qu’après avoir perdu leurs privilèges de l’ère Bédié, des militants et militantes sont déroutés. Qu’ils soient des cadres ou des militants de base, ils constituent, pour le PDCI-RDA, de gros vers dans le fruit, regrette-t-il. « Des crocodiles », ainsi que Tidjane Thiam les appelle, selon des indiscrétions.
En donnant des coudes, certains de ces « requins » ont pu s’offrir des postes de haut représentant ou positionner, à tout le moins, leurs obligés. Il est clair, cependant, que l’ambiance au PDCI-RDA n’est pas des plus cordiales. Les uns et les autres se regardent en chiens de faïence. « S’ils font le travail de Thiam, nous sommes avec eux, dans le cas contraire, ils nous trouveront sur leur chemin », prévient un conseiller municipal, parlant de tous ceux qui font le forcing pour « des intérêts mesquins ». Pour ce militant de longue date, seule la perspective d’un probable retour au pouvoir retient, encore certains membres. « Si d’aventure, on perd la présidentielle, ce sera la débandade. Si on perd, ils vont se livrer ». Comme quoi le PDCI-RDA version Thiam ne repose pas sur du solide. Si les remous observés çà et là en sont des signes, le mal est plus profond que ça
MG