Dette de la Côte d’Ivoire : L’homme d’affaires Stanislas Zezé explique tout
Lemandatexpress – Invité spécial à l’émission Télé « Le grand talk », le lundi 22 avril 2024, Stanislas Zézé, PDG de Bloomfield Investment corporation a détaillé le sujet de la dette de la Côte d’Ivoire.
En quelques minutes, l’homme d’affaires Ivoirien a dispensé un cours magistral afin d’apporter des éclaircissements quant à la problématique de la dette Ivoirienne. Cette explication, soulignons-le fait, suite à la question du chroniqueur Daouda Coulibaly, à savoir si la Côte d’Ivoire va bien.
L’invité du jour, dans ses explications, a signifié que : « Ces deux dernières années on a bien vu que la note de la Côte d’Ivoire pour les risques pays , la Côte d’Ivoire est dans la catégorie risque faible noté à 6,2 sur 10. Ce qui veut dire qu’il n’y a pas de frein à l’investissement. Au contraire , il y a un encouragement à l’investissement. La Côte d’Ivoire est définitivement un pays attractif du point de vue de l’évaluation du risque pays.
Les trois indicateurs
“Sur la dette, quand on parle de dette , on va parler de dette souveraine. Il y a trois indicateurs qui sont extrêmement importants. Le premier indicateur , c’est le ratio de la dette sur le PIB. C’est-à-dire la dette totale sur la richesse créée. Le deuxième indicateur, c’est le service de la dette. C’est-à-dire la capacité du pays à faire face à sa dette. Le troisième indicateur, c’est l’exposition de ces dettes vis-à-vis de ces différents créanciers, à expliqué le PDG de Bloomfield.
Le premier point
Selon lui, sur le premier point, la Côte d’Ivoire est aujourd’hui sur un ratio de 58%. Ce qui reste un ratio raisonnable. Le benchmark est à 70%. Ceci dit, ce ratio n’est vraiment pas pertinent quand vous voulez déterminer la soutenabilité d’une dette.
Le deuxième point
Le deuxième point le plus important , à en croire Stanislas Zéro, c’est le service de la dette . Le service de la dette de la Côte d’Ivoire est à 68% de ses recettes fiscales hors dons et hors dettes. Le benchmark c’est 20% (norme communautaire). La Côte-d’Ivoire est nettement au dessus, soutient-il. Ce qui est, selon l’expert, une source d’inquiétude.
Le troisième point
Le troisième point, c’est l’exposition en devises étrangères. À ce niveau, la Côte d’Ivoire comme beaucoup de pays africains sont des pays en tiers. Qui ont des niveaux de réserves de devises qui sont faibles, observe l’économiste ivoirien. Pour lui, s’exposer en devises étrangères est un gros risque quand on s’endette . La Côte d’Ivoire, selon lui, a près de 90% de sa dette en devises étrangères. “Dans les 90% vous avez 66 % qui sont en euro et le reste en dollar et autres”, fait-il savoir.
Pour Stanislas Zéro, même si le CFA est en parité fixe avec l’euro, il est important de savoir que le cfa ce n’est pas l’euro. Ce qui veut dire que si vous n’avez pas suffisamment de devises, vous êtes exposés systématiquement, prévient-il.
“Aujourd’hui il y a une certaine soutenabilité de ces dettes mais si évidemment on reste à ces taux de remboursement très élevés , on se trouve dans un cercle très vicieux où on emprunte pour rembourser. À un moment donné ceux qui vous prêtent commenceront à se poser des questions”, souligne l’expert.
L’annexe fiscale de 2024
Sur l’annexe fiscale, Stanislas Zéro à été clair : “Si vous prenez l’annexe fiscale 2024, les projections d’investissement s’élèvent à 5000 milliards. Ça veut dire qu’on est dans une logique d’emprunter pour rembourser. Ce jeu d’équilibriste fonctionne mais à un moment donné ca peut poser problème si la dette est de plus en plus en devises étrangères . Tant qu’elle est en monnaie locale , le risque est très faible . Quand on rentre en devises étrangères, ça devient problématique”.
Une explication qui a été appréciée par plusieurs téléspectateurs dont Hamed Koffi Zarrour, qui affirme avoir suivi avec une grande attention l’intervention de l’invité. Pour lui, son approche pédagogique et sa maîtrise dans les enjeux économiques liés à la dette souveraine sont non seulement impressionnants mais aussi extrêmement éclairants. « Sa capacité à décomposer et expliquer les complexités du ratio de la dette sur le PIB, du service de la dette, et de l’exposition de cette dette en devises étrangères révèle une profonde compréhension des défis auxquels notre pays est confronté. Cela dénote clairement de son expertise et de son engagement envers une gestion économique prudente », a-t-il affirmé.
Abran Saliho
lemandatexpress.net