Projet « Adoukro ville nouvelle durable et écologique » : Soulèvement des populations, à N’Djem (Jacqueville)
Comme annoncé, les populations de la ville insulaire de Jacqueville (au Sud, dans le District des Lagunes, région des Grands Ponts 20km d’Abidjan) ont mis à exécution leur volonté de protester contre la tenue de la cérémonie de pose de la première du Projet « Adoukro ville nouvelle durable et écologique ».Cette cérémonie était pourtant annulée par les promoteurs du projet, depuis mardi. Sur place, le jeudi 28 mars, on a pu constater un ralentissement du trafic aux abords du pont Philippe-Grégoire Yacé.
Cela est dû à la procession organisée par les jeunes, dans les deux sens de la voie. Sur les pancartes qu’ils tenaient, on pouvait lire : « Merci au Conseil d’Etat » ; « Les peuples Alladjan et Avikam disent non » ; « Ne touchez pas nos terres » ; « Nous sommes prêts à mourir pour défendre nos terres ». Les protestataires dans leur ballet, avant et après le pont Philippe-Grégoire Yacé, entonnaient des chants guerriers. Les organisateurs ont effectivement tenu le pari de manifester sous trafic, même si nous notons tout de même, quelques échauffourées entre jeunes participants. Des échauffourées très vite maitrisées par les organisateurs.
Des soutiens de taille
Au cours de la rencontre qui a suivi à la place publique de N’Djem, localité située à 23km, avant Jacqueville, en provenance d’Abidjan et à 20 km de la capitale économique ivoirienne, on a assisté à la présence du maire de Jacqueville Joachim Beugré, du député de Jacqueville-Atoutou Aké Lobo Léon, ainsi que des chefs des villages de la région, venus en soutien aux protestataires. Tout comme des chefs de terre. Toutes ces personnalités ont, sans réserves, affiché un soutien sans faille à la jeunesse de tous les villages, instigatrice des manifestations du jour.
Le cours de rappel de mémoire de Beugré Joachim
Le premier magistrat de Jacqueville a conclu son intervention en déclarant : « Les populations sont dans leur droit », dénonçant au passage la posture du promoteur immobilier Oda Edouard qui, visiblement, contre vents et marées, entend voir son projet contesté se concrétiser. Avant, il a fait un cours d’histoire, au travers duquel il a rappelé comment le mis en cause a maintes fois tenté de s’approprier les parcelles de terre. Une attitude également dénoncée par Aké Lobo Léon. L’Amicale des chefs de villages et campements de la sous-préfecture et commune de Jacqueville, par la voix de leur SG, Songahi Ponge Sylvain, par ailleurs chef du village d’Adjacoutié a, à son tour, également dénoncé la forfaiture orchestrée par le PDG de la SGIR.
Comme tous, l’Amicale n’entend plus laisser agir le « faussaire » qu’est cet opérateur économique sur son sol. Pourtant, les faits ne plaident pas en La faveur de ce dernier. Le Conseil d’Etat, à travers sa décision N° 82 du 22 mars 2022, a annulé les arrêtés d’approbation du promoteur immobilier. Malgré tout, il a trouvé des ressources et voies nécessaires pour faire suspendre lesdites décisions par le même Conseil d’Etat.
Dans cette ambiance, il entendait organiser la cérémonie de pose de la première pierre au cours de la même journée du jeudi 28 mars. D’où la mobilisation observée. Un cortège militaire de passage dans la zone a éveillé les soupçons des populations, qui pensaient à une stratégie de l’auteur de « Adoukro ville nouvelle durable et écologique » pour déjouer leur vigilance. Une situation qui a provoqué, pour environ une heure, la paralysie du trafic sur le tronçon. Après des tractations, tout est finalement rentré dans l’ordre. Pour rappel, c’est un projet sur 2400ha et qui couvre plusieurs localités de la région dont N’Djem, Adoukro, Sassako.
Mathias Kouamé
Envoyé spécial