Sénégal: Après la victoire de Faye, les langues se délient dans le camp d’Amadou Ba: “Macky a torpillé la carrière de milliers de militants… “
Lemandatexpress-La victoire à plusieurs pères, défaite orpheline. L’APR d’Amadou Bâ en fait l’amère expérience, après l’échec à la présidentielle du 24 mars au Sénégal.
Alors que Diomaye Faye et l’ex-Pastef, vainqueurs de cette bataille démocratique, reçoivent des motions de félicitations à travers le monde, l’heure est aux récriminations dans le camp présidentiel. La défaite d’Amadou Ba, certes reconnue, ne passe pas sans grincements de dents.
Il y a comme un mélange de sentiments chez les partisans de l’Alliance pour la République (APR), de l’ex-chef de l’État, qui pointent des boucs-emissaires. “Amadou Ba a été loyal, malheureusement il a été combattu par certains de nos responsables”, lâche René-Pierre Yehoume, un coordinateur de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY) formée autour du parti présidentiel, dans des propos rapportés par l’AFP. La campagne imposait de se taire, mais “ça, on peut le dire aujourd’hui”, ajoute-t-il.
Certains, comme Moustapha Diakhaté, n’hésitent pas à voler dans les plumes du président sortant, mettant en cause son manque d’implication dans la campagne de son dauphin. “Macky Sall a sacrifié ceux qui étaient avec lui depuis 2008”, prétend l’ancien président du groupe parlementaire BBY, en rupture avec l’APR, selon l’AFP. Il insiste en ajoutant que “Macky Sall a torpillé la carrière de milliers de militants qui l’ont accompagné toutes ces années”.
S’il était présenté comme le continuateur de Macky dans l’ambitieux plan de développement et de grands travaux qui a changé le visage du Sénégal, Amadou Ba, de l’avis de certains analystes auraient reçu le revers de la médaille.
Ce dernier n’ayant pas résorbé, selon eux, la pauvreté ni les inégalités.
Selon l’AFP, l’héritage de M. Sall, c’est aussi ce qu’un analyste a appelé “le bilan immatériel”: l’agitation, des dizaines de morts, des centaines d’arrestations, les violations dénoncées par les défenseurs des droits, le report de la présidentielle.
Aussi, un enseignant chercheur en sciences politiques, cité par l’AFP, trouve qu'”ils ont accumulé tellement d’erreurs”..En effet, selon El Hadji Mamadou Mbaye ( c’est son nom), “les choses (étaient) pliées” depuis la mise en cause judiciaire de l’opposant antisystème Ousmane Sonko, qui a mis le feu aux poudres en 2021.
Pour l’une des rares fois, les élections au Sénégal se sont déroulées sans la candidature du président sortant. En plus de cela, une partie de l’opinion estime que la majorité “a préparé (sa) fin brutale en donnant tous les jours depuis trois ans l’impression qu’elle préparait” l’avènement de la coalition Diomayeprésident.
Martial Galé
Lemandatexpress.net