CEDEAO/Retrait du Niger, du Burkina Faso et du Mali: Le Béninois Lionel Zinsou donne les raisons profondes d’une décision
Dimanche 28 janvier, le Niger, le Mali et le Burkina Faso ont annoncé vouloir quitter la CEDEAO avec ‘’effet immédiat’’. Interrogé par RFI, l’ancien Premier ministre béninois, Lionel Zinsou, passe en revue les implications socio-économiques de cette décision.
Cette décision des pays de l’AES (Mali, Burkina Faso et le Niger), « la conséquence d’une vraie crise avec l’institution », ne surprend pas l’économiste franco-béninois, Lionel Zinsou, par ailleurs ancien Premier ministre du Benin.
« Ces trois pays étaient suspendus de la CEDEAO (après les coups d’État qui ont porté à la tête des juntes militaires), avec des sanctions en sus. Même si elles ont été levées pour le Mali, elles sont particulièrement dures pour le Niger. On voit qu’il y a une solidarité entre ces trois pays. Qu’ils quittent la CEDEAO en même temps n’est donc pas une surprise », a-t-il expliqué hier, mercredi 31 janvier, au micro de RFI.
Ainsi, abordant la question des sanctions de la CEDEAO, l’économiste Lionel Zinsou a indiqué : « C’est dans la logique de la CEDEAO de vouloir garder une situation normalisée en matière de fonctionnement démocratique, plutôt que de légitimer des régimes issus de coup d’États. Suspendre les pays concernés est dans la logique des institutions. Après, il s’établit des rapports de force et ce que l’on voit en est une manifestation. Chacun est dans sa propre légitimité : la CEDEAO veut faire respecter ses principes de droit, et les pays du Sahel tentent d’échapper à des sanctions qui ont des conséquences économiques et sociales importantes ». Toutefois, l’interviewé de RFI pense que cette crise aura un impact économique très important pour les pays de l’AES.
« Quand le Mali, le Burkina Faso et le Niger auront quitté la CEDEAO, des droits de douanes vont s’appliquer pour faire entrer leurs marchandises dans les pays membres de communauté économique. Cela risque donc d’être un petit peu plus difficile pour les entreprises de ces pays qui travaillent déjà dans toute la région, mais aussi pour attirer de nouveaux investisseurs », a relevé l’ancien Premier ministre. Un ‘’chemin périlleux’’ qui s’annonce, a-t-il indiqué, pour les pays de l’AES.
« Les pays sahéliens sont des fournisseurs importants des pays côtiers, notamment en denrées animales. Les choses vont être aussi plus compliquées pour les services de transports et les ports, puisque les pays de l’AES sont enclavés. Or, ils ne peuvent pas évacuer leurs productions vers le Nord en traversant le désert algérien. En outre, il est impossible que ces pays s’isolent, car d’un bout à l’autre de la CEDEAO, les échanges de population sont trop importants. Les éleveurs qui font de la transhumance vont continuer de passer à travers les frontières qui sont poreuses », a-t-il fait savoir.
Zéphirin Gohia