Le Président Ouattara désillusionne Assimi Goïta sur un »projet d’accord confidentiel » dans l’affaire des 46 soldats ivoiriens
L’étau est plus que resserré autour de la junte au pouvoir au Mali. Sur tous les plans, le Mali vit en ce moment des difficultés sans précédent. Il est clair que la situation économique devenant délétère pour le pays, la junte a estimé qu’il était urgent de trouver un autre moyen de négociation avec les autorités ivoiriennes sur le dossier des 46 soldats.
Ainsi, selon un article publié par le confrère ‘‘Africa Intelligence’’, la transition malienne dirigée par Assimi a fait parvenir, fin octobre, à la Présidence ivoirienne, un projet d’accord préalable à la libération des 46 soldats encore en situation de détention. Mais ce document de plusieurs pages, qui a été transmis à Abidjan via le Togo, médiateur depuis le début de la crise, a été catégoriquement réfuté par le premier cercle du Président Ouattara. Jugeant de nombreux points ‘‘inacceptables’’ en l’état. Dans ce document, Assimi Goïta et son gouvernement appellent les autorités ivoiriennes à supporter une série d’engagements, parmi lesquels un ‘‘pacte de non-agression’’, explique le confrère. Qui ajoute que la signature consisterait pour le Gouvernement ivoirien à admettre les accusations de ‘‘déstabilisation’’ qui lui sont imputées par la junte. Toute chose qu’Abidjan a toujours rejetée.
Par ailleurs, ledit document fait mention de plusieurs blocages au sein de la Banque centrale des Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD). A ce sujet, le régime de Bamako a exigé la démission du vice-président malien de la BOAD, Moustapha Ben Barka. La junte a donc demandé au Président Ouattara, qui assure la présidence par intérim de l’Union économique et monétaire ouest africain (UEMOA), et qu’il ‘‘soupçonne de plaider pour son maintien’’, de cesser toute manœuvre dans ce sens. Mais Abidjan, qui s’est inscrit en faux face à ces accusations, a indiqué, le 31 octobre à Lomé, son refus de signer un tel accord. Qui, pour lui, n’est autre qu’une farce de la junte qui veut faire durer le processus de libération des 46 soldats.
Plusieurs émissaires ont fait la navette entre le Togo et la Côte d’Ivoire ces derniers jours. Alors que l’interpellation, en juillet dernier, des 49 soldats ivoiriens à Bamako, au motif d’être des mercenaires venus déstabiliser le régime, était brandie par Assimi Goïta et son gouvernement, le temps a fini par révéler ce qui se cachait derrière cet accroc monté de toute pièce. Judiciarisée, cette affaire qu’Abidjan a qualifiée d’incident diplomatique, a vu l’implication du Togo pour résoudre la question. Ce qui a abouti à la libération des trois femmes parmi ces 49 soldats ivoiriens. Toutefois, Bamako en a fait de la libération des 46 autres une monnaie d’échanges contre l’extradition de certains caciques de l’ancien régime du défunt Président malien Ibrahim Boubacar Kéita. Ce qu’Abidjan a clairement mis en déroute.
DH De Brazza