Adressage des rues et édifices publics / Alphonse N’Guessan (Directeur en charge de la question) : « Les planifications qui sont mises en place font qu’il y a une bonne visibilité »
L’Etat de Côte d’Ivoire, à travers le Ministère de la Construction, du Logement, de l’Assainissement et de l’Urbanisme (MLCAU), a entrepris l’adressage des voies dans le cadre du Projet d’Appui à la Compétitivité du Grand Abidjan (PACOGA), soutenu par la Banque mondiale. Le Directeur en charge de la question au MCLAU, Alphonse N’Guessan, fait le point et donne des éclairages, dans cet entretien, sur le processus à Abidjan pour un coût prévisionnel global chiffré à 15 millions de dollars soit près de 10 milliards. Il indique, par ailleurs, ce qui va se passer à l’intérieur du pays.
Vous conduisez, depuis peu, une mission des acteurs impliqués dans le projet d’adressage des rues et édifices publics auprès des collectivités du District d’Abidjan. Où en sommes-nous actuellement ?
Il faut indiquer que l’adressage est une volonté affichée par le gouvernement de Côte d’Ivoire. Le gouvernement veut faire de l’adressage un élément de modernisation de nos habitudes, de notre administration et du repérage et de la circulation sur le territoire d’Abidjan. Cela va s’étendre à l’ensemble du territoire national. Dans ce cadre, nous avons démarré le projet, sa phase opérationnelle, après une année d’études, effectivement, à partir de janvier 2022.
Concrètement, qu’est ce qui a été alors mené comme actions sur le terrain ?
Aujourd’hui, nous avons un certain nombre d’activités de terrain qui ont été réalisées. Nous avons fini avec les activés de terrain sur la Zone 1 et la Zone 2. La Zone 1 couvre les communes de Treichville, Marcory, Koumassi et Port-Bouët ; et la Zone 2 couvre les communes du Plateau, d’Adjamé et d’Attécoubé. Depuis le 26 août, nous avons lancé les activités dans la Zone 3 qui couvre les communes de Cocody et de Bingerville. Et nous espérons engager dans quelques mois, d’ici 4 à 5 mois, les activités dans la Zone 4 qui couvre les communes d’Abobo et d’Anyama, puis après entamer les activités sur le plateau du Banco, c’est-à-dire Yopougon et Songon.
La Zone 3 qui prend en compte les communes de Cocody et de Bingerville est celle où les opérations de terrain sont actuellement en cours. Celles-ci consistent à quoi ?
Il s’agit de conduire toutes les enquêtes pour identifier les Unités d’occupation. Il faut comprendre par Unités d’occupation tout ce qui est comme habitations, services, commerces, équipements et autres activités. Il faut déjà les identifier, les enquêter, leur donner un numéro qui va constituer leur adresse. Et après cette phase d’enquête, repartir pour matérialiser les numéros qui seront trouvés sur les entrées de ces unités d’occupation. Et ce sont ces numéros qui vont constituer leur adresse.
Bien avant Cocody et Bingerville – la Zone 3 donc – d’autres Zones, notamment la Zone 1, ont été visitées par les équipes d’enquêtes de terrain. Où en sommes-nous concernant ces Zones déjà visitées ?
Sur la Zone1 (Treichville, Marcory, Koumassi et Port-Bouët), globalement, les enquêtes sont achevées. Et même la seconde phase qui est la matérialisation des numéros sur les Unités d’occupation est globalement achevée. Aujourd’hui, nous faisons le contrôle pour voir éventuellement si nous avons sauté des Unités d’occupation que nous n’aurions pas enquêtées ou que nous n’aurions pas matérialisé les numéros sur les portes d’entrée. C’est à cette phase que nous sommes. Sur la Zone 2 (Plateau, d’Adjamé et d’Attécoubé), nous procédons à la matérialisation des numéros sur les Unités d’occupation.
Des séances d’explication du processus d’adressage et de son état d’avancement sont menées par les acteurs du projet conduits par vous auprès des autorités municipales des zones concernéeschaque fois, des contre-propositions et des suggestions sont faites. N’y a-t-il pas à craindre que la prise en compte de tous ces avis impacte et le délai et le budget prévu ?
Nous sommes sensibles à la préoccupation que vous évoquez. Et c’est justement la raison pour laquelle nous essayons de tenir le projet dans une dynamique. C’est vrai, le projet est encadré dans un délai. C’est un projet qui est fait sur un territoire et pour les hommes de ce territoire. Nous faisons au mieux pour une meilleure implication des habitants de ce territoire. C’est une dynamique dans laquelle nous avons inscrit le projet. C’est de la concertation avec les populations que nous allons mettre en œuvre ce projet. Nous sommes également sensibles des possibilités de dérapages, en termes de calendrier et de budget, mais aujourd’hui, les planifications qui sont mises en place font qu’il y a une bonne visibilité, et nous allons encadrer au mieux ces dérapages qui pourraient subvenir. Sur les délais, pour la mise en œuvre du projet jusqu’à avril 2024, nous avons présenté le calendrier. C’est la raison pour laquelle nous discutons aussi bien avec les populations que les autorités, pour que chacun comprenne les enjeux liés au projet, afin que nous ayons une dynamique collégiale pour sa mise en œuvre. Nous faisons l’effort d’insister, à chaque fois que nous arrivons sur ces territoires, sur le calendrier de mise en œuvre des prochaines étapes. C’est pour que chacun joue à sa façon son rôle. Sur le budget, je peux vous rassurer, il y a un encadrement qui fait que les risques de dérapages pourraient être atténués. Sur le calendrier, nous restons vigilants afin de pouvoir le respecter.
Au passage, pourriez-vous nous rappeler le nombre de voies et édifices identifiés dans le cadre de ce projet, ainsi que le budget initial ?
L’étude de faisabilité réalisée en 2018 avait projeté 12 mille voies. Aujourd’hui, à la réalité du terrain, nous sommes à 13. 645 voies. Nous pensons que, globalement, cette projection est bien maitrisée. Nous pensons que l’étude a été bien faite pour avoir une marge dans cette proportion. C’est donc, globalement, 13. 645 voies qui sont concernées par le projet. Le projet va permettre de matérialiser les noms sur l’ensemble de ces voies. Et nous projetons matérialiser 80 mille plaques sur ces voies. Le budget, qui reste indicatif, c’est 3 millions de $. Ce qui représente 20% du budget global du projet.
Vous annoncez l’identification de 13. 645 voies. Est-ce y compris les édifices publics ?
Les édifices publics vont être adressés avec la matérialisation de l’adresse à leur entrée. Et les voies vont être adressées avec la matérialisation des noms. La matérialisation des noms sur les épices publics ne fait pas partie du projet en cours. Mais nous matérialisation l’adresse de l’édifice public par le numéro que nous donnons à cet édifice public, bien entendu, aux autres Unités d’occupation.
Le District d’Abidjan constitue la phase pilote du projet. Avez-vous déjà déterminé un chronogramme précis pour ce qui est des villes de l’intérieur ?
Avec le gouvernement, le ministère de la Construction envisage un ensemble de projets sur l’intérieur du pays. Il y a le projet d’adressage de Bouaké et de San Pedro qui est également pris en charge par la Banque Mondiale. A côté de ces projets d’adressage de Bouaké et de San Pedro, il y a également le projet d’adressage de 9 autres capitales régionales. Ces 9 capitales régionales, pour les premiers projets, portent sur les villes de Daloa, Yamoussoukro et Korhogo. Après, il va avoir des projets également sur Man, Odienné, Abengourou, Bondoukou, Aboisso, Gagnon et d’autres grandes villes. Lorsqu’on aura fini avec ces grandes villes, nous allons engager le projet dans les petites villes. Mais sur le court terme, les villes qui sont concernées immédiatement par des projets d’adressage à l’intérieur du pays sont Bouaké, San Pedro, Daloa, Yamoussoukro et Korhogo.
Connait-on sait déjà le nombre de voies et d’édifices publics qui vont être identifiés ?
A ce stade, il est un peu tôt d’en parler. Mais sur Bouaké et San Pedro, il y a eu des études de faisabilité qui ont été réalisées, qui évaluent, pour chacune de ces deux villes, les voies à adresser, à autour de 3000-3500 voies dans chacune. Pour Yamoussoukro, Daloa et Korhogo, ce sont les études de faisabilité qui vont permettre d’identifier ce qui va être fait. Sur les trois autres villes (Yamoussoukro, Daloa, Korhogo), il faut faire toutes les activités préalables avant d’engager le projet. C’est un important projet du gouvernement. Nous avons accueilli avec satisfaction l’adhésion de la population au processus qui est en cours. Partout où nous sommes passés, les populations se sont bien impliquées dans le projet. Nous encourageons que cette dynamique soit maintenue, et que les populations accompagnent au mieux la mise en œuvre de ce projet avec une meilleure implication. C’est un projet qui va moderniser notre façon de faire, et faciliter nos habitudes de circulation, nos habitudes en termes de procédures administratives, dans la délivrance d’un certain nombre de documents. Nous appelons la population à continuer à s’impliquer dans la mise en œuvre de ce projet.
Réalisé par Mathias Kouamé