Parc national de la Marahoué : Plus de 15 000 producteurs de café-cacao menacés de déguerpissement
La tension monte dans les campements et gros villages jouxtant le parc national de la Marahoué et la zone Sodefor qui sont menacés d’un déguerpissement imminent. Pour preuve, des espèces d’arbres sont plantées dans les plantations par la Sodefor
Les producteurs de café et de cacao vivant dans cette zone depuis belle lurette font l’objet de menace à travers le ministère de l’Environnement et du Développement durable via l’Office ivoirien des parcs et réserves (Oipr). Ce sont plus de 15000 producteurs et leurs familles qui sont sommés de quitter leurs campements et villages. Un programme de déguerpissement leur a été notifié le jeudi 11 août dernier, au cours d’une réunion tenue à Gbangbo-Kouadiokro. Ce sont des populations désemparées, inquiètes qui sont venues se confier à Alexis Trazié Bi Guessan, député de Bonon commune et Zaguiéta Sous-préfecture. Et Kouassi Bertin, planteur et président des chefs de 34 campements, de présenter la situation qui prévaut. « Quand vous prenez Gbangbo-Kouadiokro, ils ont un groupe scolaire de 7 écoles ; vous avez N’doly-Yaokro qui a un groupe scolaire de 4 écoles ; il y a Blaisekro qui a un groupe scolaire de 7 écoles ; et Yao-N’gorankro qui a une école. Avec ces établissements, on nous dit que nous sommes de petits campements. Il y a de grandes mosquées, des marchés… Nous avons des villages qui peuvent être érigés en sous-préfectures. Je suis arrivé ici en 1986. Quand j’arrivais, j’avais 17 ans, aujourd’hui j’en ai 53. Ça fait 36 ans que je suis producteur de cacao. Tous ces chefs de campements qui sont là sont nés, pour la plupart, ici. Aujourd’hui, la moyenne d’âge est de 55 à 60 ans. J’ai grandi ici, je suis père de 08 enfants. Je peux dire aujourd’hui que je ne connais plus mon village d’origine. Et tous, ici, sommes dans le cas similaire. Alors, si nous rentrons au village, étant donné que nos parents venus ici n’ont pas laissé de terre là-bas, comment allons-nous manger et vivre avec nos familles ? Voilà pourquoi nous demandons à l’Etat de revoir la situation… », a-t-il présenté ses inquiétudes. Et d’ajouter pour plaider : « Nous demandons à ce que nous soit accordée la superficie que l’ancien ministre Vincent Pierre Lokrou, venu ici le 6 décembre 1988, au nom du président Houphouët-Boigny, a annoncé comme désormais déclassée. Les tracés sont encore là. S’il est vrai que des documents afférant à ce déclassement ne nous ont pas été donnés, il est aussi vrai que des témoins existent et vivent encore. Voilà pourquoi nous demandons à l’Etat, au Chef de l’Etat, de voir nos souffrances… ». Avec lui, Kouamé N’guessan, chef de Blaisekro et Assouman Kouadio Yao Célestin de Golikro. Qui ont aussi plaidé pour que l’Etat revienne sur sa décision.
Trésor Mion, correspondant régional