25 ans après: Tidjane Thiam prépare son retour en Côte d’Ivoire
- Ce qu’il dit du Président Ouattara et de sa volonté de participer à la réconciliation
Après environ un quart de siècle passé en dehors de la Côte d’Ivoire, l’ancien ministre du Plan et du Développement, ancien patron du Crédit Suisse, Tidjane Thiam, a fait acte de candidature afin d’obtenir son passeport ivoirien. Une demande qui traduit sa parfaite intention de rentrer enfin, au bercail, sa terre patrie. Cela certainement, a-t-il indiqué, afin de participer pleinement au processus de paix, de réconciliation et de cohésion sociale lancé par le Président de la République, Alassane Ouattara.
Comme on le sait, le petit-neveu de feu Félix Houphouët-Boigny n’avait plu remis les pieds en la Côte d’Ivoire depuis le coup d’Etat qui, en 1999, a chassé Henri Konan Bédié. Brillantissime financier et de dirigeant d’entreprise, Tidjane Thiam a toujours été l’objet d’attention de la part des Ivoiriens quand bien même il vivait à l’extérieur. D’autant plus que certains lui prédisaient un destin présidentiel. Dans un entretien récent avec ‘‘Jeune Afrique’’, il est revenu sur certains sujets, notamment son passage au Gouvernement entre 1998 et 1999, les coups d’Etat, ses rapports avec l’actuel homme fort de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, à qui il dit vouer un profond respect.
« Déjà en 1998 1999, lorsque j’étais ministre du Plan et du Développement, il y avait toutes sortes de spéculations. Cela me peinait, car je n’aime pas qu’on raconte des choses fausses à mon propos. J’étais même allé voir le Premier ministre, Daniel Kablan Duncan, avec qui j’entretenais de très bonnes relations, pour lui assurer que je ne convoitais pas sa place. L’un de mes mentors m’a ensuite dit que j’avais commis une erreur de novice et que j’aurais mieux fait de me taire. ‘‘Ne dis jamais que tu ne veux pas d’un poste car personne ne te croira et cela détruira ta crédibilité’’, m’a-t-il conseillé. Désormais, je préfère donc me taire », a regretté le banquier ivoirien.
Il a également dit être contre les coups d’Etat, quel qu’en soit le régime en place. Car cela constitue un véritable recul du pays sur tous les plans.
« Le 24 décembre 1999, lorsque Henri Konan Bédié a été renversé, j’étais ministre, J’ai dit, à l’époque, que j’étais totalement opposé à ce putsch. Si, à chaque fois qu’un Président ne nous convient pas, on prend les armes pour le renverser, le pays ne fait que reculer. Ce n’était pas un discours facile à tenir, sur le moment, car une partie de la population se réjouissait de ce coup d’État, mais c’est ainsi : je suis résolument contre tous les renversements de régime sans exception », a-t-il martelé. Avant de se réjouir de ce que cet avis soit partagé par Alassane Ouattara. « Cette année, dans une interview, le président Ouattara a dit une chose très importante: il a parlé d’un coup d’État que nous regrettons tous. C’est la première fois que je l’entends prononcer ces mots. Cela a échappé à beaucoup de gens mais, à mes yeux, c’est un préalable à tout retour. Il faudra encore qu’un certain nombre de conditions soient réunies: pourtant, un premier pas a été franchi », s’est-il réjoui.
Concernant ses rapports avec l’actuel Président ivoirien, Tidjane Thiam a salué un homme attentif à ses compatriotes.
« Je dois lui rendre hommage car, bien qu’il soit Président et que je ne sois qu’un simple citoyen, il a accepté que nous dialoguions », a-t-il indiqué. Puis d’ajouter que même si « par le passé, nous avons eu des divergences de vues. Pourtant, dans l’intérêt de la Côte d’Ivoire, nous nous sommes élevés au-dessus de cela ».
Le petit-neveu de Houphouët-Boigny qui a salué la volonté des Ivoiriens à aller à la paix a marqué sa volonté de participer à la construction de la réconciliation en cours dans son pays. D’où sa demande de passeport en vue de son retour en Côte d’Ivoire.
« Au sein du Parti démocratique de Côte d’Ivoire comme au sein du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix, j’ai le sentiment que les Ivoiriens sont contents que le dialogue soit renoué. L’union entre Ivoiriens, la non-violence sont des valeurs que j’ai toujours portées, aussi j’espère contribuer à la réconciliation », a-t-il laissé entendre.
Abdel-Habib Dagnogo