Transport urbain : Les VTC ne font plus recettes
Depuis leur avènement dans l’univers du transport urbain, les Véhicules de transports avec chauffeur (VTC) n’ont pas mis du temps pour conquérir une frange de la population. Mais depuis peu, on observe, en sourdine, des grincements de dents.
Quoique les arguments qui ont favorisé la percée des VTC sur le segment du transport urbain à Abidjan, à savoir et notamment la sécurité, le confort, la rapidité soient toujours de mise, on enregistre un fait que les conducteurs osent à peine d’évoquer. Lorsqu’ils le font, ces derniers, c’est avec pincement au cœur. Sur un échantillon d’une quinzaine de machinistes enregistrés chez l’opérateur Yango interrogé durant ce week-end de Pentecôte, la quasi-totalité a été unanime pour dénoncer « un manque à gagner ».
Le pourcentage perçu par les opérateurs a atteint les 18%
Pour faciliter la conversation, nous décidons de solliciter les services d’un véhicule de transport avec chauffeur, P.K. Le premier à décrire cette ambition, selon notre commande, nous emmène du Rond-point de Gesco à Abobo-BC, au niveau du palais de justice en construction. Comme s’il s’y attendait, il n’a pas fait de difficultés pour s’exprimer lors de notre première tentative d’approche. « Certes, je n’étais pas au début de l’aventure », précise P.K qui, tout de même, déclare que le pourcentage perçu par les opérateurs était de « 0% ». Mais par la suite, «quand, ça commencé à marcher, les gens sont passés à 10% ». Si on s’en tient à plusieurs autres de ses collègues avec qui on a échangé à Angré-Petro Ivoire, Treichville et Koumassi, et qui, pour des raisons évidentes, ont préféré garder l’anonymat, ce taux a même été porté « à 18% ».
Les raisons selon le Syndicat national des chauffeurs des VTC
Information confirmée par le secrétaire général (SG) du Syndicat national des chauffeurs des VTC de Côte d’Ivoire (SYNACVTC-CI), Boka N’Takpé Jules, joint au téléphone. Il en a profité pour dire que le recensement, entrepris depuis plusieurs mois auprès de conducteurs, a permis d’enregistrer à ce jour 7832 membres. Sur la question de la hausse du pourcentage jusqu’à 18%, il a indiqué que cela est dû à « certaines taxes au plan local ». Poursuivant, le responsable syndical a souligné que ces recouvrements « ont à la fois été initiés par les ministères du Transport, de l’Economie et des Finances, du Commerce et de l’Industrie ». En clair, les choses ne devraient plus être comme au tout début. C’est d’ailleurs, ce que fait remarquer le premier conducteur ( P.K) avec qui nous avons échangé. « Si on prend un ou deux mois en arrière, le coût du trajet Yopougon-Abobo BC que nous venons de parcourir à une heure de pointe (18h) à 4000F, ce n’est pas possible. Vous aurez à débourser au moins 7000F », nous a-t-il confié.Il n’en faut pas plus pour que d’aucuns, à tort ou à raison, établissent un lien entre la situation évoquée ci-dessus à la « hausse » des tarifs sur des distances «, d’ordinaire peu élevés ».
D’autres facteurs à prendre en compte
C’est sûr que plusieurs autres facteurs interviennent ou influencent les tarifs sur le terrain. Les embouteillages figurent, en n’en point douter, en bonne place. En attendant que leur livraison contribue à l’amélioration de la mobilité des populations, les nombreux chantiers d’infrastructures routières ouverts dans la capitale économique ivoirienne constituent, pour l’heure, de véritables points de congestion du trafic.
Mathias Kouamé