Réponse sociale au terrorisme/Touré Mamadou : « 80 millions d’euros, à peu près 53 milliards FCFA seront investis pour l’emploi des jeunes »
Le ministre ivoirien de la Promotion de la Jeunesse, de l’Insertion professionnelle et du Service Civique, Mamadou Touré, Porte-parole adjoint du gouvernement, est actuellement en mission en France pour conclure les discussions sur la phase 3 du C2D. En marge de cette mission, il était, mardi 07 juin 2022, l’invité de TV5 Monde Afrique. Il est revenu sur les questions de lutte contre le terrorisme et les mesures initiées par le Gouvernement en faveur des jeunes des localités frontalières dans le Nord du pays. Afin d’éviter que ceux-ci soient des proies à l’enrôlement au sein des factions terroristes, il a fait savoir que ce sont 80 millions d’Euros soit environ 53 milliards FCFA d’aide financière de la France qui seront investis dans l’emploi des jeunes.
A quel point votre pays est-il menacé par le terrorisme ?
D’abord, je voudrais vous rassurer qu’effectivement il y a eu des attaques au Nord de notre pays. Aujourd’hui la situation sécuritaire est satisfaisante. Nos forces ont pu repousser ces attaques. La sécurité est revenue. D’ailleurs nous sommes très regardant sur ce qui se passe au-delà des frontières ivoiriennes. C’est pour cela que le gouvernement ivoirien sous l’autorité du Président Alassane Ouattara, au-delà de la réponse militaire efficace qui est apportée, a décidé d’apporter une réponse sociale.
La réponse sociale dont vous parlez est le plan antiterroriste mis en place dans le Nord ?
Sous l’autorité du Premier ministre Patrick Achi, il a été conçu un programme social du gouvernement notamment un volet sur les zones de vulnérabilité. Ce sont les régions qui font frontière avec les zones nord notamment le Mali, le Burkina Faso. C’est au total 405 millions d’euro (265 662 585 000 FCFA) qui seront investis par le Gouvernement dans ces zones pour régler les problèmes d’infrastructures, de routes, l’accès à l’eau potable, l’accès à l’électricité, l’accès à l’éducation. Malheureusement ce sont des zones qui ont été délaissées. Pendant plusieurs décennies. Ces zones font l’objet d’attraction des terroristes. Qui essaient d’utiliser la vulnérabilité des jeunes pour les enrôler.
Pour vous le terrorisme est une question sociale ?
En tout cas c’est la conception du président Alassane Ouattara partagée par tous. Il ne peut pas avoir qu’une réponse militaire. A côté de l’indispensable réponse militaire, il faut une réponse sociale. Il faut aller auprès de ces populations, il faut les aider à sortir de la pauvreté. D’ailleurs nous-mêmes, dans ces 405 millions d’euros qui seront investis, nous avons 50 millions d’euros soit environ 32 797 850 000 FCFA, qui seront investis pour l’emploi des jeunes, pour la formation des jeunes, apprendre un métier aux jeunes, encadrer les jeunes.
A votre avis, c’est ce que d’autres pays n’ont pas su faire ?
La côte d’ivoire a tiré toutes les leçons de ce qui se passe dans certains pays aujourd’hui en proie au terrorisme. La Côte d’Ivoire a suffisamment anticipé pour ne pas commettre les mêmes erreurs que ces pays en axant ses actions massivement sur le volet social en faveur des populations. En les aidant à sortir de la pauvreté. D’ailleurs, je voudrais profiter de votre micro pour remercier aussi la France à travers l’Agence Française de Développement. Puis que ce programme spécial qui se met en place dans le nord de la Côte d’Ivoire verra aussi une contribution de l’AFD à travers un instrument commun que nous avons.
C’est pour cela que vous êtes en mission en France ?
Je suis en mission à Paris pour conclure les discussions sur le contenu du contrat de désendettement. C’est à peu près 80 millions d’euros qui seront investis par la France dans les projets jeunes dans notre pays à peu près 53 milliards F CFA. Dont 13 milliards F CFA pour le service civique. L’idée pour nous c’est de mobiliser, à côté des ressources nationales, mobiliser tous les partenaires au développement, l’AFD, la Banque mondiale, la BAD pour un soutien massif à l’insertion des jeunes.
Sur l’actualité politique dans votre pays, Charles Blé Goudé qui a récupéré son passeport. Est-ce une bonne nouvelle pour la réconciliation ou ça risque de raviver la situation ?
La volonté du Président de la République, Alassane Ouattara, vous l’avez très bien compris, est de réconcilier son pays. C’est de consolider la paix. Un dialogue politique a été mis en place et a permis de discuter. Laurent Gbagbo est retourné en Côte d’Ivoire. Charles Blé Goudé vient d’avoir son passeport. Il lui reviendra en lien avec les autorités compétentes de juger de l’opportunité de venir dans son pays à telle date ou telle autre date. Ce qu’il faut noter, c’est notre volonté de faire en sorte que ce pays reste en paix parce que justement l’essentiel est ailleurs. L’essentiel est aujourd’hui d’aider les jeunes à trouver du travail, d’aider les populations à sortir de la pauvreté. C’est ce à quoi le gouvernement de Patrick Achi s’attèle depuis bientôt Un an.
Abdel-Habib Dagnogo avec Sercom