L’industrie des batteries électriques : Le secteur devrait générer 168 milliards de dollars d’ici 2030
Selon la Banque mondiale, la transition énergétique va générer des « gains exceptionnels » pour les pays exportateurs de métaux. Avec leurs immenses réserves, les pays africains sont bien placés pour en capter une part importante, à condition d’investir dans la transformation locale.
Le chiffre d’affaires de l’industrie des batteries devrait dépasser 168 milliards de dollars d’ici 2030, enregistrant un taux de croissance annuel composé (CAGR) de 14 %. C’est ce que le cabinet Global Data indique dans un rapport publié cette semaine, précisant que le marché sera tiré vers le haut par les ventes de batteries lithium-ion.
C’est plutôt une bonne nouvelle pour la Chine, pays qui domine encore l’approvisionnement dans ce produit indispensable aux véhicules électriques, considérés actuellement comme l’avenir du transport terrestre. En s’appuyant sur ses réserves ainsi que des contrats d’approvisionnement en matières premières avec d’autres pays producteurs de métaux désormais stratégiques (lithium, mais aussi cobalt, nickel, graphite, etc.), l’empire du Milieu a bâti une industrie qui fournit désormais les principaux constructeurs automobiles.
Selon Michael Orme, analyste de GlobalData, c’est le fabricant de batteries chinois CATL qui symbolise aujourd’hui cette domination. « CATL est parti de pratiquement rien il y a cinq ans pour conquérir plus de 30 % du marché mondial, ce qui représente deux fois la part de l’ancien oligarque des batteries Panasonic. En 2018, CATL et Panasonic détenaient tous deux environ 16 % du marché », explique-t-il.
Malgré cette domination, la Chine ne peut satisfaire la totalité de la demande mondiale qui explose actuellement, du fait des ambitions de la plupart des constructeurs automobiles dans l’électrique. La production des métaux indispensables à cette industrie ne suit pas la même courbe que la demande, compte tenu du temps qu’il faut par exemple compter entre la découverte d’un gisement et l’entrée en production d’une mine pour l’exploiter.
« Les gouvernements doivent jouer un rôle plus important en encourageant l’exploitation minière, le raffinage et la production de cellules de batteries […]. Le lithium est abondant, mais des investissements importants sont nécessaires dans de nouvelles mines de roche dure pour répondre à la demande croissante et effrénée », indique Daniel Clarke, un autre analyste du cabinet.
C’est une problématique que certains pays africains, en l’occurrence la Zambie et la RDC, semblent avoir compris. En plus de leurs efforts pour accroitre leur production de cuivre, les deux premiers producteurs de métal rouge du continent travaillent désormais à bâtir ensemble une industrie locale de transformation de leurs ressources de lithium et de cobalt, afin d’alimenter l’industrie des véhicules électriques en matériaux pour batteries.
En attendant que ces plans se concrétisent, la participation de l’Afrique à la transition énergétique par les métaux se limite aujourd’hui à fournir la matière première aux industries américaine, japonaise et chinoise. Ces dernières années, plusieurs entreprises de ces pays ont conclu des accords avec les compagnies minières actives sur les projets de métaux stratégiques en Afrique, qu’il s’agisse de lithium avec CATL à Manono en RDC, du graphite mozambicain transformé aux Etats-Unis, ou encore du cobalt congolais dont dépend le monde à plus de 70 %.
Avec Ecofin.com