Décès du PAN : Qui était cet autre homme fort de Ouattara ?
En si peu de temps, le Président ivoirien a perdu nombre de ses fidèles lieutenants. Après les décès de ses deux Premiers ministres Amadou Gon Coulibaly en juillet 2020, puis Hamed Bakayoko en mars 2021, deux de ses piliers les plus importants, Alassane Ouattara vient de perdre à nouveau un autre de ses hommes politiques dont il était le plus proche, le Président de l’Assemblée nationale. C’est par un communiqué lu au journal de 20H de la télévision nationale le samedi 7 mai, que la présidence ivoirienne a annoncé le décès d’Amadou Soumahoro, à l’âge de 68 ans. Depuis 2019, ce suzerain du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) était le président de l’Assemblée nationale.
Dans le pays, la maladie d’Amadou Soumahoro n’était plus un secret. Son cancer de la prostate qui le rongeait avait d’ailleurs finir par l’éloigner du perchoir de l’hémicycle, un poste qu’il avait fini par obtenir après tant d’années de convoitise. L’homme suivait des soins intensifs en France puis après, en Turquie où il était contraint à des aller-retours au cours de l’année.
Rentré en Côte d’Ivoire en avril dernier, après son dernier séjour médical, Amadou Soumahoro chérissait le rêve de présider à nouveau la session parlementaire et celle du Parlement réuni en congrès à Yamoussoukro. Malheureusement, il n’a pu le faire, son état de santé s’étant considérablement affaissé.
Un « sage » au fort caractère
Ces derniers mois, en son absence, l’intérim à la tête de l’Assemblée nationale a été confié à Adama Bictogo, ce qui va être à nouveau le cas, jusqu’à ce qu’un nouveau président de la Chambre soit élu. Un remplacement qui avait donné lieu à un redoutable bras-de-fer entre caciques du RHDP, comme les aimait tant Soumahoro. Tchoumba (« le sage », en malinké), ne l’était pas tant que ça. Surtout connu pour son fort caractère et son intransigeance, Amadou Soumahoro n’avait jamais eu peur de s’opposer à d’autres cadres du parti présidentiel. Avant Adama Bictogo, il n’avait pas hésité à ferrailler avec Hamed Bakayoko, Ibrahim Cissé Bacongo ou encore Guillaume Soro.
Compagnon de route du président
Il avait pour cela la légitimité : en 1994, Amadou Soumahoro avait fait partie des huit fondateurs du Rassemblement des républicains (RDR), l’ex-parti d’Alassane Ouattara. Un compagnonnage qui ne s’était depuis jamais démenti. Maire de Séguela de 1996 à 2013, puis député de la circonscription de cette ville du Nord, il fut ministre du Commerce extérieur en 2002, puis du Commerce de 2003 à 2005.
En 2011, lorsqu’Alassane Ouattara arrive à la tête de l’État, c’est à son vieil ami qu’il confie les clés du parti en le nommant secrétaire général par intérim jusqu’en 2017. Parallèlement, Soumahoro occupe le poste de conseiller du président de la République, avant d’être nommé ministre des Affaires politiques jusqu’à son arrivée à la tête de l’Assemblée.
Cet « authentique », comme on le qualifiait au sein du parti présidentiel, était souvent un partisan de la ligne dure. Pour Alassane Ouattara, c’était surtout un fidèle depuis trois décennies.
Abdel-Habib D. avec JA