Amélioration génétique bovine: Sidi Touré remet du matériel de laboratoire d’une valeur de 40 millions FCFA au PROGIRS
Le ministre ivoirien des Ressources animales et halieutiques a procédé mardi 12 avril, à Yamoussoukro (capitale politique ivoirienne, au centre du pays), à la remise officielle de matériels de laboratoire pour la génétique et l’insémination artificielle au Projet de Gestion Intégrée des Ranchs et Stations (PROGIRS). C’était dans les locaux de la Direction régionale des Ressources animales et halieutiques.
La remise de ce don, « d’une valeur de 40 millions de FCFA, va équiper un laboratoire et permettra d’avoir des résultats plus probants en terme d’amélioration génétique au niveau de la viande et du lait de nos races locales ; plus particulièrement les bovins », a indiqué le ministre Sidi Touré.
Le premier responsable des filières animales et halieutiques a fait savoir que « ces dons sont destinés à l’équipement d’un laboratoire et permettront de faire la caractérisation moléculaire des ruminants particulièrement, les bovins ». Il a expliqué que « la caractérisation modulaire consiste à définir le degré de sang des bovins que nous disposons, ce qui permettra d’avoir des résultats probants en terme d’amélioration génétique viande et lait de nos races locales ».
« L’une des principales causes du déficit de la Côte d’Ivoire en protéine d’origine animale, lait et produits dérivés, est la faible productivité du cheptel bovin constitué essentiellement de taurins rustiques et de trypanotolérants. Le manque de matériel d’insémination n’a pas permis de produire suffisamment d’animaux améliorés en station, encore moins en milieu paysan. A cela s’ajoute le déficit en équipement moderne pour la caractérisation phénotype et génomique des animaux. Toutes choses qui ne permettent pas d’apprécier véritablement le progrès génétique enregistré », a expliqué le ministre Sidi Touré.
Ainsi, Ces dons de l’AIEA permettront « sans nul doute d’améliorer, de manière substantielle la caractérisation et la reproduction des bovins. De ce fait, il contribuera à relever aussi bien la productivité des élevages bovins et permettra à terme de résoudre la problématique du déficit en protéine d’origine animale dans notre pays », a-t-il mentionné.
Pour finir, le ministre Sidi Touré a traduit sa gratitude au Président de la République Alassane Ouattara, et le Premier ministre Patrick Achi grâce à qui, a vu le jour la Politique nationale de développement de l’élevage, de la pêche et de l’aquaculture (PONADEPA).
Pour rappel, depuis les grandes sécheresses des années 1973-1974 qui ont frappé les pays de l’hinterland, principaux pourvoyeurs de la Côte d’Ivoire en bétail sur pied, l’élevage a été décrété secteur prioritaire. Dès lors, l’élevage a bénéficié de moyens considérables pour le financement des programmes de développement, de recherche et d’expérimentation. Ces efforts de la part de l’Etat de Côte d’Ivoire ont permis de doubler l’effectif numérique des bovins au niveau national. Cependant, à partir de 1994, le retrait de l’Etat des secteurs de production pour se limiter seulement à l’encadrement a porté atteinte à l’essor obtenu lors des décennies précédentes. La crise militaro-politique de 2002 a détruit toutes les infrastructures d’élevage situées dans la partie septentrionale de la Côte d’Ivoire, zone de prédilection de l’élevage des ruminants. Pour preuve, en 2016, la production animale de viande bovine s’élevait à 31 908 tonnes équivalent carcasse (TEC) contre 40 045 tonnes équivalent carcasse importées. Celle-ci représentait environ 40% des besoins. Quant à la filière laitière, la production nationale de lait qui est en majorité d’origine bovine, est estimée à 32 465 tonnes équivalent (TEL) pour la même année. Celle-ci représentait environ 16% des besoins de consommation nationale.
Pour résoudre ce problème, l’Etat ivoirien a adopté pour l’amélioration génétique de son cheptel bovin local. Cette politique remonte depuis les indépendances, avec le croisement de la race N’dama et les races exotiques à fort potentielles par le biais de l’insémination artificielle. Ainsi des croisements entre la race N’dama et la race jersiaise à haut potentiel laitier ont été réalisés au centre d’élevage de Bingerville, puis au centre de recherche zootechnique (CRZ) de Minankro à Bouaké. Ils ont été suivis par les programmes de croisement N’dama et Abondance ou Fleeckvieh à haut potentiel viande de 1975 à 1994. Enfin, depuis 2010, des croisements entre N’dama et Montbéliarde ou Holstein sont réalisés à la station laitière de Yamoussoukro.
Abdel-Habib Dagnogo