
Dialogue et réconciliation après la grève des enseignants, Jean Yves Essoh enflamme le mercato politique, levée de boucliers sur la Convention du PDCI, Gbagbo de retour…La Matinale expresse)
Lemandatexpress – Après plusieurs jours de grève marqués par un ton ferme de part et d’autre, le gouvernement et les syndicalistes du secteur de l’éducation/formation sont parvenus au dialogue. Pendant ce temps, le mercato politique bat son plein avec le revirement spectaculaire d’un cadre du PDCI au RHDP. Et comme si cela ne suffisait pas, des voix s’élèvent au sein du parti doyen pour dénoncer le timing de la Convention prévue pour se tenir le 16 avril. C’est dans cette agitation politique, rythmée également par des contestations sur la liste électorale, que Laurent Gbagbo a regagné le pays après un séjour d’un mois en Belgique. Le décès d’Essy Amara et le cri d’alerte d’Assalé Tiémoko font également l’actualité.
Une lueur d’espoir pointe enfin. Après plusieurs jours de grève et de bras de fer, le mercure semble redescendre. Mariatou Koné, ministre de l’Éducation nationale et de l’Alphabétisation (MENA), a scellé la réconciliation avec les enseignants. Le dialogue a prévalu, hier mardi 8 avril, et les deux parties ont passé l’éponge sur les malentendus. « C’est notre capitaine, nous nous sommes compris », a assuré Bli Bilé David, chef de file de l’intersyndicale du MENA, selon Le Rassemblement.
La paix sociale et l’intérêt des fonctionnaires
Cet aboutissement nourrit la vision de la ministre d’État, ministre de la Fonction publique, Anne Désirée Ouloto, selon laquelle il faut « privilégier le dialogue pour consolider la paix sociale et l’intérêt des fonctionnaires », rapporte Abidjan 24. Toutefois, cette phase de la grève a été marquée par des interpellations et libérations dans les rangs syndicalistes. Dès lors, Notre Voie constate un certain mouvement de panique au sommet, précisant que Ghyslain Duggary, l’un des grévistes, a été condamné à 24 mois de prison ferme.
Dans cette atmosphère de crise, « Les Mamans indignées », un mouvement de parentes d’élèves, sont montées au créneau pour appeler à la reprise des cours, soulignant l’urgence de rétablir la paix scolaire. Pour ces dernières, la grève est qualifiée « d’attentat à l’avenir des enfants », comme l’indique Le Mandat. Pour rappel, les enseignants revendiquent une prime d’incitation au travail.
Une profonde saignée
Sur le plan politique, c’est l’heure des grandes manœuvres. Jean Yves Essoh, cadre démissionnaire du PDCI, a créé la surprise en rejoignant le RHDP. Une défection saluée par le ministre Cissé Bacongo, qui dément toute pression. « Jean Yves Essoh n’a pas été contraint », soutient le Secrétaire exécutif en chef des Houphouëtistes, dans des propos relayés par L’Inter. En réaction, la recrue a traduit son admiration pour le président Ouattara, le décrivant, dans Le Patriote, comme une figure emblématique du progrès et du développement de la Côte d’Ivoire.
D’autres figures du PDCI seraient sur la sellette, dont le 2ᵉ adjoint au maire de Port-Bouët, croit savoir Soir Info. Le PDCI pourrait donc connaître une profonde saignée, même si Le Bélier considère le départ de Jean Yves Essoh comme « un fait divers dans la bataille pour le pouvoir ».
La colère des collectifs de militants
Parallèlement à cette vague de transhumance, l’ambiance se crispe autour de la Convention à venir du vieux parti. « Après le Bureau politique, un collectif dénonce des irrégularités et demande le report de la Convention », relève Soir Info. Pour Le Mandat, le PDCI glisse vers l’autocratie. Le journal en veut pour preuve la colère des collectifs de militants, qui « dénoncent un passage en force et appellent à un processus plus inclusif ». Le Comité électoral de la Convention est piloté par le vice-président Georges Philippe Ézaley, nous apprend Dernière Heure.
Dans ce contexte d’agitation politique, Laurent Gbagbo effectue un retour très observé après un séjour d’un mois en Belgique. Le leader du PPA-CI pose à nouveau ses valises sur la terre de ses ancêtres, s’exclame Le Canard Déchaîné. Pendant ce temps, son parti réclame un audit complet de la liste électorale. En effet, selon Sébastien Dano Djédjé, président exécutif du PPA-CI, cette liste provisoire est truffée d’irrégularités. Il dénonce, dans La Voie Originale, le rejet systématique de leurs 24 959 requêtes dans le Tchologo. Enfin, pour Dano Djédjé, qui réaffirme la candidature de Laurent Gbagbo à la présidentielle, « la CEI actuelle ne peut pas garantir des élections transparentes ».
En outre, l’actualité nationale est marquée par le décès, à l’âge de 81 ans, d’Essy Amara, ex-ministre d’État de Côte d’Ivoire et dernier Secrétaire général de l’Organisation de l’unité africaine (actuelle Union africaine). La presse dans son ensemble rend hommage à un dinosaure de la diplomatie ivoirienne.
Cri d’alerte
On note également le cri d’alerte d’Assalé Tiémoko. Le bouillant député-maire de Tiassalé se dit en danger. « Je suis menacé de mort. On veut lever mon immunité parlementaire », a-t-il confié à Le Nouveau Réveil.
Au total, entre dialogue social fragile, bataille électorale en gestation et recompositions politiques, la Côte d’Ivoire entre dans une zone cruciale où les enjeux justifient les moyens.
Martial Galé