
Thiam, une absence qui sème le doute – « Démocratie et valeurs » du FPI réaffirme son engagement, Alpha Blondy pris à partie, l’école ivoirienne dans la tourmente …(La Matinale expresse)
Lemandatexpress – Lors de la 18e session du Bureau politique du PDCI-RDA, tenue samedi 5 avril à Yamoussoukro, le président Tidjane Thiam a brillé par son absence. Un fait loin d’être anodin, qui soulève de nombreuses interrogations. Dans le même temps, à Abidjan, le courant « Démocratie et valeurs » du FPI défendait, au cours d’un meeting, le partenariat avec le RHDP. Quant à Alpha Blondy, il est raillé de toutes parts après sa déclaration sur la libération de Laurent Gbagbo. Dans le domaine de l’éducation, le bras de fer entre enseignants ne faiblit pas, alors que le gouvernement a brandi des sanctions. Sur le plan économique, le patronat ivoirien a eu une importante séance de travail avec le FMI.
Fuite, boycott, abandon, etc. Les terminologies varient d’un média à l’autre. Mais le référent est le même : l’absence retentissante de Tidjane Thiam au 18e Bureau politique du PDCI-RDA, samedi dernier, à la Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix de Yamoussoukro. Le successeur d’Henri Konan Bédié, à l’initiative de la convocation de cette réunion, n’était pas présent. À la surprise générale. C’est le secrétaire exécutif en chef, conformément à l’article 81 des statuts du parti, qui a dirigé les travaux.
Comme il fallait s’y attendre, la presse, dans sa majorité, se fait l’écho de cette occurrence ce lundi 7 avril. Le Mandat y va sans ménagement, affirmant que « Thiam boycotte son premier Bureau politique ». Par ailleurs, le journal croit savoir que le président du PDCI-RDA risque un retrait de son passeport ivoirien, ce qui a le mérite d’installer le doute dans le parti, alors que Jean-Louis Billon plaide en faveur de la « vérité et du respect des règles ». L’Arc-en-ciel, de son côté, estime que Thiam abandonne les militants, tandis que Le Rassemblement le soupçonne d’avoir fui le Bureau politique pour aller s’installer en France.
Cet événement a mis en lumière toute la complexité de la vie interne au PDCI. Le parti est visiblement en crise ouverte, comme l’indique Aujourd’hui, qui évoque Jean-Louis Billon « dénonçant une tentative de passage en force ». Le Nouveau Réveil aborde cette actualité sous un angle un tantinet plus rassurant. Pour ce journal, le PDCI met le cap sur la présidentielle d’octobre 2025 à l’issue du Bureau politique. Il décrit par ailleurs l’absence de Thiam comme étant « pour le haut intérêt du PDCI ». Tout en rappelant la date des conventions éclatées (16 avril) pour la désignation du candidat du PDCI à la présidentielle, Le Nouveau Réveil affirme catégoriquement que « le président Thiam ne se rendra pas à Djibouti (où il était annoncé) et que son passeport ne lui a pas été retiré ». Mais L’Avenir douche quelque peu cet optimisme, en citant un cadre du PDCI qui affirme : « N’accusez pas le RHDP, le risque que Thiam ne soit pas candidat est bien réel. »
Parallèlement au PDCI-RDA, le courant « Démocratie et valeurs » du FPI, mené par Issiaka Sangaré et Diabaté Bêh, était en meeting à Abobo, dans le périmètre du palais de justice (en construction). À cette occasion, ce mouvement dissident a réaffirmé son engagement en faveur du partenariat avec le RHDP, rapporte Soir Info. Le Matin cite Diabaté Bêh, qui affirme : « Nous ne pouvons pas nous opposer à la candidature de Ouattara. » Ces propos font écho à la grande mobilisation qui se fait autour du chef de l’État. Selon Abidjan 24, Bouaké a organisé un giga concert de gratitude à l’endroit du président Ouattara. Idem à Bongouanou, où ses actions ont été saluées par l’Inspecteur général Ahoua N’doli Théophile.
Relativement effacé du débat politique ces derniers temps, Alpha Blondy est revenu subitement au cœur de l’actualité. La faute à sa sortie sur RFI, où il s’est prononcé sur la libération de Laurent Gbagbo à la CPI. La légende du reggae affirmait que le président de la République avait contribué à cet aboutissement heureux. Les réactions ne se sont pas fait attendre. « Alpha Blondy sèchement recadré par Laurent Gbagbo », écrit Le Quotidien d’Abidjan. Pour Aujourd’hui, Me Habiba Touré accuse Alpha Blondy. L’avocate du PPA-CI a d’ailleurs déclaré, dans La Voie Originale, que « le retour de Gbagbo n’est pas un cadeau du pouvoir ».
Cette montée d’adrénaline est palpable également au niveau de l’Éducation nationale avec la grève des Intersyndicales MENA/METFPA. Après le débrayage des 3 et 4 avril, les grévistes ont décidé de poursuivre leur mouvement aujourd’hui. Le gouvernement a haussé le ton, comme le souligne Fraternité Matin. « Tout enseignant absent sera considéré comme démissionnaire », écrit L’Avenir, relayant ainsi les sanctions brandies par la ministre de la Fonction publique. En clair, résume Le Sursaut, l’école est dans la tourmente et cette journée du lundi 7 est décisive.
Pendant ce temps, le groupement du patronat ivoirien, échangeant avec une mission du FMI, a plaidé pour plus de financements en faveur des PME, nous apprend L’Inter. Au cours de cette rencontre, des sujets importants ont été abordés, constate de son côté Soir Info. Une petite note de gaité dans cette grisaille sociopolitique, qui reste dominée par les péripéties du PDCI et de son président Tidjane Thiam.
Martial Galé