
Côte d’Ivoire : Les entreprises locales peinent à tirer profit des marchés de la BAD
Lemandatexpress – Le retour du siège de la Banque africaine de développement (BAD) à Abidjan avait nourri de grands espoirs parmi les entreprises ivoiriennes. Trois ans plus tard, ces attentes restent largement déçues, en particulier en ce qui concerne l’accès aux marchés de l’institution.
Selon des données révélées lors d’un séminaire organisé le 26 mars 2025 par la BAD, et rapportées par Sika Finance, les entreprises ivoiriennes ne captent que 11 % des contrats liés aux acquisitions institutionnelles de la Banque sur les trois dernières années. Un chiffre jugé faible, compte tenu du potentiel du tissu économique local et de la proximité géographique avec le siège de l’institution.
Afin d’identifier les freins à cette faible participation, la BAD a réuni plus de 160 représentants d’entreprises ivoiriennes lors d’une journée d’échanges. L’objectif : mieux faire connaître les mécanismes de passation de marchés et aider les entreprises à renforcer leur compétitivité dans les appels d’offres de la Banque. À cette occasion, Marcelle Akposso, cheffe de division des acquisitions institutionnelles à la BAD, a fouetté l’orgueil des entreprises.
« Ne vous fixez pas de limites, soyez audacieux et allez chercher des marchés au-delà du cadre national », a-t-elle exhorté, insistant sur le fait que les marchés de la Banque sont accessibles aux entreprises des 81 pays membres, sans restrictions géographiques.
Des obstacles bien identifiés
La faible représentation des entreprises ivoiriennes dans les contrats de la BAD s’explique par plusieurs facteurs : méconnaissance des procédures, manque d’expérience dans la préparation des dossiers et perception d’une trop grande complexité administrative.
« Nous pensions que ces appels d’offres étaient hors de notre portée, mais nous avons découvert que l’inscription dans la base de données fournisseurs de la Banque était un prérequis essentiel », a confié Cyrille Eddie, dirigeant d’une entreprise spécialisée dans le contrôle industriel.
Certains participants ont également pointé le manque de formation adéquate, freinant leur capacité à structurer des offres compétitives et conformes aux exigences de la Banque.
Des pistes pour renforcer la participation locale
Pour inverser la tendance, la BAD recommande plusieurs actions clés : surveiller de manière proactive le plan annuel d’acquisition disponible en ligne, s’enregistrer dans la base de données fournisseurs, et cibler les appels d’offres en lien avec le cœur de métier de l’entreprise. La formation continue sur les procédures de la Banque est également cruciale.
Dans cette dynamique, la BAD s’engage à multiplier les séminaires de sensibilisation et les sessions de renforcement des capacités, dans le but d’intégrer davantage les entreprises ivoiriennes dans ses processus d’acquisition.
Le message aux opérateurs économiques ivoiriens est clair : les opportunités existent, mais elles exigent de la préparation, de la stratégie… et surtout, de l’audace.
Martial Galé