
Le PDCI dans un grand tourbillon, « bizarreries » sur la liste électorale, des syndicats se désolidarisent, plusieurs biens détruits à Akoupé (La Matinale expresse)
Lemandatexpress – Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), en proie à de multiples problèmes juridiques et internes, est dans un grand tourbillon. Il chercherait, semble-t-il, un plan B à la candidature de Tidjane Thiam. Dans le cadre du contentieux sur la liste électorale provisoire, plusieurs anomalies ont été soulevées par les requérants. Alors qu’un préavis de grève de quarante-huit heures a été lancé par l’Inter-syndical du ministère de l’Éducation nationale et de l’Alphabétisation (IS-MENA), plusieurs syndicats ont pris leurs distances avec ce débrayage annoncé. Atmosphère belliqueuse à Akoupé, où des communautés se sont affrontées hier, occasionnant plusieurs dégâts.
La météo politique ivoirienne est dominée par le PDCI-RDA et ses nombreux soubresauts à n’en point finir. Le vieux parti, qui s’est senti pousser des ailes avec l’arrivée de Tidjane Thiam, au point de rêver d’un retour à la tête du pays, est littéralement balloté de toutes parts. Les événements s’enchaînent à l’image d’un thriller hollywoodien et pourraient bien doucher l’enthousiasme du départ. Ce mercredi, Tidjane Thiam sera une nouvelle fois au tribunal pour une audience devant le juge des référés à l’initiative de Yapo Valérie. Alors, « les militants du PDCI retiennent leur souffle », comme l’écrit Le Jour Plus.
Le Nouveau Réveil traduit parfaitement cette angoisse en s’interrogeant au sujet de cette audience : « La justice fera-t-elle le jeu des comploteurs contre Thiam et le PDCI ? ». Visiblement, le parti septuagénaire est pris dans « un grand tourbillon », analyse Le Rassemblement, même si des voix s’élèvent de partout, notamment depuis la Mé, pour dénoncer ce qu’elles considèrent comme une « attitude cavalière et suicidaire de Yapo Valérie » et marquer leur solidarité envers le président Thiam. Aussi, le délégué honoraire du PDCI à Washington, cité par L’Inter, affirme : « Ce qui se passe n’est qu’une tempête dans un verre d’eau. »
Par ailleurs, on risque bien d’assister à une chasse aux sorcières au sein de la maison vert et blanc si l’on en croit Le Matin, qui affirme que « le camp Thiam pointe le canon sur Guikahué ». Les mis en cause répliquent : « C’est une manipulation grossière. Nous refusons les mensonges et les calomnies. »
Thiam lui-même se dit optimiste et serein. Mais il semble que la direction du PDCI s’active subrepticement pour parer à toute éventualité en vue de la présidentielle d’octobre. Au cas où l’ancien DG du Crédit Suisse ne remplirait pas les conditions pour briguer la magistrature suprême du pays, il faudrait trouver un plan B. « Face aux difficultés judiciaires de Thiam, le PDCI prépare Jean-Marc Yacé », annonce Le Mandat. Maire de la commune de Cocody, ce dernier était candidat au congrès du 22 décembre 2023, sanctionné par l’écrasante victoire (96,8 %) de Thiam.
Parallèlement aux problèmes du PDCI-RDA, le contentieux de la liste électorale provisoire bat son plein. Les critiques et dénonciations fusent de toutes parts, pointant des irrégularités sur la liste disponible depuis le 17 mars dernier. L’ancien préfet d’Abidjan, Vincent Toh Bi, régulièrement inscrit dans la commune de Marcory, dit se retrouver miraculeusement dans un centre de la sous-préfecture de Tonla, plus précisément au campement de Kouassibakro. Le Canard Déchaîné en déduit qu’il y a des « bizarreries » sur la liste électorale.
De son côté, le Front populaire ivoirien, après analyse du fichier, va saisir la Commission électorale indépendante ce mercredi, nous apprend Notre Voie. Le parti d’Affi N’Guessan, tout comme le PPA-CI de Laurent Gbagbo, dénombre plus de 6 millions d’inscrits en violation de l’article 7 du Code électoral. Autrement dit, « 6 millions d’inscrits à radier sur 8,7 », pour reprendre les termes de L’Intelligent d’Abidjan. Par ailleurs, le processus du contentieux se heurte à un obstacle opérationnel en France, où, selon La Voie Originale, il y a « 40 000 électeurs pour un seul centre de réclamations ».
Au niveau social, la grève projetée par l’Inter-syndical du ministère de l’Éducation nationale et de l’Alphabétisation, pour les 3 et 4 avril, est fortement compromise. Ce mouvement est fragilisé de l’intérieur. L’information est largement relayée par la presse ce matin. « Les syndicats les plus représentatifs se désolidarisent du mot d’ordre de l’IS-MENA », écrit L’Avenir, tout en rappelant les assurances de la ministre d’État, ministre de la Fonction publique, Anne Désirée Ouloto. « Des syndicats disent non à Blé David », tranche L’Intelligent d’Abidjan. Pendant ce temps, Abidjan 24 enfonce Blé Bilé David, le meneur de la fronde, en le décrivant comme « un retraité qui vend du vent aux enseignants ». Dernière Heure aborde le sujet sous un autre angle en insistant sur le maintien de « la grève des 4 et 5 avril » par certains syndicats.
À Akoupé, dans la région de la Mé, des affrontements entre deux communautés ont marqué la journée du mardi. Un conflit qui a fait plusieurs blessés, selon Le Sursaut. De même, « plusieurs biens ont été détruits », renchérit Le Jour Plus, précisant : « Une affaire de maquis qui a failli tout gâter. » Si le calme est revenu à Akoupé, c’est grâce à l’intervention des policiers et gendarmes déployés sur le terrain.
Enfin, l’actualité au niveau de la Fonction publique met en lumière des révélations troublantes concernant des agents aux faux diplômes démasqués dans les Douanes ivoiriennes.
Martial Galé