
Contentieux de la liste électorale 2024: Le FPI livre ses observations et demande un audit indépendant
Lemandatexpress – Parti d’opposition, le Front populaire ivoirien (FPI) a mené une analyse détaillée de la liste électorale provisoire 2024 affichée depuis le 17 mars dernier. Il en ressort des observations que le parti d’Affi N’Guessan qualifie d’anomalies.
Déterminé à se faire une idée de la fiabilité et de la crédibilité de la liste électorale pour la présidentielle de 2025, le Front populaire ivoirien (FPI) a saisi la période du contentieux pour mener son analyse du corpus provisoire mis à disposition par la CEI. Ce travail de fourmi, dont nous avons consulté les résultats, tourne autour des axes suivants : l’application de l’article 7 du Code électoral, les cas des pères et mères avec un nombre irrationnel de progénitures, les doublons et les cas de transhumance.
L’étude du FPI, qui plonge jusque dans la liste électorale de 2010, relève une violation de l’article 7 du Code électoral, qui énonce de façon exhaustive les informations et documents requis pour l’enrôlement sur la liste électorale. En effet, selon le parti frontiste, en 2024, sur 788 746 nouveaux inscrits, 65 013 ont des informations incomplètes, soit 8 % des nouveaux inscrits, contre 26 % l’année précédente. Autrement dit, sur 575 489 nouveaux inscrits en 2023, 152 031 avaient des informations incomplètes.
Réduction
Concernant la filiation des électeurs, le FPI fait plusieurs constats. Premièrement, sur les cas des mères ayant de multiples enfants : « Sur la liste électorale de 2023, il y a 369 517 électeurs dont les mères sont sur la liste des 5 517 mères de plus de 15 enfants, soit 4,6 % des électeurs. En 2024, ces nombres passent à 143 508 électeurs pour 1 217 mères, soit 1,6 % des électeurs », indique le rapport d’enquête.
Sur le cas des pères et mères ayant de multiples enfants, l’enquête souligne que sur la liste électorale de 2023, il y a 329 754 électeurs dont les pères ont plus de 20 enfants sur la liste électorale. Ajoutant qu’en 2024, le nombre total de ces cas est descendu à 931 pères pour 166 020 électeurs.
Sur ce volet, le FPI, considérant la « forte réduction du nombre de pères et de mères aux enfants multiples » en 2024, soutient que « cela mérite une enquête ».
Doublons
« Ensuite, nous avons cherché aussi ce que nous appelons les doublons masqués (mêmes noms, prénoms, dates et lieux de naissance, mêmes noms et prénoms de parents, avec différents numéros d’électeurs) », précise le FPI.
En effet, selon l’enquête que nous avons consultée, il y a 223 397 électeurs qui ont 447 674 numéros d’électeurs (certains ont deux ou trois cartes d’électeur chacun) sur la liste électorale de 2024, soit un surplus de 224 277.
Le FPI trouve curieux que la totalité des doublons parfaits se trouve dans les trois départements suivants : Agboville, Sikensi et Tiassalé, où il y a au total 219 964 électeurs avec chacun deux cartes, soit un surplus de 219 964 cartes d’électeurs ! Le parti d’Affi N’Guessan en déduit qu’une telle liste électorale est inadaptée à garantir des élections justes !
Transhumances
La transhumance électorale, comme le rappelle l’enquête du FPI, c’est lorsque l’électeur change de lieu de vote d’une élection à l’autre. Si ces mouvements s’observent dans plusieurs circonscriptions, l’analyse du Front populaire relève une proportion très élevée dans les villes de Tiassalé, Agboville et Sikensi, qui affichent des augmentations respectives de 120 %, 117 % et 77 %. Les nouveaux électeurs seraient venus essentiellement d’Abidjan, à en croire l’enquête.
Au total, sur la base de ces observations (présentées ici de façon succincte), le FPI milite pour un audit indépendant de la liste électorale. C’est, selon cette formation politique, une condition pour garantir une élection présidentielle transparente et crédible.
M. Galé