
Jean-Louis Billon revient à la charge : « Au PDCI, les choses ne sont pas faites dans la clarté » – Ce qu’il dit de Bédié et Thiam
Lemandatexpress – Jean-Louis Billon s’est longuement confié dans « L’Appart Politique », une production de Muntu Officiel. Dans cet entretien, ce cadre du PDCI, candidat déclaré à la présidentielle d’octobre 2025, évoque, entre autres sujets, les problèmes au sein du parti depuis l’arrivée de Tidjane Thiam, ainsi que la mémoire de feu Henri Konan Bédié.
Jean-Louis Billon n’a pas changé de fusil d’épaule. Toujours aussi direct dans son regard sur le PDCI-RDA, le délégué départemental de Dabakala 1 en a remis une couche au cours d’un entretien avec Muntu Officiel. Interrogé sur les divergences et tensions qui ont cours au sein du vieux parti, il a été cash : « Le vrai problème au sein du PDCI, c’est qu’on ne fait pas les choses dans la clarté. Et moi, j’ai toujours dit que si les choses ne sont pas faites dans la clarté, je me réserve toute opportunité. Et pour l’instant, le parti n’en fait pas la voie. »
Jean-Louis, qui s’est déjà positionné pour la présidentielle d’octobre, insiste sur la tenue des instances que sont le Bureau politique, le Congrès et la Convention. Ce sont, selon lui, des ressorts essentiels qui ont toujours fait la force du parti jusqu’à la mort du président Bédié.
Il a d’ailleurs rappelé le Congrès ordinaire resté en suspens et dont la tenue, à l’en croire, s’impose : « Le président Bédié a laissé le parti en bon état. Il a préparé le 13ᵉ Congrès et tout était prêt. Ne pas tenir ce Congrès, c’est le trahir. »
Pour justifier ce qu’il considère comme des dysfonctionnements au PDCI, Billon pointe la faiblesse opérationnelle de l’équipe mise en place par Tidjane Thiam: « Les personnes qui l’entourent le conseillent très mal. Je pense qu’il a fait venir quelqu’un comme Guikahué qui, lui, connaît la maison.Mais les premières personnes avec qui il a fonctionné n’étaient pas au fait des choses du parti », dénonce-t-il.
Alors que la rivalité avec Thiam reste vive à sept mois de la présidentielle, le patron du groupe SIFCA ne montre aucun signe de résignation ou de repli. Il tient à ses ambitions, au point d’écarter Thiam dans une politique-fiction consistant à faire un choix sacrificiel entre les deux adversaires.
« Ce devrait être lui parce qu’il connaît moins la Côte d’Ivoire (…) Il est difficile d’arriver et de dire : ‘‘Je vais gérer un pays que je ne connais plus vraiment.’’ »
En réalité, Jean-Louis Billon se présente comme le candidat légitime du PDCI sur la base de son parcours militant. « Si le parti est encore là, c’est en grande partie grâce à moi et à deux ou trois autres. Sinon, il aurait été phagocyté (…) Alors qu’il y en a qui disent : ‘‘Tu n’as rien fait.’’ Pourtant, il y en a qui n’ont vraiment rien fait », prétend l’ancien ministre du Commerce.
Par ailleurs, dans cet entretien, Billon a rendu un vibrant hommage à feu Henri Konan Bédié, qu’il considérait comme « un père dans le parti ». Le présentant comme un homme d’un grand enseignement, il a souligné que le Sphinx de Daoukro était l’un des artisans du miracle ivoirien aux côtés du père fondateur, Félix Houphouët-Boigny..« Il m’a dit une chose, pas longtemps avant de partir : ‘‘Tu feras attention à l’ingratitude, il y en aura beaucoup’’», se souvient-il. Un conseil que le candidat à la présidentielle dit suivre à la lettre, à une période où ses efforts au service du PDCI-RDA semblent, selon lui, peu reconnus.
Martial Galé