
Premier grand tournant de la Présidentielle, l’article 48 plane sur la tête de Thiam, l’appel pressant de Mambé… (La Matinale expresse)
Lemandatexpress – Le processus menant à l’élection présidentielle d’octobre franchit une étape cruciale avec l’affichage de la liste électorale provisoire, ce lundi 17 mars. Dans ce contexte, le débat soulevé par Tidjane Thiam sur l’article 48 du Code de la nationalité enflamme l’espace public. De son côté, le PPA-CI maintient sa revendication concernant la réintégration de Laurent Gbagbo. Cette montée des tensions fait peser des menaces sur le climat social, poussant le Premier ministre Robert Beugré Mambé à lancer, depuis Bongouanou, un appel à la paix.
Entre le 19 octobre et le 17 novembre 2024, la Commission électorale indépendante (CEI) a collecté des données pour la mise à jour annuelle du fichier électoral. Cette opération a recensé 1 461 081 requérants, dont 794 544 hommes et 666 537 femmes, selon les chiffres officiels de la CEI. Après le traitement des données, l’affichage de la liste électorale provisoire démarre ce lundi 17 mars.
Cette étape de la révision de la liste électorale (RLE), qui précède le contentieux, est scrutée avec la plus grande attention par l’ensemble des acteurs politiques et la population, au regard des enjeux qu’elle représente. Le Nouveau Réveil la qualifie de « premier grand tournant avant octobre ». Pour Le Mandat, c’est une semaine décisive qui s’ouvre, mettant en lumière les attentes et les tensions.
Plusieurs questions
En effet, comme le souligne Le Nouveau Réveil, plusieurs questions se posent à ce stade de la révision électorale : « Qui sera sur la liste ? Qui n’y sera pas ? » Selon le journal, les Ivoiriens attendent avec impatience des nouvelles concernant Tidjane Thiam, Laurent Gbagbo, Guillaume Soro et Charles Blé Goudé, considérés comme des cas sensibles.
Déjà, le PPA-CI, dont le leader Laurent Gbagbo a été retiré de la liste électorale à la suite de sa condamnation par la justice ivoirienne, se montre particulièrement vigilant. Dans La Voie Originale, Lida Kouassi prévient : « Si Gbagbo n’est pas sur la liste, nous allons agir… Trop, c’est trop. Nous ne nous laisserons pas faire. »
Sur le même sujet, Stéphane Kipré adopte un ton tout aussi ferme. « Évitons maintenant ce qui va nous conduire à des palabres demain », a-t-il déclaré à Debrimou (Dabou), selon Le Quotidien d’Abidjan. Le vice-président exécutif du PPA-CI ajoute : « Envisager une élection sans Laurent Gbagbo est inacceptable. L’injustice ne peut plus prospérer dans ce pays. »
Thiam et la menace de l’article 48
Quid de Tidjane Thiam ? Présent sur la liste électorale de 2022, il se retrouve au cœur du débat sur la RLE 2024, non seulement en raison des revendications de son parti, mais aussi à cause de sa double nationalité qui fait polémique. Actuellement en procédure de renonciation à la nationalité française, le président du PDCI-RDA est sous le feu des projecteurs. L’article 48 du Code de la nationalité plane sur lui tel une épée de Damoclès. Le Patriote s’interroge : « Présidentielle : Article 48, le terminus de Thiam ? »
Face à cette menace qui découle strictement de la loi, Thiam crie à l’injustice. « On veut essayer de m’éliminer », a-t-il alerté selon Soir Info. Il accuse, par ailleurs, le RHDP de vouloir l’évincer et fustige « 15 ans de rattrapage » politique.
En vrai, Thiam qui était face au personnel politique du Zanzan à Yamoussoukro avant de rencontrer, à Paris, la diaspora ivoirienne, s’est montré inhabituellement prolixe au cours de la semaine écoulée. La publication de son décret de naturalisation et de son acte de naissance français a accentué la polémique, le poussant à qualifier l’article 48 de « sombre loi ».
Le Jour Plus estime que, face à cette réalité, « Thiam s’enflamme et menace ». Le Mandat enfonce le clou en titrant : « Tidjane Thiam maintient le flou et s’érige en victime. »
Le Matin, pour sa part, relaie la réponse du ministre Amadou Coulibaly aux propos de Thiam sur l’article 48 du Code de la nationalité. Le porte-parole du gouvernement affirme que « Thiam insulte la mémoire d’Houphouët-Boigny », à l’origine de cette loi. Il va plus loin en accusant le PDCI d’avoir posé « les actions les plus sombres sur les questions d’éligibilité ».
La terre d’Ivoire
Dans ce climat tendu, le Premier ministre Beugré Mambé, depuis Bongouanou, a une nouvelle fois appelé à la paix. « Ne semons pas les graines de la division », a-t-il plaidé lors de la fête du Trône de Nanan Ehora Tehoua, 13e roi du Moronou. Comme l’écrit Le Mandat, le chef du gouvernement, parrain de la cérémonie, a tiré la sonnette d’alarme en lançant un appel solennel à la classe politique : « La terre d’Ivoire ne doit pas boire le sang de ses enfants. »
Un plaidoyer qui, on l’espère, contribuera à apaiser quelque peu les tensions politiques en cette période cruciale d’affichage de la liste électorale provisoire.
Martial Galé