
Affaire « article 48, une sombre loi », Amadou Coulibaly recadre Tidjane Thiam : « Il veut insulter la mémoire du président Félix Houphouët-Boigny »
Lemandatexpress – La sortie controversée de Tidjane Thiam sur l’article 48 du Code de la nationalité ivoirienne n’est pas restée sans réponse de la part du pouvoir en place. Le ministre Amadou Coulibaly, profitant d’une rencontre avec des militants RHDP, a recadré littéralement le président du PDCI.
Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement a questionné les raisons qui poussent Thiam à critiquer une loi instaurée par Houphouët-Boigny, soutenant que cela pourrait être perçu comme une insulte à sa mémoire.
« Cet article a été adopté sous Félix Houphouët-Boigny dont il prétend être le petit fils. Pourquoi il veut insulter la mémoire du président Félix Houphouët-Boigny ? », s’est interrogé, d’entrée, Amadou Coulibaly.
Historique du Code de la nationalité
Poursuivant, celui qu’on surnomme AMS a retracé l’historique du Code de la nationalité ivoirienne, battant en brèche les allégations de l’ancien DG du Crédit Suisse. « Les sachants qui sont ici savent que dans les années 70, le Président a voulu introduire le principe de la double nationalité. Le débat a été lancé autour des années 72. Ils sont allés en Assemblée en 1974. Le Président a été mis en minorité. C’est ainsi que le principe de la double nationalité n’a pas été inscrit dans notre Code de la nationalité.»
Est-ce que c’est nous ?
Le faisant, Amadou Coulibaly a montré que le RHDP n’est pas l’instigateur de l’article 48 que Thiam décrit comme une sombre loi. Il en a profité pour railler l’opposant avec une pointe d’ironie. « Sombre article 48, est-ce que c’est nous ? Quand il parle, il parle avec tellement de conviction qu’on a l’impression que tout ce qu’il dit est vrai. Les « dohimans » (les démagogues), c’est comme ça ils sont. Tu regardes son visage, tu ne sais pas que ce qu’il tu dis, c’est dôhi (faux)», s’est marré le ministre Amadou Coulibaly avant de replonger son auditoire dans la Constitution de 2000 et notamment en son article 35 et ses nombreuses limitations en matière d’éligibilité.
« En 2016,on a eu une Constitution qui a enlevé toutes les germes confligènes. Tout est allégé. C’est au nom de ça que certains se tapent la poitrine. Dites merci au président Ouattara pour sa vision. Et c’est par ça qu’il aurait fallu commencer », a souligné le cadre du RHDP.
La mise au point d’Amadou Coulibaly est consécutive à une diatribe de Tidjane Thiam au sujet du Code de la nationalité. Alors que la question de sa double nationalité reste pendante, avec en toile de fond l’éligibilité à la présidentielle, le successeur d’Henri Konan Bédié a émis des réserves sur cette loi, lors d’une rencontre avec le personnel politique du PDCI venu du Zanzan.
« Ne vous laissez pas avoir par ce genre de choses. La Constitution est au-dessus de la loi. Quand on ne respecte pas la Constitution, on ne peut pas imposer aux gens le respect de la loi », a-t-déclaré, dans un premier temps.
Un Ivoirien majeur perd sa nationalité…
Thiam est allé plus loin, en martelant : «Ne laissez pas les gens qui ne respectent pas la Constitution, qui sont sur le point de faire un quatrième mandat illégal, vous complexer avec un article 48 sombre que personne ne connaisse. C’est plus grave que de ne pas respecter la Constitution. Pour moi, on n’a pas de complexe à se faire ».
Pour rappel, l’article 48 du Code de la nationalité ivoirienne stipule qu’un Ivoirien majeur perd sa nationalité lors de l’acquisition volontaire d’une nationalité étrangère. Ayant acquis la nationalité française par naturalisation, Tidjane Thiam est donc dans le viseur de cette disposition en vue de la présidentielle. Ce qui justifie sa sortie de Yamoussoukro, rapidement battue en brèche par le ministre Amadou Coulibaly.
Martial Galé