
Nationalité de Tidjane Thiam : Félix Boni s’interroge – « Est-ce qu’ils n’ont pas menti trop tôt aux Ivoiriens ? »
Lemandatexpress – Le journaliste et analyste politique ivoirien Félix Boni s’est invité dans la polémique autour de la nationalité de Cheick Tidjane Thiam. Réagissant aux explications fournies par le président du PDCI aux militants réunis à Yamoussoukro, samedi, il reste sceptique.
Après avoir entamé sa procédure de renonciation à la nationalité française, Tidjane Thiam s’est exprimé devant les enseignants du PDCI, samedi dernier à Yamoussoukro, afin de clarifier la situation. « Pour des actions dont nous pouvons prouver qu’elles sont inscrites à l’agenda depuis longtemps, il faut être sérieux. Après une petite tempête de quatre jours, vous pensez vraiment que ce dossier a été monté en quatre jours ? Parce qu’ils ont dit quelque chose dimanche, et que nous aurions couru vendredi pour aller déposer un dossier ? » a-t-il déclaré.
L’ancien ministre du Plan a insisté sur le fait que la question de sa nationalité avait été abordée bien avant l’élection à la présidence du PDCI. « Les gens au PDCI sont responsables. Dès cet instant, avant même l’élection à la tête du Parti, la question de ma nationalité a été posée. Et le comité m’a demandé : « Es-tu prêt à renoncer à ta nationalité française ? » J’ai répondu oui, bien sûr. Je suis un homme de parole. Je n’ai qu’une parole. J’ai fait ce que j’ai dit. Point à la ligne. »
Et pourtant…
Malgré ces explications, Félix Boni demeure dubitatif. Dimanche, sur le plateau du Club Presse de RTI1, il a livré une analyse critique de l’échange entre Tidjane Thiam et son auditoire. « Ceux qui étaient en face attendaient quelque chose de bien précis : des explications claires sur le dépôt du dossier de renonciation à la nationalité française. Mais le président du PDCI a tenté, plus ou moins, de s’expliquer. Et je voyais un public quand même un peu inquiet parce que ces propos qu’il a tenus n’ont pas réellement suscité de l’enthousiasme dans la salle. Ce qui montre que les militants qui sont encore avec le président Thiam par rapport à cette question sont un peu inquiets parce que c’est une procédure qu’il vient d’entamer*», a-t-il relevé.
L’analyste souligne également que la procédure de renonciation à la nationalité française peut prendre du temps, alors que le dépôt des candidatures pour l’élection présidentielle approche à grands pas. « C’est une procédure qui peut prendre un certain temps là où dans quatre à cinq mois exactement les candidatures devraient être déjà déposées. Il va falloir déposer sa candidature là où dans deux trois mois, éventuellement, le PDCI va faire sa convention, là où le Bureau politique a été annoncé pour le début du mois d’avril.»
Un problème de communication ?
De faiy, Félix Boni pointe un manque de transparence dans la gestion de cette affaire : « Depuis tout ce temps, cela aurait pu être dit ouvertement. Pourtant, le porte-parole, les compagnons directs, le juriste maison… Tous ont affirmé qu’il n’y avait aucun problème d’éligibilité, qu’il était un Ivoirien exclusif. Et maintenant, on découvre que ce n’est pas un Ivoirien exclusif. »
L’analyste s’interroge sur l’impact politique de cette controverse et sur la capacité de Tidjane Thiam à convaincre au-delà des militants du PDCI en ces termes. « Est-ce qu’ils n’ont pas menti trop tôt aux Ivoiriens ? Tromper les militants du PDCI-RDA, c’est une chose. Mais il faudra ensuite convaincre l’ensemble des Ivoiriens que leur candidat est un homme de parole, qui tient un discours clair.»
Pendant ce temps, les autres formations politiques, notamment le PPA-CI, poursuivent activement leurs stratégies, à l’image de l’opération « Côcôcô », lancée samedi à Marcory, fait remarquer le consultant.
Martial Galé