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Côte d’Ivoire: Alerte sur la pollution des rivières, le ministre Assahoré hausse le ton
Lemandatexpress – Face à la recrudescence des cas de pollution des rivières et cours d’eau en Côte d’Ivoire, le ministre de l’Environnement, du Développement durable et de la Transition écologique, Assahoré Konan Jacques, a sonné l’alerte. Lors d’un point presse tenu ce mercredi 29 janvier 2025 à Abidjan-Plateau, il a dénoncé des actes criminels aux conséquences désastreuses sur l’environnement et la santé publique.
Depuis le début de l’année, plusieurs cas de contamination des eaux ont été recensés dans différentes localités du pays. Avant cela, des mortalités massives de poissons ont été signalées dans la baie de Biétry en mars 2024, tandis qu’un déversement accidentel de cyanure a gravement affecté la faune et la flore aquatique du fleuve Cavally. Le 13 janvier, la rivière Niounourou à Niambezaria, dans le département de Lakota, a subi une pollution aux pesticides. Une semaine plus tard, le 22 janvier, le même phénomène a été constaté dans la rivière Lélé à Affery, dans le département d’Akoupé. Enfin, le 25 janvier, des individus ont volontairement déversé des produits nocifs dans l’eau au campement de Zabezako, situé sur l’axe Gagnoa-Sérihio, provoquant une nouvelle hécatombe de poissons.
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Le ministre a précisé que des équipes techniques ont été immédiatement dépêchées sur le terrain afin d’analyser la situation, mesurer le niveau de pollution et prendre des dispositions pour limiter les dégâts environnementaux et sanitaires. Il a rappelé les consignes essentielles à respecter : ne pas consommer l’eau des cours d’eau ni les poissons, crevettes ou autres produits issus de ces milieux, rester vigilant face à d’éventuels symptômes d’intoxication et signaler toute anomalie aux autorités compétentes.
Il a également insisté sur l’importance de relayer ces précautions auprès des ménages avec l’appui des chefs de campements et des leaders communautaires. Grâce à ces mesures, aucune perte en vie humaine n’a été enregistrée, bien que l’impact écologique demeure considérable.
Si la pollution du fleuve Cavally est d’origine accidentelle, les autres cas recensés relèvent d’actes criminels.
Ainsi, le ministre a dénoncé des pratiques dangereuses impliquant le déversement volontaire de pesticides et autres substances chimiques dans les rivières pour capturer du poisson à moindre effort, avant de les revendre sur les marchés. Il a également pointé du doigt l’orpaillage clandestin, dont les produits toxiques finissent par contaminer l’eau potable et menacer les nappes phréatiques. « Les autres cas de pollution sont d’origine criminelle en ce sens que ces cas de pollution proviennent du déversement volontaire de produits chimiques nocifs dans les rivières pour pêcher du poisson et les revendre ensuite aux populations, ou de produits issus de l’orpaillage clandestin», a-t-il précisé.
Selon le ministre de l’environnement, ces substances, destinées à combattre les nuisibles en agriculture, ont des effets catastrophiques sur l’écosystème aquatique et sur la santé humaine.
La consommation de ces poissons contaminés expose la population à de graves maladies, notamment des cancers et des perturbations endocriniennes.
Poursuivant il a rappelé que le nouveau Code de l’environnement prévoit des sanctions sévères contre ces infractions.
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L’article 236 du Code stipule que les auteurs de telles pollutions encourent des peines allant de deux mois à deux ans de prison et des amendes comprises entre 200 000 et 100 millions de francs CFA. C’est pourquoi, il a appelé la population à collaborer avec les autorités en dénonçant ces actes auprès de la gendarmerie et de la police.
Enfin, il a sollicité l’appui des médias pour sensibiliser l’opinion publique sur les dangers de ces pollutions et leurs conséquences sur la santé et l’environnement.
Le ministre a assuré que le gouvernement privilégiera d’abord la sensibilisation, mais que les auteurs de ces infractions, une fois identifiés, subiront la rigueur de la loi. Par cette fermeté, l’État ivoirien entend mettre un terme à ces pratiques destructrices et préserver les ressources en eau du pays.
«Nous sommes à l’étape d’une vaste sensibilisation des populations. Mais je rappelle que celui qui sera pris la main dans le sac subira la rigueur de la loi», a-t-il prévenu. Avant d’indiquer que les enquêtes se poursuivent afin de mettre la main sur les responsables de ces « actes criminels».
À sa suite, Professeur Yapo Ossey Bernard, Directeur du Centre Ivoirien Anti-Pollution (CIAPOL), a expliqué combien les produits chimiques utilisés pour ces commettre ces actes sont néfastes non seulement pour l’environnement mais aussi et surtout pour la santé de la population.
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Selon lui, les pesticides ont des effets secondaires indésirables à savoir les effets écotoxiques directs et les effets écologiques indirects. Parmi les effets écotoxiques, le plus connu est celui d’accumulation dans la chaine alimentaire et l’amplification. Bio-acculumation et Bio-amplification.
« Ces produits, une fois consommés, s’installent dans le corps pendant des années et refont surface en créant des problèmes de santé des années plutard. Elles conduisent à des mortalités massives d’espèces, mais elles ont aussi des effets moins visibles : des effets toxiques à plus ou moins long terme, des maladies ou des perturbations endocriniennes», a-t-il expliqué.