Akinwumi Adesina : « La BAD a renforcé la présence de l’Afrique dans le secteur financier mondial »
Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement (BAD) depuis 2015, se prépare à transmettre le leadership après dix ans de gouvernance marqués par des réalisations significatives.
À la tête de l’institution, il a vu son capital bondir de 93 à 318 milliards de dollars et la BAD se distinguer comme la plus transparente au monde. Adesina met en avant l’impact de la BAD sur le multilatéralisme, l’Afrique devenant une voix influente dans les discussions internationales sur des enjeux majeurs comme le climat, la transition énergétique et la sécurité alimentaire.
Sous sa présidence, la BAD a placé l’Afrique au cœur des négociations mondiales. Des initiatives comme la Mission 300, visant à connecter 300 millions de personnes à l’électricité, illustrent la volonté de la Banque de répondre aux défis du continent en adoptant des solutions concrètes. Adesina voit chaque défi comme une opportunité de trouver des solutions innovantes, convaincu que c’est la responsabilité de la BAD de catalyser le développement.
L’Africa Investment Forum (AIF), qu’il a lancé, vise à attirer l’attention du monde sur les immenses opportunités en Afrique. Loin de se concentrer sur les défis, ce forum met en lumière des secteurs comme l’agriculture, les infrastructures et l’énergie, où l’Afrique détient un potentiel énorme. Malgré un environnement mondial difficile, l’AIF a mobilisé 35 milliards de dollars en 2023, bien que cette somme ait diminué en 2024 en raison des tensions géopolitiques et de la hausse des taux d’intérêt mondiaux.
Toutefois, l’AIF reste un outil essentiel pour attirer les investissements sur le continent.La stratégie décennale 2024-2033 de la BAD met un accent particulier sur le rôle croissant du secteur privé dans le financement du développement. Adesina annonce l’ambition de tripler les financements non souverains et de renforcer des plateformes telles qu’Africa 50 et l’Alliance pour l’infrastructure verte, destinées à attirer des fonds pour les infrastructures et les projets d’énergie verte.
Le secteur privé, selon lui, est essentiel pour soutenir des industries stratégiques comme l’agriculture et les infrastructures.Adesina met également en lumière un problème majeur pour l’Afrique : l’évasion fiscale par les multinationales. Il milite pour une réforme du système fiscal mondial, afin que les entreprises exploitant les ressources africaines payent des impôts sur le continent. La BAD soutient activement les pays africains dans cette lutte en fournissant des outils comme la « Facilité africaine de soutien juridique », qui aide à gérer la dette et les accords fiscaux.
Il souligne que l’Afrique doit bénéficier pleinement de ses ressources naturelles, avec des investissements responsables qui profitent directement aux communautés locales.Sur le plan des incitations fiscales, Adesina affirme qu’elles ne doivent pas devenir un piège. Les États africains, souvent à court de ressources, doivent éviter de trop accorder d’avantages fiscaux qui nuisent à leur autonomie budgétaire.
Au contraire, un environnement d’investissement équilibré et responsable est nécessaire pour que l’Afrique puisse pleinement exploiter ses atouts économiques tout en assurant une croissance durable pour ses citoyens.Ainsi, Adesina laisse une institution plus forte et plus influente, avec des solutions concrètes pour les défis africains et un message clair : l’Afrique doit se réapproprier ses ressources et se positionner comme un acteur clé du développement mondial.
Mathias Kouamé aavec Sercom