Présidentielle 2025: En 48 heures, Alassane Ouattara sonne le glas de Gbagbo et met Thiam face à ses responsabilités
Lemandatexpress – La réponse du porte-parole du gouvernement aux dernières déclarations de Laurent Gbagbo concernant sa réinscription sur la liste électorale, ainsi que l’annonce presque voilée, ce jeudi, de la candidature du chef de l’État à la présidentielle de 2025, offrent deux importantes lectures politiques incluant le patron du PPA-CI et Tidjane Thiam.
Tout semble s’accélérer ces dernières quarante-huit heures sur la scène politique ivoirienne. Si le report, lundi dernier, du premier Conseil des ministres de l’année 2025 avait plus ou moins entretenu le flou dans les esprits avertis, la rentrée gouvernementale d’hier et le premier acte des échanges de vœux, ce jeudi, offrent une vision plus claire des faits.
En véritable maître du jeu, alliant habilement imprévisibilité et dissimulation de ses plans tout en contrôlant ceux de ses adversaires, Alassane Ouattara a marqué deux grands coups. D’une part, il a sonné le glas de Laurent Gbagbo, auteur de déclarations tapageuses, qui revendique à cor et à cri une candidature à la présidentielle de 2025. D’autre part, il a mis Tidjane Thiam face à ses responsabilités relativement à son ambition présidentielle.
Le rêve de candidature de Gbagbo se dessine en pointillé
Cette démonstration de force du chef de l’État ivoirien a commencé mercredi 8 janvier, en marge du Conseil des ministres, lorsque le porte-parole du gouvernement a réagi aux récents propos de Laurent Gbagbo, qui évoquait l’ONU pour sa réinscription sur la liste électorale. Selon l’ex-époux de Simone, les Nations Unies auraient écrit au régime d’Abidjan pour l’intimer de le réinscrire dans le fichier électoral. « L’ONU a déjà écrit. Mais ils vont venir pour lui dire : “On t’avait parlé” », s’est convaincu le président du PPA-CI lors du Comité central.
La réaction du gouvernement à cette affirmation a pris la forme d’un démenti formel, qui ne manquera pas de doucher l’enthousiasme des partisans de Laurent Gbagbo, qui semblaient déjà crier victoire. « On attend la lettre. Ceux qui l’ont, qu’ils nous la mettent à disposition », a ironisé Amadou Coulibaly face à la presse, mettant ainsi en doute l’effectivité d’une telle démarche des Nations Unies.
Dès lors, Laurent Gbagbo peut tirer un trait sur son rêve de candidature. Le joker qu’il a sorti en ce début d’année semble être un gros pétard mouillé. L’ONU, qu’il se met subitement à adouber après l’avoir longtemps diabolisée, ne saura le tirer d’affaire. Comme il l’a reconnu lui-même lors de cette rencontre du samedi 4 janvier, la réinscription sur la liste est difficile, et la bataille semble perdue à la suite de ce dernier « coup de massue » du pouvoir en place.
Les plans de Thiam chamboulés?
L’autre figure marquante de l’opposition, Tidjane Thiam, n’est pas dans une position plus confortable alors que se profile la présidentielle d’octobre prochain. En plus de subir continuellement l’adversité de Jean-Louis Billon en interne, le président du PDCI est désormais situé – plus ou moins – sur le porte-étendard du RHDP à l’élection présidentielle à venir. Il avait, dans un passé récent, souligné la nécessité de connaître le candidat des Houphouëtistes pour non seulement définir le calendrier de la Convention du parti, mais aussi pour décider s’il allait candidater ou non.
Avec la candidature d’Alassane Ouattara, qui prend forme à la lumière de son adresse de ce jour, l’ancien DG du Crédit Suisse est attendu à plusieurs niveaux. L’une des questions majeures qui revient à l’esprit est la suivante : Thiam va-t-il affronter le président Ouattara ou choisir l’option d’une alliance de droite ?
En somme, autant la réaction subtile du gouvernement à l’évocation de l’ONU par Laurent Gbagbo envoie ce dernier dans les cordes, autant la candidature annoncée du chef de l’État chamboule fortement les plans de Tidjane Thiam, qui doit consolider son leadership en interne dans un parti divisé, mais surtout réfléchir au choix stratégique à opérer en vue de la présidentielle.
M.G