Succession à la tête de l’Unesco : Deux développements favorables à l’Égyptien Khaled El-Enany
Lemandatexpress – La course à la succession d’Audrey Azoulay au poste de directrice générale de l’Unesco est lancée, avec un dénouement prévu en novembre. Parmi les candidats, l’Égyptien Khaled El-Enany se distingue déjà comme un sérieux prétendant, bénéficiant de plusieurs circonstances favorables.
Comme le souligne Jeune Afrique dans son édition du lundi 6 janvier, deux événements récents renforcent les chances de cet égyptologue de renom âgé de 51 ans. D’une part, le retrait du candidat gabonais semble marquer la volonté de l’Afrique de présenter un front uni derrière El-Enany. D’autre part, l’Espagne a officiellement annoncé son soutien à sa candidature. Bien que ces faits ne soient pas directement liés, ils illustrent les dynamiques internationales en jeu et placent El-Enany en position de favori.
Le retrait du Gabon, selon Jeune Afrique, traduit un effort de consensus au sein de l’Union africaine (UA), qui soutient Khaled El-Enany depuis le début. Ce choix viserait à maximiser les chances de l’Afrique, qui n’a pas vu l’un de ses représentants à la tête de l’Unesco depuis le Sénégalais Amadou Mahtar Mbow (1974-1987). Une source proche de l’UA affirme que cette décision résulte d’une stratégie visant à renforcer l’unité africaine dans cette campagne cruciale. Cependant, d’autres analystes évoquent des tractations diplomatiques menées par l’Égypte, qui aurait utilisé son influence régionale pour orienter le retrait gabonais. Par ailleurs, les priorités politiques internes du Gabon, dans un contexte post-crise, pourraient également avoir pesé dans la balance.
Un atout majeur
L’appui de l’Espagne constitue un autre atout majeur pour Khaled El-Enany. Ce soutien, qui s’ajoute à celui de la France, de la Ligue arabe, du Brésil et de la Turquie, reflète ses efforts pour fédérer des alliés aux intérêts variés. Les discussions entre José Manuel Albares, ministre espagnol des Affaires étrangères, et son homologue égyptien, Badr Abdelatty, ont mis en lumière une convergence stratégique, notamment autour des questions de patrimoine culturel et des enjeux méditerranéens. Jeune Afrique note que pour l’Espagne, ce soutien s’inscrit dans une logique géopolitique : renforcer ses relations avec l’Afrique du Nord tout en consolidant son influence internationale à l’approche de la Coupe du monde 2030, coorganisée avec le Maroc.
Obstacles potentiels
Malgré ses nombreuses qualités, Khaled El-Enany n’échappe pas aux critiques. Pendant son mandat en tant que ministre du Tourisme et des Antiquités, certaines initiatives de modernisation en Égypte ont suscité des controverses, notamment en raison de la destruction partielle de sites classés. Ce paradoxe entre modernisation et préservation du patrimoine soulève des interrogations quant à sa capacité à diriger une institution telle que l’Unesco, dont l’une des missions principales est la protection du patrimoine mondial.
Cependant, sa campagne se distingue par une approche diplomatique habile. En multipliant les visites stratégiques à Brasilia, Madrid et Pékin, Khaled El-Enany prouve sa maîtrise des relations internationales. Son réseau croissant de soutiens traduit une volonté de renouveau pour une institution souvent critiquée pour son immobilisme.
Pour autant, la course reste ouverte, comme le rappelle Jeune Afrique. Les critiques sur son bilan en Égypte et les incertitudes liées aux alliances internationales demeurent des obstacles potentiels. Alors que le rendez-vous décisif de Bakou, en Azerbaïdjan, approche, Khaled El-Enany devra démontrer qu’il peut transcender les divisions et incarner les idéaux universels de l’Unesco.
Martial Galé