Côte d’Ivoire : L’opération des sœurs siamoises livre enfin tous ses secrets
Lemandatexpress – L’opération d’envergure réussie des deux sœurs siamoises, Marie-Dominique et Grâce-Dominique, met en lumière une expertise de pointe, qui est saluée à sa juste valeur. Le récit de Fraternité Matin, dans sa publication de ce mardi 07 janvier, permet de percer toute la complexité de cette intervention qui vient donner le sourire à Charlette et son fiancé.
Une intervention chirurgicale complexe de heures, incluant 16 heures d’anesthésie. C’est la prouesse médicale qu’a réalisée, le 13 décembre dernier, à l’Hôpital mère-enfant (Hme) de Bingerville, un pool de médecins occidentaux et ivoiriens, composé des professeurs Christophe Chardot, Adrien De Cock, Sylvia da Silva-Ano- ma, Samba Tembely, Arthur Kouamé, Brouh Yapo et une quarantaine d’autres praticiens.
L’opération a permis de sé- parer Marie-Dominique et Grâce-Dominique, deux sœurs siamoises nées par césarienne, le 10 juin 2024, à l’Hme. Celles qui sont aujourd’hui devenues des jumelles avaient en commun l’appendice xiphoïde et la cloison cardiaque. Elles avaient un foie unique et étaient reliées au niveau du thorax et de l’abdomen.
Tout a commencé, pour la mère Charlette, dont le fiancé est étudiant à l’Institut national de formation des agents de santé (Infas), par une consultation prénatale au troisième trimestre de la grossesse. Une échographie sommaire à l’Hme a montré que les enfants étaient siamois. Nous avons suivi la grossesse. Il était question d’opérer la mère à la 38e semaine, mais elle avait mal. Les contractions étaient telles qu’on a dû faire la césarienne vers la 36e semaine. Les fil- lettes sont sorties en toute sécurité avec un poids acceptable, a expliqué le Prof. Arthur Kouamé, chef du service de gynécologie-obstétrique, à une conférence de presse organisée, hier, à l’Hme.
Confiées aux médecins pédiatres
Les siamoises ont ensuite été confiées aux médecins pédiatres. La mère a été prise en charge par le service de gynéco-obstétrique, d’où elle est sortie après quatre jours
« Avant l’intervention, il nous fallait faire un bon bilan des lésions, pour que l’espoir que nous avons donné à la mère ne se soit pas vain », a relevé Arthur Konamé. La prise en charge pré-interventionnelle a, quant à elle, été assurée par le service de pédiatrie médicale. Qui avait pour rôle de maintenir les bébés en bonne santé jusqu’à l’opération.
« Il nous fallait leur trouver un habitacle correct. On a dû les installer sur une rampe chauffante », a confié la patronne du service, Evelyne Akaffou. Soulignant qu’il fallait aussi et surtout re- lever le défi de l’alimentation. « Au début, il y a eu beaucoup de difficultés, parce que la digestion était difficile. Il y a eu beaucoup de vomissements et de troubles digestifs. On a alors opté momentanément pour des sondes d’alimentation. Quand les choses se sont normalisées, nous sommes revenus à une alimentation classique », a indiqué la pédiatre.
L’autre défi
L’autre défi était de faire face aux difficultés de cicatrisation qui se faisait très lentement à cause de l’accolement au niveau l’abdominal avec deux cordons presque soudés et trop gras. À la naissance, Marie-Dominique et Grâce-Dominique avaient un poids de l’ordre de 4 kgs. Elles sont sorties de l’hopital pour le domicile familial après 42 jours d’hospitalisation en néonatalogie, avec environ 6,6 kilos. Au moment de l’intervention chirurgicale, elles à un 11 kilos.
Selon le Chef du service de chirurgie pédiatrique et des blocs opératoires, Samba Tembely, la question qui a prévalu à la prise en charge des siamoises était de savoir si elles sont séparables. Les conditions étaient qu’elles aient les organes vitaux en double et que, même si elles ont un organe vital unique, ce der- nier soit aussi séparable », a-t-il fait savoir. Soulignant que l’intervention a été faite au terme de plusieurs échanges.
On a réussi à séparer l’intestin commun
L’opération a commencé après trois heures d’anesthésie, aux environs de 10 heures. « Nous étions 8 chirurgiens ivoiriens et un expatrié, Christophe Char- dot (…). Concernant les mal- formations, on a vu que les jumelles conjointes étaient soudées par l’apophyse xi- phocidienne, par le foie et par le péricarde. Elles avaient une portion d’environ 75 centimètres d’intestin en commun. C’était un puzzle. Heureusement, elles avaient une double vascularisation, des voies biliaires pour les deux foies fusionnés. On a réussi la séparation du foie. On a sectionné l’apophyse xiphoïdienne. On a sectionné le péricarde qu’on a réparé. Il y a avait deux myocardes. On a aussi réussi à séparer l’intestin commun », a relaté Samba Tembeley
Source : Fraternité Matin
NB: Les titres et le chapeau sont de la rédaction