Assemblée élective de la CAC/Dr Allah Kouamé (Pdt de la FIC) : « Ma candidature est motivée par une approche innovante de la gestion de la Confédération »
Le 16 février prochain, aura lieu au Caire, l’Assemblée générale élective de la Confédération africaine de cyclisme (CAC). Si le président sortant, l’Egyptien Dr Mohamed Wagih Azzam, est candidat à sa propre succession, il faudra compter avec le président de la Fédération ivoirienne de cyclisme (FIC), Dr Allah Kouamé ; SG de la CAC de 2013 à 2021, avant d’en être depuis, le premier vice-président de cette institution (CAC). Le dirigeant sportif ivoirien qui n’est donc pas un inconnu sur la scène continentale, explique sa candidature dans cette interview.
Qu’est-ce qui a motivé votre volonté d’être candidat à la présidence de la CAC ?
Ma candidature à la présidence de la Confédération Africaine de Cyclisme (CAC) est avant tout motivée par un projet personnel. Lorsque j’ai intégré la CAC en 2013, je n’avais pas initialement cette ambition. Cependant, en observant son fonctionnement, j’ai réalisé que je pouvais apporter ma touche personnelle à sa gestion. À mes débuts, la CAC disposait de moyens limités, avec peu de ressources pour soutenir les fédérations et les pays. Aujourd’hui, grâce au soutien significatif de l’Union Cycliste Internationale (UCI), les ressources mises à disposition de la CAC ont considérablement augmenté. Pourtant, il est regrettable de constater que ces moyens profitent souvent à une seule région, un seul pays ou un groupe restreint de personnes. C’est cette dynamique que je souhaite transformer à la tête de la CAC. Ma décision de me porter candidat est également renforcée par l’appel de nombreux présidents de fédérations avec qui j’ai entamé ce parcours en 2013. Certains sont partis, d’autres sont encore actifs, et à chaque échange, leur message reste constant. Ils estiment que le président actuel, malgré les avancées qu’il a réalisées, a atteint ses limites. Après avoir longtemps repoussé cette idée, je pense qu’il est temps pour moi de répondre à ces sollicitations et de m’engager pleinement dans cette mission que je considère comme essentielle pour le développement et l’équité au sein de la CAC.
Après près plus d’une décennie dans cette instance continentale, que comptez-vous apporter de nouveau ?
Après une décennie au service de la Confédération Africaine de Cyclisme (CAC), je ne prétends pas avoir été à la tête, mais plutôt en position subordonnée. Ce que je propose aujourd’hui, c’est d’apporter ma touche personnelle à la gestion de la CAC. Cela passe par une approche innovante : gérer la CAC comme une véritable entreprise. Mon ambition est de rapprocher davantage la CAC des fédérations nationales, car c’est une critique récurrente qui nous est adressée. Je veux rendre la CAC plus réactive face aux problèmes et questions qui se posent, tout en renforçant les capacités du continent. Cela inclut un investissement accru dans la formation à travers l’Afrique, pour tous les pays, sans exception. De plus, je souhaite multiplier les opportunités de compétition pour les cyclistes africains en créant des compétitions de zone, afin de leur offrir des plateformes supplémentaires pour s’exprimer et progresser. Ce programme ambitieux vise à transformer la CAC et à répondre aux besoins réels du cyclisme africain.
Votre candidature implique toute la Côte d’Ivoire. Avez-vous le soutien de l’Etat de Côte d’Ivoire dans cette aventure ?
Oui, ma candidature à la présidence de la Confédération Africaine de Cyclisme (CAC) implique naturellement la Côte d’Ivoire, car c’est sous les couleurs ivoiriennes que je me présente dans une compétition continentale qui concerne l’ensemble de l’Afrique. Avec 54 pays votants, j’ai rapidement compris l’importance des enjeux. C’est pourquoi j’ai sollicité l’accompagnement du président du Comité National Olympique (CNO). Ensemble, nous avons présenté ma candidature au ministère délégué aux Sports et du cadre de vie, en lui demandant de la porter auprès du gouvernement. Notre objectif était que l’État de Côte d’Ivoire apporte son soutien officiel à cette démarche. Ce soutien se manifeste de deux manières principales : d’une part, un appui financier essentiel pour mener à bien cette campagne, et d’autre part, un soutien diplomatique et politique fort. Ce dernier se traduit par l’implication active de nos représentations diplomatiques et par une déclaration claire que l’État ivoirien, sous l’égide du président de la République, est pleinement engagé derrière cette candidature. Un tel engagement envoie un signal fort dans certains milieux, et cela peut faire la différence.
Quels sont vos soutiens ?
Au niveau africain, les soutiens sont nombreux, notamment dans notre sous-région, l’Afrique de l’Ouest. Avec l’ajout de la Mauritanie, cette région compte 16 pays. Aujourd’hui, je peux affirmer, sans trop de risque, que j’ai le soutien de 14 de ces pays. Il reste encore deux pays à rallier, mais je travaille activement pour y parvenir. Quoi qu’il en soit, obtenir l’unanimité n’est pas indispensable. Avoir 14 soutiens sur 16 est déjà un score largement suffisant pour se présenter avec confiance. Ce large appui en Afrique de l’Ouest démontre qu’on me fait confiance dans ma région, ce qui a un effet d’entraînement sur les autres. Lorsque j’ai discuté de ma candidature avec mon directeur de campagne, le secrétaire général de la fédération du Soudan du Sud, il m’a demandé d’abord combien de soutiens j’avais en Afrique de l’Ouest. Après avoir cité les pays, il a contacté chacun d’entre eux pour vérifier. Une fois cette confirmation obtenue, il s’est mis au travail avec beaucoup d’énergie et de détermination. Il a ensuite élargi ses efforts aux autres régions : Afrique de l’Est, Afrique du Nord, et Afrique australe. Ce jeune directeur de campagne, très dynamique, a considérablement renforcé nos chances de succès. À ses côtés, j’ai également pu compter sur un noyau dur de soutiens dès le départ, composé de l’Algérie, du Bénin, du Burundi, du Cameroun et du Tchad. Ces pays ont été parmi les premiers à croire en ma candidature et à me pousser à avancer. Grâce à leurs encouragements, nous avons commencé cette aventure. Depuis, de nombreux autres pays ont rejoint notre mouvement, ce qui me rend optimiste pour la suite. Cependant, une élection reste une élection, et il ne faut jamais être trop confiant. C’est pourquoi nous continuons à échanger avec les fédérations, à présenter notre programme et à convaincre. Nous espérons ainsi obtenir une issue favorable lors de cette rencontre décisive.
N’avez-vous pas peur de sortir du circuit si vous n’avez pas le suffrage des Fédérations ?
Dans le cadre des élections à la Confédération Africaine de Cyclisme (CAC), plusieurs positions sont ouvertes. Il y a d’abord la présidence de la confédération, puis les postes de membres du comité directeur, ainsi que ceux de délégués votants, qui représentent les pays lors des assemblées de l’Union Cycliste Internationale (UCI). Ces délégués ont un mandat de 4 ans. Il y a également la position de représentant de l’Afrique au sein de l’UCI. Pour ma part, je vais postuler à la présidence de la CAC. Toutefois, bien que je sois optimiste, il est difficile de garantir une victoire à 100%. C’est pourquoi, en parallèle, je me porterai également candidat au poste de membre du comité directeur. Ainsi, si jamais je ne suis pas élu président, je pourrais tout de même continuer mon engagement en tant que membre du comité directeur. Il est important de préciser que, si cela se produit, je ne serai pas contraint de travailler avec Azam, en cas de réélection de ce dernier, en tant que vice-président. Je sortirais du comité exécutif, qui inclut le président, les deux vice-présidents et le trésorier. Cependant, je continuerais à siéger au comité directeur, avec d’autres responsabilités.
MK avec Sercom