Burkina Faso : Gilbert Diendéré et des putschistes de 2015 pour lutter contre les terroristes…
Lemandatexpress – Le gouvernement burkinabé a adopté, le 18 décembre, un projet de loi visant à accorder une grâce conditionnelle aux personnes impliquées dans le coup d’État échoué de septembre 2015.
Condamné à vie pour son implication dans l’assassinat de Thomas Sankara, le général Gilbert Diendéré pourrait recouvrer la liberté alors qu’il n’était pas censé être réhabilité par la junte au pouvoir, un régime « sankarophile » présidé par le capitaine Ibrahim Traoré. Et ce après validation de ce projet de loi, « portant amnistie et conditions d’octroi de la grâce amnistiante ».
Selon le ministre de la Justice, Édasso Rodrigue Bayala, les personnes impliquées dans le putsch de 2015 devront, avant d’être graciées, avoir adopté un « bon comportement en détention » et avoir reconnu les faits qui leur sont reprochés.
Un engagement patriotique
Il s’agirait surtout de mettre les éventuels graciés à contribution dans la lutte antijihadiste. Selon l’Agence d’information du Burkina (AIB), citée par Jeune Afrique, ceux-ci pourraient être impliqués dans le combat sécuritaire : ils devront « manifester un engagement patriotique dans la reconquête du territoire » et « exprimer leur volonté de participer activement à la lutte contre le terrorisme ».
Il est évident, selon Jeune Afrique, que tous les mis en cause ne bénéficieront pas systématiquement de la loi d’amnistie. C’est le cas, par exemple, de l’ex-ministre des Affaires étrangères Djibrill Bassolé – général de gendarmerie – ayant récemment été accusé de participer, depuis sa « cavale médicale », à de nouvelles tentatives de déstabilisation, tout comme le colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba.
L’expérience de Diendéré
En ce qui concerne Diendéré, son expérience serait un atout clé aux yeux des « grâcieurs » dans la lutte contre le terrorisme. En effet, celui qu’on surnomme « Golf » a été aux premières loges des premiers soubresauts terroristes au Burkina Faso. À condition que celui-ci se plie à la ligne sécuritaire actuelle qui proscrit – officiellement – toute négociation, alors qu’il avait la réputation de parler à tous, notamment pour obtenir des libérations d’otages.
C’est du 16 au 23 septembre 2015, en pleine transition post-insurrection, que Gilbert Diendéré avait échoué à gripper le processus démocratique burkinabè, avant d’écoper de vingt ans de prison ferme, notamment pour « atteinte à la sûreté de l’État ».
Bien avant (en 2014), au moment où le régime Compaoré s’effondrait et que le président déchu fuyait en Côte d’Ivoire, l’ancien patron du redouté Régiment de sécurité présidentiel (RSP) restait stoïquement à Ouagadougou, faisant preuve d’une totale confiance en lui. Toute chose qui lui vaudrait certainement cette clémence après quelques sages années d’incarcération.
M. Galé