Lutte contre la résistance aux antimicrobiens : La Côte d’Ivoire renforce sa sensibilisation
Lemandatexpress – À Adzopé, le décembre, lors d’une journée de sensibilisation dédiée à la lutte contre la Résistance aux Antimicrobiens (RAM), le Ministre des Ressources Animales et Halieutiques, Sidi Tiemoko Touré, a souligné l’urgence d’une action concertée face à cette menace grandissante.
Considérée par la Tripartite Plus (OMS, FAO, OIE, UNEP) comme l’une des plus grandes menaces pour la santé publique mondiale, la RAM est exacerbée par la résistance croissante des pathogènes aux traitements antimicrobiens, un phénomène souvent alimenté par la surutilisation et des pratiques agricoles inappropriées.
Cette situation constitue un risque non seulement pour la santé publique, mais également pour la sécurité alimentaire en Côte d’Ivoire.
L’insuffisance de la couverture des soins de santé animale pousse de nombreux éleveurs à se tourner vers des circuits informels pour se procurer des antimicrobiens, aggravant ainsi la situation.
L’utilisation d’eaux contaminées et de produits phytosanitaires inadaptés complique encore les efforts de lutte, comme en témoigne le cas d’Aspergillus fumigatus, un pathogène qui illustre les dangers que représente la résistance pour la santé humaine et animale.
Pour faire face à ce défi, la Côte d’Ivoire a mis en place un Plan d’Action National (PAN-RAM), comprenant des campagnes de sensibilisation sur l’utilisation rationnelle des médicaments et l’amélioration des pratiques d’hygiène.
Dangers liés à la RAM
Cependant, l’impact de ces initiatives reste limité, en raison d’un manque de sensibilisation au sein du secteur agricole, malgré la détection croissante de microorganismes résistants.
Dans le cadre de la 6e édition de la Semaine Mondiale RAM, le Groupe Technique de Travail pour la lutte contre la RAM (GTT-RAM) a organisé une journée d’information le 13 décembre 2024 à Adzopé, rassemblant près de 200 acteurs du secteur de la santé, de l’environnement, de l’agriculture et de la société civile.
Cette initiative visait particulièrement les cultivateurs de produits maraîchers et les éleveurs, afin de les sensibiliser aux dangers liés à la RAM.
Les objectifs de cette mission étaient clairs : sensibiliser les participants aux dangers associés à la RAM, expliquer les causes et enjeux liés à cette problématique, et promouvoir des pratiques alternatives, tout en distribuant des supports d’information sur le bon usage des antimicrobiens.
Les résultats attendus incluent une meilleure compréhension de la RAM et une prise de conscience accrue des enjeux qui en découlent.
La méthodologie de sensibilisation a été structurée en plusieurs étapes : visites aux autorités locales, rencontres avec des étudiants, sessions d’information pour les éleveurs et pisciculteurs, et échanges avec les chefs de village. Des documents d’information ont été remis tout au long du processus.
Le lancement de cette mission s’est fait en grande pompe, avec une présentation aux autorités locales, où le Directeur Régional du Ministère des Ressources Animales et Halieutiques a apporté son soutien. Dr TOLLA, chef de la mission, a évoqué les défis contemporains tels que la divagation des animaux et l’utilisation abusive des antimicrobiens.
1, 27 mmillions de décès
Lors de la cérémonie d’inauguration, Monsieur Sidi Tiemoko Touré a rappelé que la RAM entraîne environ 1,27 million de décès chaque année à l’échelle mondiale. Le ministre a lancé un appel à une mobilisation générale pour contrer cette menace croissante, insistant sur l’importance d’une utilisation responsable des antimicrobiens, tant dans le secteur animal qu’en agriculture.
Bien que le chemin vers une meilleure gestion de la résistance aux antimicrobiens s’annonce semé d’embûches, l’engagement du gouvernement et des acteurs locaux ouvre la voie à un avenir prometteur pour la santé publique en Côte d’Ivoire.
Izoudine Youssef
lemandatexpress.net