
France : Le Premier ministre Michel Barnier renversé, un vote de censure historique depuis 1962
Lemandatexpress – Le 4 décembre 2024 restera gravé dans l’histoire politique de la France. Moins de six mois après la dissolution de l’Assemblée nationale, le gouvernement de Michel Barnier, nommé Premier ministre par Emmanuel Macron en septembre 2024, a été renversé par une motion de censure.
La motion, déposée par le Nouveau Front populaire (NFP), a été approuvée par 331 députés, largement au-delà du seuil des 288 voix requis. Cette censure a été le résultat d’une alliance tactique entre le Rassemblement National (RN) et le NFP, qui ont uni leurs forces pour déstabiliser le gouvernement. Un geste qualifié d’historique par certains observateurs, mais aussi de « triomphe de la souveraineté populaire » par le député LFI Paul Vannier.
Après coup, le Premier ministre est obligé de remettre sa démission au Président de la République, SEM Emmanuel Macron, qui va s’exprimer à la télé demain à 20 heures.
Ce geste inédit depuis 1962 marque un tournant majeur dans la relation entre le pouvoir exécutif et le Parlement, dévoilant des tensions politiques profondes sous la Ve République.
Michel Barnier, ancien négociateur du Brexit, avait pris les rênes du gouvernement avec pour mission de relancer les réformes économiques et sociales. Cependant, c’est sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025 que le Premier ministre a vu son autorité s’effondrer. En effet, Barnier avait engagé la responsabilité de son gouvernement sur ce projet de loi en vertu de l’article 49.3 de la Constitution. Cette procédure permet au gouvernement de faire passer une loi sans vote, sauf en cas de motion de censure, ce qui s’est produit le 4 décembre.

Les conséquences de cette motion sont profondes. Le ministre de l’Économie, Antoine Armand, a fustigé cette alliance, affirmant que le RN et le NFP avaient contribué à mettre le pays en difficulté. De son côté, Marine Le Pen, leader du RN, a souligné la nécessité d’un « nouveau cap », en laissant au futur Premier ministre la possibilité de « co-construire un budget acceptable pour tous ». Ce renversement de gouvernement illustre une dynamique nouvelle où le Parlement, traditionnellement perçu comme un acteur secondaire face au pouvoir exécutif, a retrouvé sa capacité de décision.
La France insoumise (LFI) a immédiatement réagi en demandant la démission d’Emmanuel Macron et des élections présidentielles anticipées. Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée, a exprimé clairement sa volonté de voir Macron quitter l’Élysée. Jean-Luc Mélenchon, leader de LFI, a tweeté : « Même avec un Barnier tous les trois mois, Macron ne tiendra pas trois ans », soulignant le caractère inéluctable de cette crise politique.
Cet épisode marque une nouvelle étape dans l’histoire politique de la France, où le pouvoir exécutif, après avoir dominé pendant des décennies, est désormais sous pression face à une opposition unie et déterminée. La suite des événements pourrait bien redéfinir les équilibres du pouvoir sous la Ve République.
M. Galé avec Izoudine Youssef