La loi sur l’avortement en Côte d’Ivoire : voici ce qu’il faut savoir
Les droits relatifs à la santé sexuelle et reproductive des femmes et des jeunes filles en Côte d’Ivoire ont toujours suscité des controverses au sein des familles, ce qui constitue souvent un obstacle à leur accès aux soins.
Afin de lever le voile sur cette situation, un consortium d’Organisations de la société civile (OSC) a décidé de changer la donne en lançant une campagne de sensibilisation baptisée « Parce que tu comptes ». Lancée le 19 novembre 2024 à travers un webinaire, cette campagne vise à promouvoir les droits sexuels des femmes et des filles en Côte d’Ivoire. Mariam N’Doumouya, coordinatrice générale de la campagne, a précisé qu’il s’agissait d’informer, sensibiliser et mobiliser autour des nouvelles dispositions légales relatives à la santé reproductive.
Elle a souligné l’urgence d’agir face aux nombreux obstacles qui entravent l’accès des femmes et des jeunes filles à des soins de santé reproductifs sûrs et dignes.Malgré des progrès législatifs, comme l’adoption du Protocole de Maputo, les inégalités dans l’application des lois et la stigmatisation sociale restent des barrières majeures.
« Nous voulons que chaque femme et chaque fille sache qu’elle compte, qu’elle a des droits et qu’elle peut être protégée grâce à des dispositions légales claires et accessibles. C’est l’objectif de cette campagne », a déclaré Mme N’Doumouya.
L’un des objectifs centraux de « Parce que tu comptes » est de vulgariser l’article 427 du nouveau code pénal ivoirien, qui encadre l’accès à l’avortement sécurisé. La campagne vise également à sensibiliser le public via des événements en ligne, des campagnes médiatiques et des ressources pédagogiques.
Elle cherche à combattre les préjugés et la stigmatisation associés à l’avortement légalisé en favorisant un dialogue inclusif, tout en fournissant des informations fiables et accessibles à toute la population.En effet, malgré des avancées législatives notables, comme la ratification du Protocole de Maputo, l’accès à des services d’avortement sécurisés demeure un problème.
Des lois mal comprises, une application inégale et la stigmatisation continuent de pousser de nombreuses femmes vers des solutions clandestines, souvent dangereuses. Pourtant, le nouvel article 427 du code pénal ivoirien encadre désormais de manière plus claire l’accès à l’avortement sécurisé, une étape essentielle pour lutter contre les pratiques clandestines. Cet article autorise l’interruption de grossesse dans des cas spécifiques, tels que la grossesse résultant d’un viol, une grossesse survenue par acte d’inceste, ou encore une grossesse mettant en danger la santé physique ou mentale de la mère.
Lors de son allocution, Mariam N’doumouya a insisté sur l’importance de ces récentes réformes législatives, qui cherchent à harmoniser et simplifier les lois existantes. Ces révisions, selon elle, visent à réduire les risques associés aux avortements non sécurisés et à élargir l’accès aux services de santé reproductive. « Cette campagne ne peut réussir que si toutes les parties prenantes – gouvernement, société civile, professionnels de santé et médias – s’engagent activement », a-t-elle affirmé avec conviction.
La campagne « Parce que tu comptes » ne se limite pas à une simple communication sur les lois. Elle ambitionne de créer une véritable dynamique de changement en diffusant des informations clés sur les droits en matière de santé reproductive et en facilitant l’accès à des services adaptés.
À travers des partenariats avec des médias, des ONG et des professionnels de la santé, cette initiative veut briser les tabous, réduire les inégalités et permettre aux femmes de prendre des décisions éclairées sur leur maternité.En mettant l’accent sur une mobilisation collective et en impliquant divers acteurs, Mariam N’doumouya espère poser les bases d’une transformation durable.
Pour elle, garantir à chaque femme ivoirienne la possibilité de vivre sa maternité ou de ne pas être mère en toute sécurité est un impératif non négociable. Elle a soutenu que le succès de cette initiative repose sur une mobilisation collective citoyenne impliquant les organisations de la société civile et les décideurs politiques.
« Ensemble, nous pouvons briser les tabous, réduire la stigmatisation et garantir l’accès à des soins sécurisés. Chaque contribution, aussi modeste soit-elle, est essentielle pour faire avancer cette cause », a-t-elle affirmé avec conviction.
Avec des actions concrètes et un engagement collectif, « Parce que tu comptes » se positionne comme une initiative porteuse d’espoir pour un avenir où les droits reproductifs des femmes et des jeunes filles en Côte d’Ivoire seront pleinement respectés et protégés.
Sidoine Koffi