Interview : Dr Ali Diomandé (Pdt de transition, FITKD) : « Il faut remettre le taekwondo ivoirien sur les rails… »
Lemandatexpress – Dr Ali Diomandé, président du comité de transition à la Fédération Ivoirienne de Taekwondo, s’est ouvert à la pressé suite au passage de la délégation de haut niveau de l’Union Africaine de Taekwondo (AFTU), mandatée par la World Taekwondo (WT). Il a parlé des récents actes judiciaires. Interview.
Dr Ali Diomandé, pouvez-vous vous présenter brièvement ?
Je m’appelle Ali Diomandé. Je suis titulaire du Passeport du Taekwondo in ivoirien N°100002. J’ai commencé à pratiquer le Taekwondo en 1975 au Lycée Moderne et Classique des Garçons de Bingerville avec le GM (Grand Maître) Koné Souleymane Roël. J’ai obtenu le grade de Ceinture noire 1er Dan le16 janvier 1983. Et depuis le 16 août 1998, je suis titulaire du grade de 4e Dan Kukkiwon.
J’ai été le 1er capitaine de l’équipe de l’Abidjan Université Club (AUC) Taekwondo, de l’équipe nationale universitaire de Taekwondo et membre de l’équipe nationale de Côte D’ivoire de 1981 à 1987.
J’ai été le Président de la section Taekwondo de l’AUC, quand son fondateur Bamba Cheick Daniel est allé entamer sa carrière préfectorale. J’ai eu aussi un passé de compétiteur de haut niveau ici en Côte D’Ivoire et en Allemagne pendant mon séjour d’étudiant dans ce pays.Mes activités fédérales se résument à un poste de SGA en 1989 et 1990 et de 1er Vice-Président de la FITKD de 1997 à 2001.
Qu’est-ce qui justifie votre ambition de diriger la FITKD ?
Je parlerai plutôt d’engagement en lieu et place d’ambition. Pour être franc et sincère avec vous, je dois vous dire que je suis meurtri, dévasté de voir qu’aujourd’hui le Taekwondo ivoirien rime avec harcèlement sexuel, abus d’autorité, mauvaise gouvernance ; que nous ne puissions plus accompagner nos enfants pratiquants de Taekwondo à des compétitions nationales et vibrer dans les tribunes. Je me suis donc engagé, avec la nouvelle équipe dirigeante, pour remettre le Taekwondo ivoirien sur les rails qu’il a quitté depuis un malheureux 15 octobre 2022.
Que dites-vous du refus de Monsieur Jean Marc Yacé d’accepter la décision de l’AGE du 19 octobre qui signe sa révocation ?
J’ai du mal à comprendre la posture de l’ex-président de la FITKD. L’immense majorité des Taekwondo ins, propriétaire de la FITKD, crie son ras le bol du fait de la non organisation d’Assemblées Générales Ordinaires ni de championnats nationaux depuis sa prise de fonction. L’émoi a pris la communauté nationale et internationale avec les graves allégations récurrentes de scandales de harcèlement sexuel incluant même une mineure et d’abus d’autorité et lui se comporte comme si de rien n’était.
Il aurait dû, pour son honneur et celui du Taekwondo ivoirien, pour une question d’éthique, rendre sa démission depuis le 1er scandale qui a impliqué l’athlète Mariama Cissé.
Il serait sorti grandi et l’image du Taekwondo ivoirien aurait été restaurée. Dommage qu’il ait fait un autre choix.
Depuis le 19 octobre, date de votre désignation pour diriger pendant 9 mois la FITKD, qu’avez-vous fait ?
Comme l’Assemblée Générale Extraordinaire nous l’a demandé, nous avons 48 heures après, là où l’ex-président avait mis 1 mois, constitué un Comité Directeur de Transition (CDT) de 17 membres (et non une armée mexicaine de 48 personnes comme vient de faire l’ex président avec d’ailleurs des démissions en cascade) et nommer les Présidents de Ligues. Nous avons investi des personnes compétentes, passionnées pour attaquer les missions et les diligences qui nous attendent. Nous avons aussi entamé immédiatement toutes les procédures administratives de reconnaissance légale de notre CDT.
Nous avons organisé une séance de travail avec les membres du CDT et les Présidents de ligues d’Abidjan et environnants.
Incessamment nous procéderons aux passages de grades dans les Ligues. Les réflexions sur de nouveaux textes de la FTKD sont déjà très avancées. Il nous faut moderniser nos bases statutaires et règlementaires en tirant enseignements des crises successives survenues dans notre faîtière.
Parallèlement à tout cela, nous devons faire face à toutes les responsabilités qui nous sont imposées par l’ex-président à travers des actions en justice.
À la suite de votre rencontre avec la délégation de l’AFTU, quelles sont vos impressions ?
Nous sommes animés d’un profond sentiment de gratitude vis-à-vis de notre autorité de tutelle, du Comité National Olympique de Côte D’Ivoire (CNO-CI), de la World Taekwondo et de l’AFTU.
La diligence avec laquelle toutes ces prestigieuses instances se sont engagées pour la résolution rapide et durable de cette crise est à saluer.
Cela ne fait qu’accroître nos responsabilités. En effet nous avons la lourde charge d’éloigner le Taekwondo ivoirien des colonnes des tabloïds à scandales et des couloirs des Tribunaux.
On vous dit proche du GM Bamba Cheick Daniel et même d’être le poulain qu’il aurait jeté dans la course pour le contrôle du Taekwondo en Côte D’Ivoire ?
Le Grand Maître BCD, comme l’appellent affectueusement l’immense majorité des Taekwondo ins de Côte D’Ivoire, a été pendant 7 ans mon entraîneur à l’AUC. Il a été mon coach, le seul que j’ai eu ici en Côte D’Ivoire pendant toute ma carrière de compétiteur. Il m’a coaché au championnat du monde universitaire à Berkeley aux USA en 1986.
Je lui ai succédé comme président de l’AUC Taekwondo par la suite.
Vous conviendrez avec moi, que tout cela laisse des traces affectives indélébiles que les vicissitudes de la vie ne peuvent effacer.
Aussi, et surtout en tant que Taekwondo in, le point 2 de mon Serment est : « Je respecterai mon instructeur et mes séniors ». Je lui dois donc respect et considération.
Toute la communauté du Taekwondo africain lui doit l’organisation du Championnat du monde par équipes, le passage de hauts Grades Kukkiwon, la coupe du monde la Francophonie ; tout cela pour la 1ere fois en terre africaine ici à Abidjan.
Je rappelle que BCD est le président qui a ramené la 1ere médaille d’or olympique avec en plus 3 médailles de bronze olympiques en Côte D’Ivoire.
C’est aussi BCD qui a obtenu l’organisation de la finale des grands prix ici à Abidjan
La cerise sur le gâteau fut la construction du Centre Sportif, Culturel et des Tics Ivoiro-Coréen Alassane Ouattara.
Avec tout cela, là où certains avec moins de réalisations érigent des stèles pour s’auto glorifier, BCD reste humble comme nous l’enseigne le Taekwondo. La communauté du Taekwondo africain et ivoirien lui doit des honneurs appuyés de son vivant.
On a bien envie de savoir ce que vous reprochez à Monsieur Jean Marc Yacé.
A ce propos, je voudrais clarifier les choses : je ne connais pas l’ex président de la FITKD ni d’Adam ni d’Eve, ni dans le milieu du Taekwondo où je baigne depuis 50 ans. S’il est Taekwondo in, en tout cas il n’est pas de ma génération. Je ne l’ai jamais rencontré dans un Dojang ni au cours d’une compétition.
Donc je n’ai absolument aucun problème personnel avec lui. Ceci étant, ce que je lui reproche, c’est ce que tous les Taekwondo ins ivoiriens de bon sens lui reprochent et qui se résume au désastre dans lequel il a plongé le Taekwondo ivoirien.
En plus de tout ce qui a déjà été dit, on peut ajouter : aucune Assemblée générale pour rendre compte de sa gestion depuis 3 ans ; aucun championnat national depuis 3 ans.
Sans vouloir faire une litanie des manquements de sa gouvernance, on pourrait citer sur le plan administratif la non déclaration d’existence de son Comité Directeur et la non publication de celui-ci au Journal officiel : inadmissible.
Sur le plan institutionnel, on vient de découvrir avec stupéfaction que la FITKD fonctionnait sans agrément de la tutelle : incroyable.Sur le plan de la gestion administrative, la fermeture du site internet de la FITKD, la disparition des archives du Taekwondo ivoirien, la gestion approximative de la carrière de nos médaillés olympiques. Je préfère m’arrêter là. Nulle part dans le monde on ne peut continuer de laisser un bijou comme le Taekwondo ivoirien entre des mains profanes.
Ce serait vraiment haïr la Côte D’Ivoire et le Taekwondo ivoirien que d’envisager son maintien. Cela est intolérable. Les Taekwondo ins ivoiriens l’ont très bien compris et ont eu raison de le révoquer de sa fonction de président de la FITKD. Il est déjà trop occupé par ses activités politiques pour s’occuper du Taekwondo.
Votre mot de fin ?
Sincères remerciements à nos autorités de tutelle, au CNO-CI, à la World Taekwondo, à l’AFTU, à nos amis de la presse nationale. Aux Taekwondo ins je leur exprime ma fierté pour leur résilience, leur stoïcisme devant tant de frustrations. Je leur promets de ramener pour de bon le Taekwondo dans les Dojang pour leur plus grand bonheur. Je vous remercie pour votre grand intérêt pour le Taekwondo et pour l’opportunité que vous me donnez de m’exprimer.
Izoudine Youssef
Lemandatexpress.net