Adayé-Kessiè 2024 : Une immersion historique et culturelle à la rivière Tain pour célébrer l’héritage Bron
Lemandatexpress – L’édition 2024 du festival culturel Adayé Kessiè s’est distinguée par une initiative unique : une visite historique à la frontière Ivoiro-Ghanéenne menée par une délégation de chefs traditionnels et figures culturelles. Sous l’impulsion de Bini Daouda Ouattara, commissaire général de l’événement, les participants ont honoré la rivière Tain, lieu empreint d’histoire, où se sont affrontés les royaumes Bron et Ashanti.
Ce « pèlerinage » visait à raviver les souvenirs d’une période marquante, contribuant ainsi à la réaffirmation de l’identité culturelle locale.
Bini Daouda Ouattara a invité des chefs de diverses régions, dont le Kroumen Wallo Kéké Paul de Tabou, Ouattara Bakobanan, chef de Canton de Kong, et Sa Majesté Kéyiakéyi 2 (Noël Gnagno), chef du canton Pakolo de Gagnoa.
Ces invités de prestige ont été guidés dans un circuit inédit, avec pour étape marquante la rivière Tain. « Ce fleuve représente une partie de notre âme collective, un symbole de résistance et de mémoire », a déclaré Ouattara en encourageant les participants à se recueillir.
La résistance des Bron
La rivière Tain fut jadis le théâtre de batailles épiques entre les Bron et les Ashanti, deux peuples engagés dans une lutte acharnée pour préserver leur indépendance.
Selon les historiens, ces affrontements, survenus à la fin du XVIIIe siècle, avant l’arrivée des colons, incarnent l’esprit de combativité, de détermination et surtout d’automatisation du peuple Bron, qui a vaillamment résisté à l’avancée des Ashanti.
Pour le commissaire général Bini Daouda Ouattara, ces lieux chargés d’histoire rappellent « le courage et la résilience de nos ancêtres, qui ont préservé notre culture et notre liberté face aux adversités».
La visite à la rivière Tain s’est muée en un moment de recueillement et de gratitude envers les ancêtres tombés dans ces batailles. « Leur sacrifice ne doit jamais être oublié », a-t-il confié avec émotion, soulignant l’importance de cet hommage pour les nouvelles générations.
Il a par ailleurs établi un parallèle avec les sacrifices consentis lors des grands conflits mondiaux, rappelant que la mémoire collective est essentielle pour bâtir l’avenir.
Ce rassemblement a aussi permis de revisiter un chapitre crucial de l’histoire du peuple Bron, marqué par les délimitations coloniales imposées en 1885 lors de la conférence de Berlin.
Cette période douloureuse a scindé le peuple Bron entre le Ghana et la Côte d’Ivoire, séparant ainsi des communautés autrefois unies. A en croire les descendants de ce peuple, la division géographique n’a jamais effacé leur attachement aux mêmes racines, et cette visite à la frontière précisément à la rivière Tain est un témoignage vibrant de cette unité transcendante.
En outre, Le festival Adayé Kessiè, à travers ce parcours mémoriel, illustre la quête de réconciliation avec le passé et de transmission culturelle. En rendant hommage à leur patrimoine, les participants réaffirment une identité commune et une volonté de préserver cet héritage pour les générations futures.
C’est pourquoi, le commissaire général de l’Adayé-Késsiè, Bini Daouda Ouattara considère cette démarche comme un appel à la nouvelle génération, les invitant à s’approprier et à faire vivre l’histoire de leurs ancêtres au-delà des frontières modernes.
Cette visite à la rivière Tain incarne ainsi un acte de transmission et de fierté, offrant une vision renouvelée de l’héritage Bron et Ashanti, et rappelant l’importance de célébrer les racines profondes qui unissent les peuples d’Afrique de l’Ouest.
Abran Saliho depuis Tabagne
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