Déguerpissement des producteurs de café et cacao à Bonon : La LIDOPA dénonce et réclame la réinstallation des populations
Lemandatexpress – Suite au déguerpissement violent des populations agricoles de la forêt classée de Bonon le 26 septembre 2024, la Ligue Ivoirienne des Organisations Professionnelles Agricoles (LIDOPA) dénonce une opération illégale et inhumaine.
La destruction de campements, d’infrastructures scolaires et de biens privés a plongé plusieurs milliers de familles dans une situation précaire.
Dans une déclaration dont nous avons reçu copie, la LIDOPA appelle à la réinstallation des producteurs et à la préservation de l’éducation des enfants, tout en saluant le soutien du Conseil Café Cacao.
« Le lundi 26 septembre 2024, à l’aube, une opération de déguerpissement a été menée dans la forêt classée de Bonon, située dans la région de la Marahoué, sur instruction de la Direction Générale de la Société de Développement des Forêts (SODEFOR). Cette intervention, qui visait des populations agricoles, s’est déroulée dans un climat de violence, provoquant de graves violations des droits humains et entraînant le déplacement forcé de nombreuses familles de producteurs de café et cacao », a fait savoir la déclaration signée par le président Armand Mickaël.
Des dégâts
Ce sont au total, douze campements agricoles qui ont été détruits, y compris des infrastructures essentielles telles que des écoles primaires publiques et des logements d’enseignants affectés par l’État ivoirien. Des commerces, des centres de santé, des panneaux solaires et des lieux de divertissement ont également été saccagés, plongeant les populations déguerpies dans une grande précarité. Selon des témoignages, des femmes, tentant de sauver leurs biens et leurs enfants, ont été victimes de brutalités physiques. Des actes de vol de motos, d’argent et de bétail ont également été signalés, attribués aux agents de la SODEFOR.
Aujourd’hui, les producteurs de cacao, autrefois fiers artisans du développement économique local, se retrouvent sans abri, vivant dans des conditions déplorables. À Bonon, des familles nombreuses, comptant parfois jusqu’à 30 personnes, s’entassent dans de petits espaces insalubres. La situation des 1 500 élèves, contraints d’abandonner l’école en raison de la destruction des établissements scolaires, est particulièrement alarmante.
Lance un appel
Face à cette crise humanitaire, la Ligue Ivoirienne des Organisations Professionnelles Agricoles (LIDOPA) a exprimé sa profonde indignation.
L’organisation dénonce l’opération de déguerpissement, qu’elle juge illégale et inhumaine, notamment en raison de son impact dévastateur sur les conditions de vie des populations agricoles et sur l’éducation des enfants.
Elle rappelle que la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial de cacao, et que les efforts des producteurs doivent être reconnus à leur juste valeur. « Le binôme café-cacao représente une part importante du produit intérieur brut (PIB) de la Côte d’Ivoire, et les producteurs méritent mieux que cette humiliation », a déclaré le Président du Conseil d’Administration de la LIDOPA, Kouassi Yamien Jean Michaël Armand.
Dans ce contexte, la LIDOPA appelle le gouvernement à réexaminer la situation et à favoriser le retour progressif des populations déguerpies dans leurs campements.
Selon l’organisation, il est essentiel que l’État montre sa reconnaissance envers les producteurs de café et de cacao en leur garantissant des conditions de vie dignes et en préservant l’éducation de leurs enfants.
Par ailleurs, La LIDOPA a également tenu à remercier M. Ives Ibrahima Koné, Directeur Général du Conseil Café Cacao, pour son soutien et ses paroles apaisantes envers les producteurs déguerpis. Lors d’une audience, il a assuré de son engagement à trouver une solution durable à cette situation dramatique.
La Ligue réitère son appel à l’État ivoirien pour qu’une attention particulière soit portée à cette crise, et pour que des actions concrètes soient entreprises afin de réinstaller les populations affectées et de minimiser les souffrances supplémentaires causées par cette opération.
Abran Saliho