Crise au FPI : Comme en 2014, le parti se retrouve à nouveau dans l’œil du cyclone judiciaire
Le Front populaire ivoirien (FPI) se retrouve une fois de plus dans l’œil du cyclone judiciaire. Dagbo Godé Pierre, ancien vice-président du parti, a déposé une plainte visant à annuler les résolutions des deux récentes réunions du comité central, qui convoquent le 5ème Congrès ordinaire du FPI, prévu les 8 et 9 novembre 2024.
Dagbo Pierre, qui a récemment validé sa candidature pour la présidence du FPI, souhaite annuler la tenue de ce congrès. Il refuse que des instances autres que le secrétariat général pilotent ces rencontres. Tout comme Pascal Affi N’Guessan l’avait fait avec ses camarades en 2014, Dagbo Godé, ancien vice-président écarté par Affi N’Guessan, emprunte le même chemin menant à la justice.
Selon le confrère Ferro Bailly, Dagbo Godé fonde sa requête sur deux principaux arguments. Premièrement, il soutient que le comité central n’est pas compétent pour convoquer un congrès ordinaire ; cette prérogative appartient, selon lui, exclusivement au secrétariat général, conformément à l’article 28 des Statuts du parti. Ce non-respect des règles internes remet en question la légitimité du processus décisionnel au sein du FPI.
Deuxièmement, il critique le fait que les résolutions concernant la fixation de la date du congrès n’ont pas été soumises à discussion ni à délibération. Dagbo Godé qualifie donc ces sessions de « nulles », soulignant qu’elles n’ont pas respecté les procédures établies.
De plus, il rappelle qu’Affi N’Guessan, élu au 4ème Congrès ordinaire le 28 juillet 2018, est désormais déclaré forclos, son mandat ayant supposément expiré le 27 juillet 2023. Ce contexte soulève des questions cruciales sur la légitimité de la direction actuelle du FPI.
Cette situation évoque des souvenirs difficiles, notamment l’intrusion de l’État dans les affaires du FPI, comme l’avait dénoncé Hubert Oulaye, ancien président du Comité de contrôle, en 2014. À l’époque, à la demande d’Affi N’Guessan, la justice avait invalidé la candidature de Laurent Gbagbo, alors détenu à la CPI, et avait reporté le 3ème Congrès ordinaire, prévu du 11 au 14 décembre.
A en croire le confrère, ce précédent avait ouvert la boîte de Pandore, provoquant une grave crise interne qui avait conduit à un schisme et à la création du PPA-CI. Aujourd’hui, le FPI se retrouve à un nouveau tournant, confronté à des tensions internes qui menacent de le diviser davantage.
Le parti est désormais déchiré par deux courants opposés. D’un côté, ceux qui se rassemblent autour d’Affi N’Guessan, affirmant leur fidélité à l’héritage gbagboïste et soutenant l’appel de Bonoua. De l’autre, la faction dirigée par Dagbo Godé, qui prône un rapprochement avec le RHDP, bien que ce partenariat ait été déclaré « caduc ». Ce grand écart au sein du parti souligne l’incertitude qui règne actuellement, mettant en lumière des ambitions politiques divergentes et des stratégies conflictuelles.
Dans ce contexte, l’issue de cette procédure judiciaire pourrait non seulement influencer l’avenir du FPI, mais aussi redéfinir les lignes de fracture au sein de la formation politique, alors qu’elle navigue à travers des turbulences historiques et contemporaines.
HG