Sous la transition militaire en 2000, Thiam exigeait la Direction générale du Port d’Abidjan
Dans le contexte politique ivoirien tumultueux des années 2000, un enregistrement compromettant refait surface, mettant en lumière les ambitions de Tidjane Thiam, neveu du président Félix Houphouët-Boigny. Cet audio, capté à l’insu des protagonistes, révèle une conversation entre Thiam et un mandataire du Général Robert Guéi, survenue peu après le coup d’État qui a renversé le président Henri Konan Bédié.
Saïd Penda, journaliste d’investigation, dans sa rubrique »Au cœur de l’Investigation » explique que l’enregistrement, d’une durée de six minutes, montre Thiam s’exprimant avec un mélange de prudence et d’aspirations personnelles. Alors que la junte militaire se préparait à former un gouvernement de transition, Thiam décline une proposition d’intégrer cet exécutif, mais exprime un vif intérêt pour le poste de Directeur Général du Port autonome d’Abidjan.
Un choix qui interroge, d’autant plus que le port, à l’époque, était une source majeure de revenus, souvent géré dans une opacité propice aux enrichissements personnels.
Ce désir de prise de pouvoir au sein d’une institution clé soulève des questions sur les motivations réelles de Tidjane Thiam. En cherchant à obtenir un poste stratégique, Thiam semble donner raison à ceux qui l’accusent de privilégier ses ambitions personnelles au détriment d’une véritable intégrité politique. Les dignitaires de la transition, perplexes face à sa demande, semblent avoir vu en lui un candidat plus soucieux de profit personnel que de l’intérêt général.
L’affaire remet également en question la réputation d’intégrité que Thiam a soigneusement construite au fil des ans. Alors qu’il est souvent présenté comme un homme d’État au-dessus de la mêlée, cet enregistrement éclaire une facette moins reluisante de sa carrière. Les répercussions sur son image pourraient être significatives, d’autant plus que des personnalités influentes ont également été impliquées dans cette conversation, accentuant ainsi l’impact potentiel de ces révélations.
De plus, il est important de souligner que malgré le refus de Thiam d’entrer dans l’exécutif de la junte, sa volonté d’obtenir un poste au port pourrait être interprétée comme une tentative de négocier un pouvoir à travers d’autres voies. Ce revirement soulève la question : Tidjane Thiam a-t-il vraiment tourné le dos à la junte ou a-t-il simplement cherché à redéfinir son rôle dans un contexte politique incertain ?
La saga Thiam n’est pas seulement une histoire d’ambitions individuelles, mais elle souligne également les complexités d’un paysage politique ivoirien en mutation. Alors que la Côte d’Ivoire émerge lentement des conflits passés, les leçons à tirer de ces événements sont cruciales pour l’avenir. Tidjane Thiam, homme aux multiples casquettes, devra naviguer avec soin pour préserver son héritage et son image d’homme intègre.
Les révélations continuent de faire écho dans le paysage politique, rappelant à chacun que l’intégrité et l’ambition personnelle sont souvent enchevêtrées dans un contexte complexe où les décisions peuvent avoir des conséquences durables.
HG