Révision de la liste électorale : Quand les propos de Coulibaly-Kuibiert jettent un doute sur la CEI…
Lemandatexpress – Si depuis quelques mois, le président de la CEI a entrepris, avec une beaucoup d’assurance, une campagne de communication autour du processus électoral, sa dernière sortie sur les antennes de TV5 a apporté l’eau au moulin des pourfendeurs de l’institution qu’il dirige.
D’ordinaire si habile et convaincant dans ses explications sur le processus électoral, Ibrahime Coulibaly-Kuibiert s’est, pour une rare fois, trouvé en difficulté, le lundi 23 septembre 2024 sur le plateau de TV5. Le président de la Commission électorale indépendante (CEI) a donné l’impression de subir les questions de la journaliste du média français au point de renforcer les doutes qui s’amoncellent déjà sur l’organe chargé des élections.
Primo, s’agissant de la date de démarrage de la révision électorale, il a été évasif, alors que l’opération était sensée débuter fin septembre. « Je ne me permettrai pas de la donner ( la date) parce qu’elle découle du décret qui va fixer la période de l’établissement de la liste électorale », a avancé Kuibiert avant de supposer que « ça sera mi-octobre ou mi-novembre ».
Sur la durée de cette révision (un mois), jugée trop courte par l’opposition politique, le patron de la CEI, a également entretenu le flou. Prenant à rebours sa position habituelle, à savoir que le timing de cette étape du processus électoral est fixé par les textes en vigueur, il a surpris tout le monde en déclarant ceci: « Commençons déjà. S’il y a un engouement, on pourra proroger. L’objectif, c’est de capter le maximum d’Ivoiriens sur la liste électorale ».
En ouvrant la porte à cette éventualité, Kuibiert conforte, sans le vouloir, l’opposition ivoirienne dans sa voie. C’est, en effet, l’une des revendications de cette classe politique qui exige, en outre, la refonte de la CEI et la révision du Code électoral.
Dès lors, une partie de la presse d’opposition s’en est donnée à cœur-joie dans sa livraison de ce mercredi 25 septembre. Nouveau réveil pouvait écrire : « CEI, des problèmes niés à Abidjan, reconnus à Paris ». Tandis que Le Quotidien d’Abidjan affiche : « Le président de la CEI s’explique et s’enfonce ».
En tout cas, à propos de la fréquence de l’opération de révision de la liste électorale, l’explication de Kuibiert a laissé plus d’un observateur sur la faim. Voici ce qu’il a dit : « Depuis 2010 jusqu’à maintenant, la révision de la liste électorale a lieu chaque année. Elle est sensée avoir lieu chaque année (…) Mais rarement, on n’a pas fait la révision de la liste électorale. Depuis que nous sommes là, nous faisons la liste électorale autant que faire se peut, on fait au mieux », a-t-il tenté de convaincre la journaliste qui insistait sur le fait que la révision n’a pas toujours lieu chaque année mais à la veille des années électorales.
Une chose est sûre, en 2023, la CEI n’a pas procédé à la révision de la liste électorale. L’opposition, et le PPA-CI en particulier, a littéralement pointé cet état de fait, dénonçant au passage le budget de 57 milliards alloué à l’institution.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que la sortie plus ou moins sibylline du président Kuibiert sur TV5, relance indubitablement la polémique sur la crédibilité de la CEI. À elle de démontrer par les actes que, entre éléments de langage et réalité des faits, il y a souvent un gros fossé.
En place depuis 2019, Coulibaly-Kuibiert et son équipe entament le deuxième cycle de leur mandat qui va vraisemblablement prendre fin après les élections législatives de 2025. En mars dernier, la CEI a organisé un atelier de réflexion sur le processus électoral 2022-2023, à Assinie, pour « faire un point » et « voir si, aussi bien les acteurs que les instruments juridiques qui encadrent les acteurs n’ont pas failli ». Et ce, en vue des scrutins présidentiel et législatif de 2025 etc. Nous y sommes ou presque.
Aziz Krah