Exclusif : Thiam-Billon, division de l’opposition, RHDP, pénurie d’eau et insalubrité à N’douci etc., le maire Golé Marcellin (PDCI) fait le grand déballage…
Lemandatexpress – Premier maire élu de N’douci, Me Golé Marcellin poursuit son deuxième mandat avec l’objectif de positionner davantage cette jeune commune créée par décret présidentiel le 03 mai 2018. Coordonnateur PDCI-RDA des quatre délégations du département de Tiassalé, il travaille également à l’assise locale de son parti. Dans cet entretien à lemandatexpress.net, l’avocat fait le point des grandes actions réalisées sous son magistère, jette un regard sur la vie de son parti sans oublier la difficile tentative d’union de l’opposition politique face au RHDP.
Monsieur le maire, voilà un an que vous avez été réélu à la tête de la municipalité de N’douci. Quelles ont été les grandes avancées au cours de ces 12 derniers mois.
En 2018, nous avons été élu en tant que premier maire de cette jeune commune. Et nous avons été réélu en 2023 par la grâce de Dieu. Les avancées qu’on peut noter au cours des 12 derniers, c’est d’abord la paix. Nous avons développé un climat paisible. De plus, avons développé la destination N’douci pour les investissements. La preuve, en moins d’une semaine, nous avons posé la pierre de deux stations d’essence. Ce sont non seulement les indices de développement mais ce sont également les indices qui prouvent aussi que N’Douci est intéressé par les investisseurs extérieurs. Vous savez, ce que nous faisons, c’est de l’accompagnement. Une mairie ne peut pas tout développer. Nous sommes un démembrement de l’Etat central ; donc on attend toujours des appuis de l’Etat central. Mais à notre niveau, on fait ce qu’on peut faire. Donc, nous déjà avons mis en place, au premier mandat, un commissariat pour rassurer les opérateurs, les investisseurs et la population. Nous avons investi dans les domaines de la sécurité, de la santé, de l’éducation. Voilà le triptyque. Et nous continuons dans ce sens. Le développement est une chose de longue haleine. Je ne saurais citer tout ce que nous avons fait. C’est l’extérieur qui pourra juger, de même que la population de N’douci et ceux qui viennent visiter la ville ; ces derniers pourront juger de l’évolution des grands chantiers qui sont en cours. Nous allons construire des marchés, c’est ce qui va renflouer les caisses de la mairie à travers les recettes propres. Il faut compter sur soi-même avant de compter sur l’extérieur. En en mot, nous avons développé un climat de paix. N’douci, aujourd’hui, est une destination paisible, une destination d’investissement à travers les sociétés qui s’annoncent. Nous avons développé aussi un grand lotissement entre N’douci et l’autoroute que nous avons appelé « N’douci ville nouvelle ». Nous avançons très bien dans ce sens.
Lors des dernières vacances scolaires, vous avez subventionné des cours de vacances et soutenu plusieurs activités socio-sportives. Quel sens donnez-vous à de tels appuis ?
Effectivement, lors des dernières vacances scolaires, nous avons voulu occuper sainement la jeunesse en particulier et la population en général, de façon saine et éducative. Donc, nous avons appuyé les cours de vacances ; ça a été une grande réussite. A l’arrivée, nous avons décerné des cartons d’excellence aux meilleurs élèves de chaque promotion. Vous savez, il y a la joie mais il faut accompagner la joie par l’excellence. Aussi, le sport étant un facteur de rassemblement, il y a eu deux catégories de sports. Il y a eu d’un côté le tournoi N’douci festi-foot, qui a permis de détecter des talents. Ça fait la deuxième édition. Nous avons vu l’engouement et le bilan, nous avons vu aussi le thème qui est développé autour de ce tournoi, à savoir la paix. Et donc on n’a pas hésité à accompagner cet évènement qui a été une réussite totale. A côté de cela, nous avons développé le maracana zone, pour permettre à tous les corps professionnels de N’douci de se familiariser, de festoyer et de s’égayer. Tous ces appuis visent à ramener la paix, développer la convivialité et le vivre-ensemble vrai. Et ça été une vraie réussite. Il faut dire que lors de ce genre d’évènements qui drainent du monde, il y a toujours des gens qui s’excitent. Heureusement, tout s’est passé sans accros. C’est pour dire que la paix est revenue définitivement à N’douci. Nous avons aussi soutenu certaines activités isolées. Nous comptons récidiver en fonction des moyens. Mais déjà, nous sommes fiers de ce qui a été fait.
Au plan social, N’douci fait face à une pénurie d’eau courante. Qu’est ce qui explique cet état de fait et que faites-vous pour apporter une solution à ce problème ?
Je pense que N’douci n’est pas la seule ville concernée. C’est un problème national. Généralement, il y a des coupures d’eau un peu partout. La commune seule ne peut pas résoudre ce problème. Dieu merci, l’Etat a pensé à nous. Il y a un château qui a été construit ; le premier pan a été développé, le deuxième pan est en voie de développement pour pouvoir prendre en compte la zone de N’douci et celles qui ne sont pas encore desservies. Je pense que bientôt ce problème d’eau sera un vieux souvenir. Nous avons programmé l’extension de l’eau courante dans notre programme triennal pour prendre en compte cette préoccupation une fois que le château sera mis en marche véritablement. Cela dit, je pense que ce sera réglé. Et comme je l’ai dit, ce problème n’est pas singulier à N’douci. Pour le moment, ça va. La pénurie est réglée plus ou moins. Ce sont des choses qui surviennent de façon sporadique. Avec l’appui de l’Etat et de l’ONEP (Office national de l’eau potable), les choses vont aller de mieux en mieux.
Qu’en est-il de l’insalubrité, parce que c’est aussi une réalité à N’douci ?
A ce niveau aussi, je dirai qu’il ne faut pas ramener le problème à N’douci seul. C’est un phénomène général, voire national. Lorsque je rentre dans une ville aujourd’hui, mon premier regard, c’est l’insalubrité ou la salubrité. Les ordures jonchent les rues un peu partout. Il faut noter que cela ne relève pas de la compétence ou du pouvoir des maires. Aujourd’hui, l’Etat a centralisé la gestion des déchets à travers l’ANAGED (Agence nationale de gestion des déchets) qui, malheureusement, ne fait rien. Depuis que nous sommes arrivés, nous avons reçu un tracteur, qui ne peut pas monter une colline, avec deux tricycles, le 05 août 2019. Depuis lors jusqu’à aujourd’hui, rien n’est fait. Nous nous battons pour enlever les ordures. N’douci compte 82.000 habitants. Vous notez que lorsqu’il y a du monde, il y a beaucoup d’ordures qui se créent. Il y aussi l’indiscipline et l’incivisme. Comment comprendre que les gens peuvent jeter les déchets dans les basfonds, devant les écoles alors qu’on peut les attacher pour qu’on puisse les prendre. Si vous comprenez que c’est vilain de les jeter chez vous, pourquoi venir les jeter ailleurs devant les lieux publics ? D’autres mêmes jettent les ordures au rond-point. Ils s’en vont ramasser la nuit avec les tricycles de façon privée pour les déverser au rond-point parce qu’ils se disent que la mairie va les enlever. Nous en appelons à l’intelligence, à la sagesse de tout le monde. C’est vrai, ce n’est pas de notre compétence mais tu ne peux pas regarder cela traîner ; nous vivons avec la population. Donc nous faisons de notre mieux. Cela dit, N’douci n’est pas mal loti par rapport à d’autres villes de l’intérieur. On se bat pour enlever les ordures. On se battra davantage pour le faire. L’année prochaine, nous allons nous doter de moyens plus sophistiqués, notamment des véhicules de ramassage. Les années passées, ce sont les tracteurs que nous avons acquis. Mais avec la population croissante et grandissante, il faut des moyens plus élevés pour dompter cela. Nous en sommes conscients. Et je demande aussi à la population d’observer le civisme et la propreté, de ne pas jeter les ordures partout. On jette les ordures en se disant que la marie va venir les ramasser. C’est un peu dommage, il faut qu’on sorte de cela.
Parlons à présent du PDCI. En tant que coordonnateur départemental de Tiassalé, dites-nous comment se porte le parti dans votre zone ?
Je dirai que le PDCI-RDA se porte bien à N’douci. Je n’ai pas besoin de le dire : j’ai été élu et réélu sous la bannière PDCI. C’est une preuve palpable. Pendant que le parti au pouvoir a développé les grands moyens, nous avons été réélu. C’est la preuve que le parti se porte bien. Nous avons reçu plusieurs adhérents que nous allons présenter prochainement à travers notre rentrée politique. Pendant les moments difficiles, nous avons résisté et nous continuons de résister. Aussi, nous sommes très heureux et très fiers de l’arrivée de notre président Thiam (Tidjane), qui a renversé les données. Aujourd’hui, la peur a changé de camp. Tout le monde vient adhérer à visage découvert ; même les partisans du parti au pouvoir viennent adhérer. C’est pour dire que la tendance est bonne, le PDCI se porte bien. Je suis nommé par le Haut représentant, le ministre Calixte Yapo, en tant que coordonnateur des quatre délégations du département de Tiassalé. En même temps aussi président de la commission juridique et judiciaire. J’en suis heureux et flatté ; et je voudrais remercier le président Thiam et le ministre Calixte Yapo. Je me battrai pour être à la hauteur comme je l’ai fait pour être réélu avec toute la résilience d’un avocat, d’un homme digne, digne d’un Abbey.
Au niveau national, il y a le duel à distance entre le Président Thiam et le ministre Billon. Ce dernier a déclaré récemment que le « PDCI a beaucoup de retard dans la gestion des actes ». N’est-ce pas que le parti est éprouvé de l’intérieur ?
Effectivement, au niveau du parti, nous avons observé quelques dissensions que vous avez relevées concernant notamment le propos de Billon par rapport à un prétendu retard. Mais je ne voulais pas m’appesantir sur ça. Dans une famille, il y a toujours de petits couacs. C’est une tempête dans un verre d’eau. Il (Billon) a ses raisons. On ne va pas brûler quelqu’un pour ça. Je ne veux pas non plus juger quelqu’un. Mais je pense que ce n’est pas un problème qui trouble véritablement le parti. Au PDCI, nous avons beaucoup d’intelligence, beaucoup de sagesse. C’est un parti de paix. Ça va se régler. Nous vivons un phénomène nouveau avec la disparition brusque du président Bédié. C’est normal que la succession soit ainsi. Ce que nous observons, c’est juste un palabre fraternel, de bonne guerre et qui va bien se terminer. Il n’y a pas de problème à l’intérieur, le parti n’est pas éprouvé à l’intérieur. Il y a d’autres partis qui sont plus éprouvés que nous et qui ne disent rien. Je suis serein. Pour ce qui est des petites palabres au sein de notre parti, c’est normal. Aucune famille ne peut vivre sans heurts. Mais comment y remédier, c’est de cela qu’il s’agit. Et nous avons toutes les capacités pour cela.
Récemment face à la presse, le porte-parole Soumaïla Brédoumy a affirmé que la Convention du PDCI sera ouverte à tous les potentiels candidats. Comment entrevoyez-vous cette échéance qui suscite beaucoup de vagues ?
C’est lors de la Convention qu’on choisit les candidats. Pour un parti qui se veut démocratique, il est tout à fait normal qu’on ouvre la Convention à tous les potentiels candidats. Le vote, c’est le meilleur moyen de consensus. Donc on trouvera le candidat idéal pour représenter notre parti à la présidentielle 2025. Quel que le soit le candidat, on sera tous derrière lui. Et le perdant va s’incliner pour faire la paix avec le gagnant. Je suis donc heureux que cette Convention ait lieu. Et je n’ai aucune crainte qu’elle se déroule bien. Vous avez vu, en un temps record, nous avons organisé le congrès de décembre 2023. Lorsque nous avons été interdits de l’organiser à l’Hôtel Ivoire, en deux temps trois mouvements, nous avons mobilisé les militants à Yamoussoukro. Donc, je pense que ça sera une grande fête, la finale avant la lettre, avant d’accéder au pouvoir. Je n’ai aucune crainte à ce niveau. Je pense que cette échéance va se passer. Et même si elle suscite beaucoup de tensions, c’est normal. Quand la chose est bonne, elle suscite beaucoup d’intérêt. C’est l’arbre fruitier qui reçoit beaucoup de pierres.
La présidentielle 2025 approche. Pensez-vous qu’une opposition divisée comme elle est actuellement peut résister face au RHDP ?
Effectivement les échéances électorales approchent au niveau de la présidentielle. Je pense que l’opposition divisée ne peut pas apporter quelque chose. La division n’apporte rien. L’union fait la force, c’est une maxime qui est vérifiée. Nous sommes donc d’accord pour l’union et l’union vraie. Mais en dehors de cette union, le PDCI seul peut résister au RHDP. Parce que les données ont changé. La peur a changé de camp. Et toute apogée a une fin. Comment négocier cette fin pour ne pas qu’elle soit catastrophique, c’est de ça qu’il s’agit. Vous savez, à l’arrivée de Thiam après le décès du président Bédié, d’aucuns ont dit qu’il est arrivé comme un cheveu sur la soupe. Mais non (…) Je suis persuadé qu’il va y arriver. C’est le destin des grands hommes comme l’a été David. Seul, le PDCI va résister au RHDP. Avec l’opposition, ça sera un avantage pour nous. Cela dit que l’opposition soit divisée ou pas, dans tous les cas, le PDCI part. L’objectif principal du parti, c’est de conquérir et gérer le pouvoir d’Etat. Je n’ai pas peur que cette opposition soit divisée. Même si notre souhaitons est qu’elle ne soit pas divisée. En tout état de cause, chacun prêche pour ses intérêts. Il y aura évidemment quelques divisions. Mais la majorité a compris déjà qu’il faut aller en rangs serrés pour changer les donnes. Je n’ai rien contre le RHDP mais comme on le dit, il faut changer de fusil d’épaule de temps en temps pour avancer. Ils ont fait leur part, il faut qu’ils comprennent que d’autres personnes doivent faire leur part.
Entretien réalisé par Martial Galé
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