Rentrée scolaire : Un établissement public de Bouaké ploie sous le poids des effectifs…(Reportage)
Lemandatexpress – Comme toutes les localités de la Côte d’Ivoire, Bouaké vit, depuis le lundi 09 septembre, au rythme de la rentrée scolaire de 2024-2025. Bien avant cette rentrée des classes, un passage dans la capitale du Gbêkê a permis à lemandatexpress.net de toucher du doigt, les dures réalités d’un établissement public secondaire de la capitale du Gbêkê: le lycée Martin Luther King.
Situé en bordure de route, à quelques encablures du carrefour Bambi, le Lycée Martin Luther King, établissement public d’enseignement général, fait partie des nombreux repères du quartier chic de Kennedy. Sur la façade gauche de l’entrée principale, se décline le portrait de Martin Luther King, l’icône des droits civiques aux États-Unis. Le mur est dégradé par endroit. La cour intérieure de l’école offre une vaste étendue de terrain, avoisinant les 3 Hectares, occupée par des bâtiments généralement défraîchis.
Il est 13 heures, ce vendredi 06 septembre 2024 quand nous débarquons sur les lieux. Avec la faible présence d’élèves et parents venus pour les formalités d’inscription, le Lycée Martin Luther King sonne creux. On est loin de la grande ferveur de la rentrée scolaire. Le personnel administratif, composé d’intendants, éducateurs, informaticiens et autres secrétaires, est aux petits soins des élèves et parents pour faciliter la procédure. Ils sont à la tâche depuis le lundi 02 septembre dans cette ambiance feutrée.
Les barèmes sont respectés
Par petits groupes, les apprenants, dossiers d’inscription sous la main, discutent ça et là. Ici, les barèmes arrêtés par le ministère de l’Education nationale et de l’Alphabétisation sont respectées à la lettre. 1000 F CFA de frais d’inscription plus 1000 F pour le macaron(500 F) et les activités scolaires(500 F) . Pas plus. Les notes d’information placardées au mur du bureau de l’intendance et les reçus de paiement que nous consultons auprès des élèves font foi. Pour les classes de troisième e et terminale, seuls les frais d’examens sont exigés en plus des 2000 F CFA susmentionnés. Dès lors, au Lycée Martin Luther King, nul besoin de casser la tirelire pour régulariser son inscription de l’année.
C’est tout le contraire des établissements privés ou semi-privés de Bouaké où les frais d’inscriptions se négocient à partir de 30.000 F CFA. Ce qui, selon Dame Soro, explique en partie le fort taux de fréquentation de ce rare lycée public mixte de la zone. L’autre établissement public de Kennedy étant le Lycée jeunes filles appelé aussi le grand bahut. « Dans le secteur, il y a peu d’établissements. Aussi, les parents recherchent la gratuité, ils préfèrent les établissements publics », soutient-elle.
Au moins 12 salles supplémentaires
Selon cette éducatrice, chaque année, l’effectif du Lycée Martin King oscille entre 1800 et 2000 élèves. «On souhaite avoir un effectif de 65 voire 70 élèves par classe. Mais si l’État nous affecte plus d’élèves que ce qu’on a demandés, on est obligé d’accepter », soupire-t-elle. « On a des problèmes de salles. Pour avoir un effectif moins pléthorique dans chaque classe, il faut au moins 12 salles supplémentaires », confie-t-elle.
Auprès d’elle, nous apprenons également que cette année, l’administration avait déjà fini les dispatchings, avant de recevoir environ 100 élèves dans le cadre des orientations. Du coup, malgré le don d’un bâtiment de six salles de classe, par l’ancienne équipe du conseil régional, en 2023, la problématique des effectifs reste entière.
Comme la conversation se prolonge, elle fait appel à l’un de ses collègues, Soro Kartenin, qui prend le relais. Informaticien, ce monsieur plein d’humour, est une bibliothèque miniature du Lycée Martin Luther King. Sur la capacité d’accueil de l’établissement, il abonde dans le même sens que sa collègue. Rappelant que, durant trois années successives, ils ont dû instaurer la double vacation. Ce qui avait conduit l’administration du lycée Martin Luther King, à se tourner vers le Conseil régional du Gbêkê, nous dit-il. Pour l’heure, le lycée dispose de 24 salles dont une en forme de préau, où la canicule est intenable. À la vérité, il faut une trentaine de salles, pour combler le besoin exprimé. « Salles de classes et laboratoires techniques compris », souligne Soro Kartenin.
En marge des examens à grand tirage
Conséquence de cette jauge réduite, le lycée Martin Luther est resté en marge des examens à grand tirage des années durant. Selon notre interlocuteur, c’est seulement l’année dernière, que l’établissement a accueilli la session du BEPC.
Disposé à nous instruire sur les réalités de cette école, l’informaticien nous conduit à hauteur du terrain de sport où une bonne partie de la clôture faite en béton s’est effondrée. « Ça pose un réel problème de sécurité », fait-il remarquer. En effet, c’est une porte ouverte aux éventuels actes de vandalisme, venant des quartiers environnants. Heureusement que les élèves ne côtoient pas la broussaille pour leurs besoins gastriques et urinaires. Grâce à un ancien élève, cadre d’une société de Banque, le dispose de latrines modernes et propres. Un ouf de soulagement.
À l’origine, collège privé d’enseignement général, l’établissement a été racheté par l’État en 1995. Collège d’enseignement général (CEG) puis Collègue moderne, il devient un lycée moderne au cours de l’année scolaire 2010-2011, contribuant à former davantage d’élèves issus d’horizons divers. Dans une ville de Bouaké où le taux de fréquentation est très for, c’est tout naturellement que le lycée Martin Luther King, établissement public, soit presque débordé chaque année.
Martial Galé