Rentrée scolaire 2024-2025: Un démarrage timide dans l’ensemble
Les écoles ont rouvert leurs portes, après trois mois de vacances, le lundi 9 septembre 2024, conformément au calendrier du ministère de l’Education nationale et de l’Alphabétisation. Entre les formalités d’inscription et le démarrage effectif des cours, il y a un écart. Au point que trois jours après, le démarrage reste timide dans l’ensemble, émaillé par des difficultés techniques et matérielles, liées au manque de moyens financiers de parents. Nos équipes de reportage a sillonné des écoles à Yopougon et Abobo et Cocody.
Soixante-douze heures après la rentrée des classes sur l’ensemble du territoire national, le démarrage des cours n’est pas encore effectif dans de nombreux établissements publics. Les parents d’élèves continuent les formalités d’inscription, évoquant des difficultés financières. Notre équipe de reportage a fait le constat, hier, à travers une visite dans certaines écoles publiques à Yopougon. Il est 7 h 30 quand nous débarquons au Groupe scolaire Académie des lagunes.
Dans cette école de plus 600 élèves, à peine le tiers des élèves est présent. L’atmosphère est loin de la folle ambiance dans les écoles pendant l’année scolaire. Quelques tout-petits en compagnie des parents sont devant l’administration pour les inscriptions. Dans cette école, on est loin du démarrage effectif des cours comme préconisé par le ministère. Interrogé, un parent d’élève qui a requis l’anonymat, n’est guère surpris. Pour lui, les choses ont toujours été comme ainsi. Elles entreront progressivement en ordre.
Les travaux de réhabilitation en cours à l’EPP SICOGI 3 à Yopougon
10 h 15, nous voici à l’EPP SICOGI 3 de la commune de Yopougon. Aucun élève dans la cour de l’école. Des tables-bancs dans la cours de l’école, des travaux de réhabilitation dans certaines classes sont en cours. Des enfants du quartier qui s’adonnent à de petits jeux. Malgré la présence du personnel, les salles de classe baignent encore dans la poussière et dans la moisissure. Sous l’anonymat, une conseillère pélagique donne des explications. Selon elle, l’absence des élèves dans les classes est relative à une question d’organisation des parents. Pour elle, la rentrée des classes nécessite une organisation au préalable à l’effet d’anticiper sur les difficultés de dernières minutes.
« C’est difficile à expliquer. Mais vous pouvez le constater vous-mêmes. On est encore loin de la réalité. Il faudra dans l’avenir, une bonne organisation des parents. On ne doit pas attendre le dernier jour pour chercher les moyens de scolarisation des élèves », a-t-elle signifié, avant d’ajouter que quelle que soit la situation, les cours vont reprendre. Pour un conducteur de taxi, le véritable facteur de la reprise timide de l’école est la cherté de la vie. Selon lui, la cherté de la vie empêche les parents à économiser pour faire face à la rentrée scolaire. « Il ne faut pas se mentir, la vie est chère. Avec ça, il ne peut avoir de rentrée maintenant, même si les virements sont passés », a-t-il relevé.
L’ambiance encore timide dans certains établissements à Abobo
Cette rentrée scolaire débute timidement de façon générale à Abidjan, aussi bien au niveau du préscolaire, du primaire que du secondaire. De l’EPP Azur Colombe de Plateau Dokui au groupe scolaire Saint Mathieu d’Abobo Akéikoi, l’Epp Bad d’Abobo Avocatier, en passant par le Collège Adama Sanogo, le Lycée Mahou, le Collège Provincial etc. où nous étions hier, il y avait une bonne ambiance mais les classes n’affichent pas trop pleines. Au sein de ces établissements visités, enseignants et personnels administratifs sont en place. Mais du côté des apprenants et leurs parents, c’est un retour timide que l’on a constaté. Des parents sont mêmes toujours au stade des inscriptions de leurs enfants. Une situation notamment liée à la conjoncture économique générale, et aux conditions de vie difficiles des parents.
Comme en témoigne dame K.C, rencontrée à l’EPP Azur Colombe au Plateau Dokui : « Je suis veuve, je dois m’occuper seule de mes enfants, je ne sais pas comment je vais payer les fournitures ». C’est le cas de plusieurs autres parents d’élèves qui parlent le même langage, et pensent qu’ils ne seront pas prêts avant la fin de ce mois. D’où l’appel d’Apolline Koffi, directrice de la maternelle à l’Epp Bad Avocatier : « Pour l’instant, nous constatons qu’il n’y a pas d’engouement. Nous demandons donc aux parents de se dépêcher, nous les attendons car le meilleur reste à venir ».
Dans ces établissements visités, des apprenants déjà inscrits sont dans le bain de la rentrée. Parmi eux, les anciens se sentaient revivre en retrouvant leurs amis, quand les nouveaux, dépaysés, se trouvaient perdus dans cette nouvelle ambiance. Cela se justifiait par les pleurs des plus petits débutants en classe de maternelle et de Cp1 au groupe scolaire Bad Plateau Dokui, lorsque leurs parents ou les nounous les abandonnaient dans les bras des enseignants. Au niveau des vendeurs de fournitures scolaires, ce n’est pas encore l’affluence chez les détaillants dans les quartiers visités, mais ils gardent l’espoir . « Les temps sont difficiles, nous n’avons pas le choix. C‘est comme ça chaque année, on commence timidement, mais après il y a de l’engouement, on a bon espoir que ça va aller », a déclaré Mlle C.A, vendeuse de fourniture à proximité du groupe Adama Sanogo.
Cette période de rentrée doit fouetter notre sens de solidarité envers notre prochain, car pour la plupart des parents, cette période est un casse-tête chinois. Ils doivent jongler entre les dépenses scolaires et les besoins au quotidien. Nous avons fait un tour au bureau de la CARTITAS, un service social de l’église catholique, à la Paroisse sainte Monique du Plateau Dokui, ou le personnel, comme chaque année, s’active à venir en aide aux parents démunis en fournissant des tenues scolaires et prises en charges, et contribuant aussi à l’achat de fournitures. Ce service social de l’église ne fonctionnant que sur les dons particuliers des fidèles, la présidente de la Caritas Sainte Monique de Plateau Dokui, Mme Bamba Caroline, lance un appel aux bonnes volontés, pour leur soutien dans cette rentrée scolaire.
Hubert BEGOU et N’Goran Pacôme