Meeting à Bonoua : Quand Gbagbo se moque des leaders de l’opposition…
En demandant aux autres leaders politiques de l’opposition de le rejoindre pour éloigner du pouvoir le RHDP, Laurent Gbagbo étale toute son inconséquence et ses limites politiques.
Annoncé à coups de matraquage publicitaire et médiatique, le fameux meeting de Laurent Gbagbo à Bo-noua s’est tenu, le 14 Juillet 2024. La quintessence de son discours est axée sur la volonté de mettre fin au règne d’Alassane Ouattara, qui in-carne le pouvoir du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP). Pour Laurent Gbagbo, Il y a urgence à tout mettre en œuvre pour qu’en octobre 2025 Alassane Ouattara et son équipe ne soient plus aux commandes en Côte d’Ivoire.
Pour ce faire, il appelle à toutes les les autres forces du microcosme politique ivoirien qui épousent son schéma de pensée. « Il faut que nous nous nous organisions pour que ce gouvernement ne soit plus là en 2025. J’ouvre les bras à tous les politiques qui sont prêts pour ce changement… Mais je ne veux pas de roublardise », a f fait entendre Laurent Gbagbo. A lire et à écouter ce bout de phrase de Laurent Gbagbo, l’on se demande s’il s’entend parler et s’il ne s’est pas trompé d’interlocuteur. Arrivé le 17 juin 2021, l’ancien chef de l’Etat ? par ailleurs leader de la gauche ivoirienne, portait tous les espoirs de renaissance de ce courant politique. Que non ! Sans prendre de la hauteur, et descendant dans la vallée, en s’appuyant sur des considérations qui ne tiennent pas la route, il a préféré se brouiller avec ses principaux partenaires et collaborateurs politiques.
Confiance et estime rompues
Affi N’guessan à qui il prétend avoir laissé l’enveloppe du Front Populaire Ivoirien, Simone Ehivet Gbagbo de laquelle il a divorcé après l’avoir humiliée à l’aéroport le jour de son arrivée et Charles Blé Goudé qu’il ne veut pas voir sont les premières cibles de son appel. La confiance et l’estime que lui vouaient ces trois figures de proue de son camp sont rompues, et il y a fort à parier que Laurent vient de prêcher dans le désert. Surtout que sa démarche n’est pas empreinte d’humilité. D’autant plus que dans une logique de se débiner, il mandate plutôt ses proches collaborateurs à engager les discussions. Là en en principe, où Laurent Gbagbo lui-même devrait être en première ligne pour mener les consultations et débat en vue d’accorder les violons avec les autres.
Cette attitude condescendante comporte en elle-même les germes de l’échec de cet appel. Laurent Gbagbo a de lourds contentieux avec ses anciens compagnons qui ont pris leurs distances d’avec lui. Il gagnerait à vider lesdits contentieux au lieu de ruser. A ce propos, quand Laurent Gbagbo parle de roublardise, de loyauté et de sincérité, c’est vraiment l’hôpital qui se moque de la charité. Tant, c’est une vérité de La Palice de dire qu’en Côte d’Ivoire, la personnalité politique qui ne doit bénéficier d’aucune once de confiance, c’est Laurent Gbagbo.Ce qui lui vaut le fameux sobriquet de « boulanger ». Les autres leaders de partis politiques sont en droit de se dire qu’il veut se servir d’eux comme marchepieds pour parvenir à ses fins.
L’équation Thiam
Tirant les leçons des élections locales, où sa formation politique, le parti des peuples africains- Côte d’Ivoire n’a obtenu que deux sièges au municipales et zéro région, Laurent Gbagbo se rend bien compte que son camp ne pèse plus qu’un clou. Il essaie de rallier à sa cause d’autres forces, et lorgne également du côté du PDCI. A la lumière des statistiques, le PDCI qui a obtenu de bien meilleurs résultats que le PPA-CI est la première force politique de l’opposition. Laurent Gbagbo est-il en droit de lancer un appel pour que Tidjane Thiam, leader de l’opposition le rejoigne ? Assurément non ! Ce sont les petites rivières qui convergent vers le fleuve et non le contraire. Même si le PDCI devait s’accoquiner avec le PPA-CI, qui de de Thiam ou de Gbagbo, assurerait le pédalier principal ?
Le PDCI-RDA qui s’apprête à prend part à l’élection présidentielle, n’est pas dans une dynamique de porter la tunique d’un parti godillot. Les chances sont minces, sinon nulles de voir Tidjane Thiam répondre favorablement à l’appel de Laurent Gbagbo. A quinze mois de la présidentielle, Laurent Gbagbo joue gros. Soit il réussit à rallier à sa cause les principales forces de l’opposition, soit il s’isole à tout jamais de la scène politique. Le second scénario scelle son sort, et il pourra tout simplement dire adieu à un quelconque triomphe à la présidentielle 2025. Les à venir nous situeront sur ce poker menteur de Laurent Gbagbo.
Source : Le Mandat
NB : Le titre est de la rédaction