Economie africaine, législatives françaises, Euro 2024 – Stéphane Tiki (Patronat francophone) se lâche : « Il faut faire barrage aux extrêmes… »
Lemandatexpress-Porte-parole du Groupement du patronat francophone, Stéphane Tiki a séjournée récemment en Côte d’Ivoire, à l’invitation d’une entreprise (RIMRAE) dans le cadre d’un sommet économique. En marge de cette tribune, le jeune franco-camerounais s’est confié à lemandatexpress.net. Sans réserve, Il aborde aussi bien le développement économique de l’Afrique, les relations bilatérales, sans oublier la Francophonie et les élections législatives françaises des 30 juin et 07 juillet.
Dans quel cadre se situe votre séjour en Côte d’Ivoire ?
Je venu suis, ici, dans le cadre d’un sommet qui parle d’investissement, d’opportunités et de risques. Il pose la question de savoir s’il est rentable d’investir ou comment peut-on contourner les risques afin de les transformer en opportunités. J’ai participé, hier (jeudi 20 juin, ndrl), à une table ronde ; aujourd’hui, j’ai eu une autre tribune pour expliquer pourquoi il faut d’abord s’imprégner des risques, analyser les besoins du marché et transformer ces risques en demandes d’opportunités parce que l’Afrique est le continent d’aujourd’hui et de demain. Nous avons été invité par une entreprise (RIMRAE), qui cordonne justement, ces débats entre l’Assurance et le risque.
Qu’est-ce qui vous a marqué au cours de ce Sommet?
A travers cette initiative, on a compris que c’est les uns avec les autres qu’on peut progresser. Nous avons pris la parole aux côtés de grands groupes, de dirigeants économiques. On a eu également des gens du gouvernement, du secteur privé des opérateurs économiques qui viennent de l’extérieur pour venir investir ici. Tout le monde parle ensemble afin de voir comment on peut œuvrer, les uns avec les autres, non pas à développer la croissance mais comment transformer ce taux de croissance (très élevé en Afrique et en Côte d’Ivoire notamment) en une amélioration des conditions pour que toutes les populations puissent en bénéficier.
Avez-vous votre petite idée sur la question, c’est-à-dire la transformation de la croissance en une amélioration des conditions sociales ?
Mon idée, c’est l’implantation des entreprises. Quand vous implantez des entreprises, vous formez la main d’œuvre, particulièrement les jeunes ; on a un continent dont 75% de la population a moins de 35 ans. Une fois que les jeunes sont formés, ça crée de l’emploi, ça augmente le pouvoir d’achat et cela améliore le quotidien de tous les gens qui y vivent. C’est ça mon cheval de fer. Mon principe de base particulièrement, c’est le PME parce que 80% de l’industrie du continent est basé sur les PME. Deuxièmement, je veux du Nord-Sud, avec par exemple la capacité de la France à s’installer ici, mais aussi – et c’est très important – la confiance Sud-Sud, c’est-à-dire la capacité d’installer un talent ivoirien au Cameroun, au Sénégal et vice-versa. La Côte d’Ivoire est le meilleur des exemples ; on a vu la CAN. Il faut qu’on montre que quand on prend les talents locaux, la victoire est au bout.
Parlant de la Côte d’Ivoire, plusieurs initiatives sont prises pour l’insertion des jeunes, à travers notamment le PJ-GOUV 2023-2025 et la création d’un contenu local dans le domaine des hydrocarbures pour susciter l’émergence de champions nationaux. Qu’en pensez-vous ?
Je voudrais, avant tout, saluer ce travail titanesque du ministre de la jeunesse. C’est aujourd’hui, un rôle clé que d’insérer les jeunes dans le tissu socioéconomique. La notion de champions nationaux que sous-tend le contenu local du secteur des hydrocarbures, lancé récemment est également à saluer. Tout cela demande un peu de pédagogie à nos parents qui pensent toujours que nos enfants doivent être nécessairement avocat ou médecin. Chaque enfant doit aller là où il a le talent. Aujourd’hui, il y a des jeunes entrepreneurs, startupers, qui ont des PME, TPE et PMI dans des domaines incroyables : la tech, le numérique, le sports, l’agriculture etc.
Vous parliez plus haut des relations Nord-Sud. Ces relations évoluent-elles dans le bons sens à votre avis, en tant que porte-parole du Groupement du patronat francophone ?
De mon point de vue, je dirai que les choses bougent. D’abord au niveau du Groupement du patronat francophone, dans n’importe quel pays du continent où j’ai été, l’accueil est chaleureux, dès l’instant où on apporte des choses concrètes. J’ai été, il y a quelques semaines, à Kinshasa (RD Congo), je suis aujourd’hui à Abidjan. Dans quelques jours, j’irai à Libreville (Gabon) avant de terminer ce trip à Brazzaville (Congo). On se bat sur le terrain et les choses bougent. Les relations sont bonnes. On vient avec les PME qui correspondent, comme vous savez, à 80% du tissu économique du continent africain. On vient avec une ambition d’être une valeur ajoutée au développement économique de l’Afrique, de faire du gagnant-gagnant dans un rapport d’égal à égal. Aujourd’hui, il y a une pléiade de sommets qui impliquent les pays occidentaux, asiatiques, les pays du moyen orient etc. Le dénominateur commun de tous ces sommets, c’est l’Afrique. Il faut qu’on prenne conscience qu’on est le continent d’aujourd’hui et de demain. Ce marché avec beaucoup d’acteurs apporte de la concurrence, la compétition qui font que les meilleurs projets vont être pris et mis en avant.
Est-ce que cette ouverture du marché n’est pas, en revanche, à l’origine des révolutions de Palais tel qu’on le vit en Afrique, avec l’avènement de plus en constant des juntes notamment dans les régions du Sahel où l’on voit monter le sentiment anti-français ?
Moi je n’ai pas encore vu de sentiment anti-français. J’ai fait 36 pays africains et à chaque fois, ça se passe bien. Ce que les gens attendent, ce n’est pas d’où tu viens, c’est l’impact de ce que tu fais ; tant que tu apportes du concret, du et du vrai, les gens sont contents. Arès, effectivement, on est passé d’un marché où la France avait le monopole – après les indépendances – à un marché concurrentiel avec plusieurs acteurs. C’est la suite de la roue du marché. Maintenant, je pense que ce sont des adversaires de la France qui vont avoir un sentiment anti-français, il ne faut pas aller sur ce terrain. Moi, j’aimerais que celui qui a le meilleur projet soit le meilleur avec l’ambition d’œuvrer et développer le continent. Je comprends que quand tu viens, c’est pour gagner mais que l’Afrique doit aussi gagner, c’est du gagnant-gagnant. Je crois que la France est dans ce schéma. Le plus important, c’est que les pays se sentent bien. On est très heureux de ce qui se passe au Sénégal où le président (Diomaye Faye) est arrivé avec une nouvelle dynamique ; je suis très heureux également de ce qui se passe en Côte d’Ivoire. J’étais là il y a quelques mois pour la CAN ; la réussite des routes, la construction des stades, la valeur ajoutée de ce pays qui est pour moi, le 3e pays le plus important économiquement sur le continent africain.
Parlant de la Côte d’Ivoire, plusieurs initiatives sont prises pour l’insertion des jeunes, à travers notamment le PJ-GOUV 2023-2025 et la création d’un contenu local dans le domaine des hydrocarbures pour susciter l’émergence de champions nationaux. Qu’en pensez-vous ?
Je voudrais, avant tout, saluer ce travail titanesque du ministre de la jeunesse. C’est aujourd’hui, un rôle clé que d’insérer les jeunes dans le tissu socioéconomique. La notion de champions nationaux que sous-tend le contenu local du secteur des hydrocarbures, lancé récemment est également à saluer. Tout cela demande un peu de pédagogie à nos parents qui pensent toujours que nos enfants doivent être nécessairement avocat ou médecin. Chaque enfant doit aller là où il a le talent. Aujourd’hui, il y a des jeunes entrepreneurs, startupers, qui ont des PME, TPE et PMI dans des domaines incroyables : la tech, le numérique, le sports, l’agriculture etc.
Vous parliez plus haut des relations Nord-Sud. Ces relations évoluent-elles dans le bons à votre avis, en tant que porte-parole du Groupement du patronat francophone ?
De mon point de vue, je dirai que les choses bougent. D’abord au niveau du Groupement du patronat francophone, dans n’importe quel pays du continent où j’ai été, l’accueil est chaleureux, dès l’instant où on apporte des choses concrètes. J’ai été, il y a quelques semaines, à Kinshasa (RD Congo), je suis aujourd’hui à Abidjan. Dans quelques jours, j’irai à Libreville (Gabon) avant de terminer ce trip à Brazzaville (Congo). On se bat sur le terrain et les choses bougent. Les relations sont bonnes. On vient avec les PME qui correspondent, comme vous savez, à 80% du tissu économique du continent africain. On vient avec une ambition d’être une valeur ajoutée au développement économique de l’Afrique, de faire du gagnant-gagnant dans un rapport d’égal à égal. Aujourd’hui, il y a une pléiade de sommets qui impliquent les pays occidentaux, asiatiques, les pays du moyen orient etc. Le dénominateur commun de tous ces sommets, c’est l’Afrique. Il faut qu’on prenne conscience qu’on est le continent d’aujourd’hui et de demain. Ce marché avec beaucoup d’acteurs apporte de la concurrence, la compétition qui font que les meilleurs projets vont être pris et mis en avant.
Est-ce que cette ouverture du marché n’est pas, en revanche, à l’origine des révolutions de Palais tel qu’on le vit en Afrique, avec l’avènement de plus en constant des juntes notamment dans les régions du Sahel avec la montée du sentiment anti-français ?
Moi je n’ai pas encore vu de sentiment anti-français. J’ai fait 36 pays africains et à chaque fois, ça se passe bien. Ce que les gens attendent, ce n’est pas d’où tu viens, c’est l’impact de ce que tu fais ; tant que tu apportes du concret, du réel et du vrai, les gens sont contents. Arès, effectivement, on est passé d’un marché où la France avait le monopole – après les indépendances – à un marché concurrentiel avec plusieurs acteurs. C’est la suite de la roue du marché. Maintenant, je pense que ce sont des adversaires de la France qui vont avoir un sentiment anti-français, il ne faut pas aller sur ce terrain. Moi, j’aimerais que celui qui a le meilleur projet soit le meilleur avec l’ambition d’œuvrer et développer le continent. Je comprends que quand tu viens, c’est pour gagner mais que l’Afrique doit aussi gagner, c’est du gagnant-gagnant. Je crois que la France est dans ce schéma. Le plus important, c’est que les pays se sentent bien. On est très heureux de ce qui se passe au Sénégal où le président (Diomaye Faye) est arrivé avec une nouvelle dynamique ; je suis très heureux également de ce qui se passe en Côte d’Ivoire. J’étais là il y a quelques mois pour la CAN ; la réussite des routes, la construction des stades, la valeur ajoutée de ce pays qui est pour moi, le 3e pays le plus important économiquement sur le continent africain.
Le prochain Sommet de la Francophonie qui se tiendra, cette année en France (le 04 octobre). En votre qualité de porte-parole du Groupement du patronat. francophone, dites quels peuvent être les grands enjeux pour le continent africain ?
Avec une métaphore sportive, le Sommet de la Francophonie, c’est comme la finale de la Ligue des champions. J’ai tous mes acteurs économiques viennent ainsi que les t décideurs politiques parce que ce sont 88 chefs d’Etat qui sont là. C’est vrai qu’étant Côte d’Ivoire, j’ai rencontré individuellement quelques ministres et des acteurs économiques. Mais au Sommet de la Francophonie, c’est tout le monde qui est là au même moment. C’est l’occasion de bâtir des ponts entre le Nord et le Sud, le Sud et le Sud ensemble économiquement. On a en partage cette langue française qui nous unit. Mais l’idée du Groupement du patronat francophone, c’est de dire qu’au-delà de la langue on peut aussi faire du business pour développer économiquement notre continent pour que tous nos acteurs soient gagnants. Les pays gagnent, les acteurs gagnent, les entrepreneurs gagnent et les populations gagnent aussi. C’est donc du gagnant-gagnant-gagnant.
Quelle est aujourd’hui, la place de l’Afrique au sein de la Francophonie ?
Pour moi – c’est le cœur qui parle et la raison en même temps -, l’Afrique est le cœur de réacteur de la fusée. L’Afrique, c’est quarante pays de la Francophonie sur 80 au total. Evidemment, il y a d’autres pays tels que la Roumanie, le Canada, les Emirats ; ça bouge beaucoup. Mais l’Afrique reste au cœur. Pourquoi ? D’abord, en termes de population. On ne le dit pas assez mais en 2050, l’Afrique sera plus peuplée que la Chine. Deuxième chose, c’est la qualité de la population. 75% de la population a moins de 35 ans. Pour moi, l’Afrique a deux types de richesses : son sous-sol et cette valeur ajoutée, qui est la jeunesse du continent, ambitieuse, passionnée.
Parlons à présent de la politique française. La percée du Rassemblement national aux élections européennes a amené Emmanuel à dissoudre le parlement et à convoquer des élections législatives le 30 juin et le 07 juillet. Comment appréhendez-vous ces échéances électorales ?
Effectivement, les élections européennes ont été marquées par un fort taux du Rassemblement national. Sur la base de la constitution, le chef de l’Etat, Emmanuel Macron a appliqué ses prérogatives. On aura donc le 30 juin et le 07 juillet, ces élections législatives. Mais ce qu’il faut comprendre, c’est que les élections qui ont eu lieu, il y a dix jours, ce sont des élection européennes (en un seul tour) pour un parti européen. Aujourd’hui, le plus gros parti européen qui a la majorité au sein de l’Europe, c’est le PPE. C’est le parti, d’ailleurs, où est président une personne de grand talent qui a fait une belle campagne, François-Xavier Bellamy. Donc ce sont les Républicains qui sont au cœur du PPE (Parti Populaire Européen). Qu’on ne se leurre pas, ce n’est pas le Rassemblement National qui va diriger l’Europe. C’est le premier point. Deuxième point, ce qui nous attend dans dix jours (dimanche 30 juin), ce sont des élections législatives. C’est là que vous allez voter vos députés. Je peux comprendre qu’on a des moments de colère ; parce qu’on n’est pas content du pouvoir d’achat, parce qu’il n’y a pas de respect de l’autorité et de la police, parce qu’on n’a pas autant de sécurité ou qu’on n’arrive pas à contrôler totalement l’immigration. On peut donc craquer pour dire : je vais voter pour le Rassemblement national, parce que ça peut être un vote de colère, devenu aussi un vote d’adhésion parce qu’il y a des personnes qui votent parce qu’elles adhèrent à ces idées. Mais la réalité aujourd’hui, c’est que vous allez voter pour vos députés. Le député, pour moi, c’est celui qui a apporté de l’aide après le maire, qui a été là tout au long des deux dernières années. C’est pour voter les gens qui vont voter pour des gens qui vont défendre vos idées et vos intérêts. Je crois en cette capacité du peuple français à faire barrage aux extrêmes.
Pourquoi ?
Je précise ma pensée. Il faut faire barrage aux Extrêmes qui sont un danger pour la France et un danger pour la démocratie et je pèse mes mots. Quand je vois le désordre qu’a amené l’Extrême gauche au sein de l’Assemblée nationale qu’à l’extérieur. Quand je vois l’extrême droite, parce que pour moi, c’est toujours le Rassemblement national, l’extrême droite, un parti qui veut vivre fermé sur lui-même, un parti pas ouvert, un parti qui a un programme économique plus proche de ses frères de l’extrême gauche. Pour moi, l’extrême droite, l’extrême droite, c’est deux refrains d’une même pièce. Je pense qu’il faut voter pour les Républicains. Vous connaissez mon engagement pour ce parti où j’ai eu la chance, le privilège de travailler aux côtés de l’ancien président Nicolas Sarkozy, et d’être le premier Africain président des jeunes dans toute l’histoire de la politique française. Moi, je trouve que la famille politique la plus sérieuse aujourd’hui sur les projets et sur les sujets, ce sont Les Républicains. En tous les cas, il faut voter pour faire barrage à l’extrême droite et à l’extrême gauche.
On a vu que des joueurs de l’équipe de France de football, dont Kylian Mbappé et Marcus Thuram, partagent cette préoccupation…
Je voudrais d’abord profiter de cette tribune pour rendre hommage aux joueurs de l’Equipe de France, qui ont été courageux. En général, on ne veut pas qu’ils parlent de ces sujets, notamment le capitaine. Ils ont parlé, en disant que nous sommes des citoyens. Et que tout ce qui se passe nous concerne tous. De fait, le plus important aujourd’hui, c’est de se rendre compte que pour mieux vivre économiquement, avoir un meilleur pouvoir d’achat, un meilleur salaire, une meilleure méritocratie, re-croire à l’égalité des chances, ça ne passera jamais par les extrêmes ; ni extrême gauche qui fait du désordre, ni extrême droite qui est, pour moi, plus une histoire de tambour familial. Ce ne sont pas des valeurs auxquelles je crois. Je crois à la méritocratie, à l’égalité des chances, à la droite républicaine (…).
Un mot de sport pour terminer. Passionné de football et grand supporter de l’Equipe de France, comment voyez-vous le destin des Bleus à l’Euro 2024, une compétition qu’ils ont débutée plutôt timidement avec un Kylian Mbappé (blessé au nez) incertain pour la suite des hostilités ?
L’Equipe de France est très costaude sur toutes les lignes. En plus des titulaires (Saliba, N’golo Kanté, Griezman, Mbappé, Théo Hernandez, Demblé), les Bleus ont un vrai banc. On y trouve quand même Kingsley Coman qui a fait une très bonne saison, Bradley Barcolla, Olivier Giroud. L’équipe est complète, le groupe vit bien. Kylian, j’espère qu’il sera là aujourd’hui (le 21 juin, contre les Pays-Bas). Même s’il n’était pas là aujourd’hui, il y a des gens de talent sur le banc qui peuvent le remplacer. Deschamps est un entraîneur de talent, qui a beaucoup gagné en tant que joueur et entraîneur (…) Le seul trophée qui lui manque en tant que sélectionneur, c’est l’Euro. La France est favorite mais attention aux favoris. Elle a la capacité d’arriver au moins dans le dernier carré avec d’autres grosses équipes. Si je devais imaginer un carré final, je dirais : Espagne-France-Allemagne-Angleterre.
Entretien réalisé par Martial Galé
Lemandatexpress.net